Au nom de quoi balaye-t-il la constitution ukrainienne qui indique que des élections ne peuvent se tenir en cas de guerre ? Il est faux de dire que le mandat de Zelenski est arrivé à son terme. Mais donc jusqu’au 23 mai 2025, le président Zelenski, russophone, élu en 2020 à 73% contre le candidat soutenu par les occidentaux, Porochenko, représentait bien son pays ? On ne se rappelle pourtant pas que Mélenchon l’est soutenu quand Zelenski était « légitime » ? La situation n’a pas radicalement changé depuis mai. En quoi le représentant de Poutine qui serait en charge de signer la capitulation aurait plus de légitimité ? Si pour Mélenchon Zelenski n’est pas légitime, visiblement Poutine l’est !
Cyniquement Mélenchon fait référence à la position du peuple ukrainien, mais quand elle s’exprime il n’en tient aucun compte : voir ci-dessous les résultats du référendum tenu au sein de l’URSS en 1991 qui montrent que, Donbass et Crimée inclus, tous les oblasts ont voté pour l’indépendance.
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Depuis le 24 février 2022 cette volonté d’indépendance a encore été confortée par la lutte solitaire des ukrainiens les premiers jours de l’invasion quand les dirigeants occidentaux s’attendaient, comme Poutine, à l’effondrement de l’Ukraine en 3 jours et se contentaient de proposer à Zelenski de s’enfuir. « J’ai besoin d’armes pas d’un taxi » répondait-il courageusement. Depuis cette volonté d’indépendance et de respect de l’intégralité de l’Ukraine se manifeste tous les jours par la résilience du peuple ukrainien depuis plus de 3 ans de guerre et malgré les tergiversations des occidentaux. Toutes les organisations de travailleurs ukrainiens, en dépit de leurs critiques du pouvoir, soutiennent la résistance à l’invasion.
Zelenski est le De gaulle ukrainien : représentant de la résistance à l’invasion et en même temps défendant des intérêts particuliers des oligarques ukrainiens. Comme De gaulle représentant de la résistance à l’envahisseur nazi mais en représentant de l’impérialisme français faisant bombarder Sétif le 8 mai 1945 (les 4 ministres communistes membres du gouvernement ne démissionnent pas !). Il est honteux que la gauche française n’ai pris aucune initiative majeure de soutien à l’égard des travailleurs ukrainiens en lutte contre la guerre d’invasion. Mélenchon en tant que leader principal de cette gauche en est le responsable.
Après des phrases générales prétendant qu’il a été pratiquement le seul à dénoncer l’agression de Poutine, Mélenchon déroule point par point sa propagande : « Poutine a été obligé d’attaquer car l’OTAN allait le faire ». Argument même pas acceptable en cour d’école. « Si l’Ukraine faisait partie de l’OTAN ce serait une menace contre la sécurité de la Russie ». Sans compter que tous les dirigeants occidentaux ont , malgré son souhait, récusé d’intégrer l’Ukraine à l’OTAN, la guerre de Poutine a accru de 1340 kms les frontières entre la Russie et l’OTAN, avec l’intégration de la Finlande et de la Suède à cette dernière. Cette frontière n’était « que » de 1215 kms auparavant.
Mélenchon hors de la gauche
Afin de sembler maintenir la balance entre l’agresseur et sa victime, ce qui n’est déjà pas glorieux, Mélenchon indique : « on dirait la même chose à Mr Poutine mais nous avons moins de moyens de pression sur lui ». Autrement dit on s’écrase devant l’agresseur parce qu’il est fort et on fait pression sur la victime parce qu’elle est faible ? Il faut être réaliste dit-il ! Tout aussi faussement et cyniquement il ose invoquer le Vietnam. Vietnam qui est l’exemple de la guerre victorieuse d’indépendance du petit contre le puissant impérialisme américain, entre autres là aussi pour refuser la partition du pays entre le sud et le nord. La gauche a-t-elle exigé à l’époque un cessez le feu à tout prix et la cession de territoires de la part des vietnamiens ? Mélenchon s’écarte de la position du mouvement communiste international et des positions de la gauche internationaliste. Ce n’est pas par hasard que dans son discours du 22 février 2022 pour justifier son agression Poutine s’en est pris principalement à Lénine pour « avoir créé l’Ukraine ». C’est faux bien sûr, mais il est vrai que Lénine reconnaissait le fait ukrainien, et dénonçait la Grande Russie comme « la prison des peuples ». Cette Grande Russie voulue expressément de nouveau par Poutine. Mais pour Mélenchon, raciste à l’envers, seul un peuple coloré peut être colonisé. Le peuple ukrainien blanc ne peut pas l’être.
En 1945 l’Ukraine en tant que pays indépendant est l’un des 51 pays fondateurs de l’ONU[1]. Que ses frontières soient mises en cause au mépris de tous les traités internationaux est approuvé par Mélenchon. La négation par Mélenchon des faits, de la réalité, ne peut que rappeler « les faits alternatifs » de D. Trump dont il finit, avec l’extrême droite, de partager les positions à l’égard de la guerre de Poutine. Quelqu’un peut-il distinguer les positions de Mélenchon, de l’extrême droite et de Trump à propos de l’agression de Poutine contre l’Ukraine ? Cette négation de la réalité, concernant un événement aussi considérable que la guerre d’agression de Poutine en Europe, disqualifie Mélenchon comme leader de la gauche.
Il ne s’agit pas de vouloir que l’Ukraine mène sa guerre de résistance au-delà du possible, mais de constater que son peuple, travailleurs inclus, mène la résistance et de le soutenir dans cet effort où son combat est aussi le nôtre. Si l’Ukraine épuisée décidait sous la contrainte d’accepter une paix inique nous le respecterions aussi. Tenons compte avant tout de ce que le peuple ukrainien veut et fait. Aujourd’hui il combat et son combat est juste. Il nous faut le soutenir.
[1] Et fait la même erreur que la Russie en votant pour complaire aux États-Unis, la création de l’état colonial d’Israël.