- L’Ukraine est pratiquement absente des interventions centrales. Seule une intervenante polonaise aborde le sujet dans un des débats spécifiques. 1million de victimes du seul côté russe, dont sans doute 200 à 300 000 tués, en addition plus de la moitié du coté ukrainien, une guerre meurtrière de plus de 3 ans en Europe, plus de 1500 victimes par jour et le sujet n’affleure pas dans les tours d’horizon de la situation ? Cette absence est d’autant plus significative qu’il s’agit d’organisations, PS, écologistes, Générations, l’Après etc. qui ont clairement dénoncé l’invasion de Poutine. Elle est le reflet que nos dirigeants de gauche n’intègrent pas encore la réalité du monde, qu’ils tiennent un discours « à côté» de cette réalité. À moins que ce ne soit une concession inconsciente faite à LFI pour qui la guerre d’Ukraine n’existe pratiquement pas. « On ne peut pas parler de tout » disent-ils, interpellés sur le sujet. Ce qui au final donne la même position que Trump : à distance de Poutine et de Zelenski.
- Les municipales également sont absentes des interventions centrales. Étonnant et significatif également de la part d’organisations qui ne pensent qu’en élections électorales successives, qui pourfendent « l’homme providentiel», la « présidentialisation excessive », la nécessité d’une 6ème république etc. mais qui focalisent tout sur les élections présidentielles et l’obligation de l’unité pour que le candidat de gauche soit au moins au second tour en 2027. Ce festival se situait d’ailleurs dans le droit fil de la réunion de Bagneux du 2 juillet qui actait de la volonté d’une candidature unique de gauche pour 2027. Seules des interpellations de la salle rappellent qu’avant 2027 il y a les municipales de 2026. Or Nevers, où une liste unique de la gauche est constituée pour 2026, exemple issu de la salle, n’est pas particulièrement l’exemple d’unité à suivre comme le propose Clémentine Autain puisqu’apparemment LFI y est absent. Or si on veut l’unité, il faudra la constituer aussi avec LFI, et déjà à l’occasion des municipales. Là encore nos dirigeants tiennent un discours un peu « à côté », ne se confrontent pas à la réalité, qu’heureusement la salle leur rappelle.
Le Rôle des dirigeants de gauche :
Bien sur d’autres sujets ne sont pas abordés comme la dette incontrôlée, sur laquelle repose le consensus social maintenu dans les pays occidentaux, ou encore l’immigration, abordée dans une discussion spécifique, mais qui n’affleure pas non plus dans les discours de synthèses. Immigration pourtant cible première de l’offensive réactionnaire partout dans le monde, immigration qui constitue une fraction importante des travailleurs en France. Il est vrai que cette gauche, qui ne pense que par élections successives, ne s’adresse qu’aux citoyens, ceux qui votent, et non aux travailleurs dont 10% en France n’ont pas le droit de vote[1]. Olivier Faure conclue son intervention par « Vive la France ».
Johanna Rolland, maire de Nantes et N°2 du PS, qui fait partie de ces gens qui pensent avoir le monopole de « ce qu’est la vraie vie », répète à un auditoire de militants que la « vraie vie est difficile » pour les gens, tenant un discours, au mieux de syndicaliste. À l’exception peut-être de Benoit Hamon qui rappelle 4 enjeux essentiels : la crise écologique, l’enjeu démographique, les conséquences de la nouvelle révolution industrielle que constitue l’IA, l’émergence des pays du Sud, ces dirigeants ne font pas très bien leur boulot qui devraient être d’éclairer les travailleurs sur les tenants et aboutissants de la situation.
Cependant dans l’indigence des débats politiques pourtant indispensables pour constituer une gauche alternative solide, unie, saluons le fait que ce festival des idées ait pu se tenir … ne serait-ce que pour repérer certaines lacunes dans les positions actuelles.
[1] Voir l’évaluation dans Jacques Lancier, Étrangers, immigrés bienvenue, vous aussi êtes ici chez vous ! l’Harmattan, 2023.