les puissants se sentent obligés de compenser la pauvreté qu’engendre le système qu’ils défendent. Il leur faut compenser le fait que la richesse des 1% s’accroit continument parce que la part des profits augmente au détriment des salaires.
Choisir les primes ou les dégrèvements des cotisations de prestations sociales, plutôt que l’augmentation des salaires permet de masquer l’essentiel : l’exploitation des salariés. Cela a l’avantage pour les dominants de faire croire que leur richesse vient d’ailleurs que de l’exploitation. Cela leur permet aussi d’instiller l’idée que les classes populaires sont assistées, qu’une bonne fraction d’entre elles sont « inutiles » comme l’écrivent des idéologues comme Christophe Guilluy ou Yuval Noah Harari. Outre le fait de tenter de délégitimer leur lutte, de leur « casser le moral », cela permet de fractionner les classes populaires. C’est ce que tente encore le directeur du « think tank » Terra Nova, Thierry Pech dans une récente tribune du Monde (8/11/2021). Politique de division qui s’ajoute à d’autres, comme celle qui consiste à considérer les immigrés comme extérieurs aux classes populaires dont ils sont pourtant une composante essentielle. Ce qui permet ensuite à l’extrême droite de tenter d’opposer les intérêts des classes populaires à celle des immigrés !
Ces primes et autres dégrèvements sont financés par le budget public, donc par les impôts. La TVA qui touche tout le monde, mais en priorité les classes populaires obligées de consommer tout leur revenu, et les impôts directs payés essentiellement par les classes moyennes - 29% de la population active - et la fraction supérieure des classes populaires. A peine 50% des actifs en France payent l’impôt direct. Les 1% les plus riches comme on sait y échappent presque totalement. Il s’agit ici d’opposer les classes moyennes « pressurées » aux classes populaires « assistées ». Les 1% tentent de diviser les 99%.
Compenser la pauvreté par des primes pompées sur le budget public se fait évidemment au détriment des investissements dans les infrastructures, les hôpitaux, les écoles, la justice etc… Cela se fait au détriment de tous. Au final ayant pour rôle essentiel de masquer l’exploitation, ces primes sont essentiellement des primes à l’exploitation et à son maintien. Elles participent à l’immense transfert des richesses communes vers des intérêts privés. Elles se font au profit des 1% et au détriment des classes populaires (70%) comme des classes moyennes (29%).