La menace d’intervention terrestre de l’armée israélienne dans Gaza s’annonce du même genre : une éventuelle victoire militaire qui se transformera en défaite politique. Cela vaut aussi pour le siège de Gaza : Que donnera l’annonce des premiers bébés morts de faim ? pire de soif ? Car là aussi les premières victimes seront les plus faibles.
« Détruire le Hamas » ? les forces israéliennes ont plusieurs fois assassiné les dirigeants des organisations palestiniennes, Hamas compris. Elles sont intervenues dans Gaza en 2008, 2012, 2014 le résultat de ces interventions c’est que le Hamas n’a jamais été aussi fort qu’aujourd’hui. Israël a détruit ou affaibli bien des organisations, en particulier les organisations laïques, FPLP, FDPLP au profit du Hamas. Même si par une vengeance meurtrière contre le peuple de Gaza le Hamas était détruit son remplaçant risque d’être pire !
D’autant plus que le Hamas n’est pas Daech : il a été démocratiquement élu, il accepte à ses côtés d’autres organisations, islamiques comme le Djihad islamique, ou pas comme le FPLP. Il n’impose pas les horreurs de Daech à la population de Gaza. Bien qu’il pratique une politique de la terreur contre la population israélienne qui mène les palestiniens au désastre, il n’est pas hors sol comme l’était Daech.
D’ailleurs qui « on »? Qui a détruit Daech ? Ce sont les FDS[1] animées principalement par les YPG kurdes, à l’aide, comme la résistance ukrainienne, d’armes américaines. Des YPG à l’idéologie sociale, laïque, égalitaire, internationaliste, des communistes du PKK. Idéologie communiste qui leur permettait de prendre en compte les intérêts de tous, comme ceux des Yézidis par exemple. C’est sous la direction de la commandante des FDS Rodja Felat, révolutionnaire féministe du YPG que Raqqa la capitale de Daech est libérée en 2017. L’armée qui a vaincu Daech n’est pas une armée d’occupation comme l’est celle d’Israël. Une armée guidée par une idéologie intégriste religieuse aussi obscurantiste que celle de leurs adversaires islamistes du Hamas. D’ores et déjà on sait, qu’elle qu’en soit l’issue, que les soldats israéliens ne seront pas les héros de la bataille de Gaza si elle a lieu. Une autre victoire à la Pyrrhus comme celle du Hamas s’annonce.
Que peut faire Israël ? Arrêter les bombardements, arrêter le siège , échanger tous les prisonniers politiques, pleurer ses morts, soigner ses blessés et entamer des discussions pour concevoir une solution à un état fédéral, deux états etc. Israël trouvera dans ses propres geôles les interlocuteurs politiques qu’elle prétend ne pas avoir, comme les Marwan Barghouti, ou les dirigeants du FPLP ou du FDPLP. Peu à peu ce qui paraissait impensable il y a peu, apparait au contraire comme la seule issue au conflit : concevoir une solution juste pour les deux populations.
Il ne suffit pas de surplomber le conflit, de réclamer la paix, de prétendre être objectif en « répartissant les torts ». Les communistes sont militants de la cause palestinienne comme étant le peuple opprimé depuis la Nakba, leur expulsion de 1948. Cette cause palestinienne, pour être juste et victorieuse se doit de prendre en compte les 10 millions d’israéliens que l’histoire a installé sur ce territoire, elle doit se débarrasser d’une orientation qui la mène aux échecs, se débarrasser politiquement du Hamas. Bien qu’elle paraisse difficile Le cœur de la ligne communiste : unir les travailleurs quelque soient leurs religion ou leurs nationalité est la seule base réaliste de la solution.
En interdisant les manifestations de soutien à la Palestine, en apportant « un soutien inconditionnel à Israel» Yaël Braun-Pivet présidente de l’Assemblée nationale, en affirmant unilatéralement « Israël a le droit de se défendre », Emmanuel Macron, discours télévisé du 12 Octobre 2023, le pouvoir français fait une nouvelle fois bloc avec les dirigeants des pays riches contre un peuple du Sud, le peuple palestinien. Lui aussi est un obstacle à la paix.
[1] FDS : Forces démocratiques syriennes.
YPG : Unités de protection du peuple, milice kurde syrienne.
PKK : Parti des travailleurs du Kurdistan dont le leader Abdullah Ocälan est en prison en Turquie.