Nous avons donc : 1/4 d’abstentionnistes. Des études indiqueraient qu’ils seraient au 2/3 plutôt à gauche. 1/4 pour Macron et Pécresse les représentants du capitalisme mondialisé. 1/4 Le Pen, Zemmour, Dupont Aignan, les représentants du capitalisme national. 1/4 La gauche : Mélenchon, Poutou, Artaud 17,5% plus 6,5% Jadot, Roussel, Hidalgo, la gauche qui vote Macron.
Le bon score de Jean Luc Mélenchon est donc relatif. Même s’il avait atteint le second tour, la droite est largement majoritaire en y incluant le vote Lassalle. Donc pas de regrets excessifs à avoir sur la possibilité d’une victoire de la gauche, surtout en l’absence d’un mouvement social. Par contre le bon résultat de Mélenchon, acquis en particulier auprès des jeunes est intéressant pour l’avenir.
Le 2ème tour : Nous nous retrouvons une nouvelle fois devant un choix Macron / Le Pen. Le Front Républicain contre le Front anti Macron. Positionner le candidat des riches, le représentant du capitalisme mondialisé comme barrage au danger populiste, voir fasciste, est de nouveau en place. La manœuvre est ancienne : Chirac contre Le Pen en 2002, Macron contre Le Pen en 2017… L’argument marche bien auprès des classes moyennes qui bénéficient en partie des largesses de l’impérialisme français. Jadot, Roussel, Hidalgo, Pécresse appellent à voter Macron. Ces candidats avaient déjà manifesté avec son ministre de l’intérieur. Il n’est pas surprenant que certains appareils politiques de gauche, animés en grande partie de personnes issues des classes moyennes, se rallient ainsi au candidat du capitalisme mondialisé. Cette gauche « bobo » ne ressent pas à quel point la politique de Macron est réactionnaire et néfaste aux classes populaires. Lors de la révolte des gilets jaunes une partie de cette gauche se saisissait déjà du prétexte de deux quenelles pour accabler la révolte populaire. Les classes populaires sont divisées sur le plan électoral. Leur colère s’exprime par l’abstention ainsi qu’à travers les votes pour Mélenchon et pour Le Pen. Macron en entraine aussi une fraction comme De Gaulle autrefois.
Jean Luc Mélenchon, comme en 2017 a indiqué de ne pas voter Le Pen sans appeler à voter Macron. C’est ce que l’un de ses tracts de campagne exprimait : « Macron, Pécresse, Le Pen, ou Zemmour quelles différences ? ». Il a raison.
Pourquoi ne pas voter Macron ? Même avec le prétexte de faire barrage à l’extrême droite, force est de constater que le vote dans ce sens dans le passé n’a pas empêché la progression de l’extrême droite. La question qui se pose est donc plutôt n’est-ce pas au contraire ce vote de « bar rage » qui la propulse ?
S’obliger à choisir entre deux représentants du capital c’est oublier qu’en dernier ressort se sont les puissances économiques et financières qui décident et imposent leurs vues à leur personnel politique. Par exemple si Marine Le Pen "oublie" un peu d'attaquer les immigrés ces derniers temps, si elle change sa position sur l’Euro, sur l’Europe etc. c'est déjà pour s'adapter aux besoins de cette oligarchie impérialiste française qui a besoin des immigrés, comme elle a besoin des rapports internationaux, d’une monnaie commune et de l’Europe. C’est pourquoi à l’orée du pouvoir le discours de l’extrême droite se rapproche du discours des gestionnaires du capital. Macron, dont le programme n’aborde pas la question du pouvoir d’achat, n’a pas eu un mot sur le social lors de son discours de dimanche soir. Soutenu par le Medef il assume son rôle de président des riches. Il est aussi dangereux que Le Pen. Ils sont tous deux les représentants de fractions différentes du capital.
Le discours de l’extrême droite d’aujourd’hui, même celui de Zemmour, est très éloigné de celui des ligues fascistes d'avant-guerre, de ses « morts aux juifs ! » et de leur marche vers la guerre. Qu’il y ait une part de tromperie dans leur discours est secondaire. Le fait que l’extrême droite pour progresser soit obligée de se présenter comme démocrate, laïque, de dénoncer « l’injustice sociale » etc. est positif en soi. « Seule son « ambition démocratique » … a été acclamée par ses militants » rapporte Le Monde à propos du discours de Marine Le Pen dimanche soir.
En fait les choses avancent même à travers les discours de nos adversaires. En faisant du pouvoir d'achat l'axe de son programme, en défendant les services publics, les retraites etc. Marine Le Pen contribue à poser la lutte de classes comme la lutte principale. L’extrême droite progresse. Mais pour ce faire le contenu de son discours change, s’adapte au monde tel qu’il est et, dans une certaine mesure, est obligé d’accompagner la marche en avant silencieuse du communisme : les services publics, la défense des plus exploités (sauf encore les immigrés), la démocratie etc. se doivent de faire partie du programme. C’est pourquoi d’ailleurs cette extrême droite est en butte à des scissions qui, comme celle de Zemmour, dénoncent sa dérive vers le social, l’abandon de la chrétienté etc.
Enfin croire que voter Macron est une solution, empêche d’en concevoir une vraie et freine l’émergence d’une alternative.
Pourquoi plutôt voter blanc ? Une fois clairement écarté un vote pour Macron ou Le Pen le reste est secondaire. Si toutes les implications du vote blanc ne sont pas prises en compte il est faux de dire qu’il n’est pas comptabilisé. Depuis 2014 il est distinct du vote nul, même s’il n’est pas encore intégré au total des votes exprimés. Ainsi le fait qu’en 2017 le vote blanc soit passé de 1,78% au premier tour à 8,52 % (+6,74 %) au second était très significatif du rejet des deux candidats Macron et Le Pen. Les bulletins nuls sont passés de 0,78 % à 3% (+ 2,22 %) mais on peut penser qu’ils comprennent près de 1% de pures erreurs (le pourcentage des votes nuls du premier tour). L’abstention était passée de 22,23% au premier tour à 25,44 (+ 3,21%) au second. Le plus significatif est donc le vote blanc, à la fois quantitativement et qualitativement car l’abstention se confond avec le je m‘enfoutisme, et le vote nul avec les erreurs. En 2017 le total du rejet spécifique de ces deux candidats était de plus de 12 % ce qui était exceptionnel. Faisons mieux cette fois.
Choisir de voter blanc plutôt que l’abstention c’est aussi contribuer à dessiner le projet de communisme démocratique : Même si les élections sont biaisées par l’argent des oligarques français, nous défendons les libertés y compris formelles, telle que le droit de vote. Nous avons appris des révolutions socialistes passées : les libertés formelles font partie des libertés tout court et leur remise en cause est la porte ouverte à une dérive totalitaire. Au contraire nous voulons l’extension de toutes ces libertés à tous et toutes et par exemple le droit de vote pour les 3 millions d’immigrés étrangers (1,5 millions d’immigrés de plus de 18 ans ont eux acquis la nationalité française). Il serait contradictoire dans ces conditions de ne pas l’utiliser.
Pour voter blanc : une enveloppe vide ou un bulletin entièrement blanc.