Les médias, qui ont pourtant beaucoup causé des droits de douane imposés par Trump, ont fait peu de cas de cette victoire majeure de la planète contre cette offensive impérialiste. Non seulement Trump a été obligé de revenir sur ses droits de douane, mais le New York Times du 12 juin se demandait s’il n’avait pas été obligé de faire des concessions supplémentaires concernant l’export des technologies avancées. Le besoin des 17 éléments qui constituent les terres rares[1] explose avec le numérique, le médical, l’énergie, l’armement. Ils sont indispensables pour la fabrication de certains aimants, catalyseurs, alliages… Ces terres rares ne sont pas si rares que ça et sont réparties sur toute la planète. Dans les conditions actuelles il y a des réserves pour 500 à 1000 ans. Jusqu’en 1980 la France était un des principaux fournisseurs de terres rares dans une usine de La Rochelle. Mais les terres rares sont réparties avec une concentration faible et variable qui oblige à un travail de collecte, d’extraction et de concassage très lourd, très polluant, générant une grande activité à la fois, de prospection, de concassage, de raffinage, de transport, de dépollution etc. La capacité à produire des terres rares dépend donc de la combinaison entre leur taux de concentration dans le sol, les capacités industrielles, la mobilisation, l’expertise et le cout de la main d’œuvre. Les terres rares ne sont pas un trésor enfoui dans le sol, c’est avant tout du travail. Aujourd’hui la Chine produit 70% des terres rares dans le monde et en raffine 90%. Elle le doit essentiellement aux investissements industriels entrepris, et surtout à la mobilisation et au cout de la main d’œuvre. 38 000 entreprises y participent. La mine de Bayan Obo, la plus grande, emploie à elle seule 6000 ouvriers[2].
En utilisant l’arme des terres rares c’est avant tout le travail de ses ouvriers que les dirigeants chinois brandissent face à D. Trump. L’épisode est emblématique du rapport de force qui existe dans le monde entre les ouvriers qui produisent les richesses, surtout dans les pays du Sud, et les oligarques, surtout en Occident, qui tentent d’accaparer une part toujours croissante de ces richesses. Ce qu’a tenté de faire Trump avec ses tarifs douaniers. Même si c’est à travers une classe bourgeoise dirigeante chinoise c’est bien la force des ouvriers qui s’impose à Trump. Des ouvriers, pas de la classe ouvrière, car ils n’agissent pas encore de façon autonome en tant que classe mobilisée sur ses propres objectifs, le communisme. Mais c’est sans doute parce que cette victoire des ouvriers fait peur aux dominants que leurs médias l’ont passé sous silence.
[1] Voir l’enjeu des terres rares dans cet intéressant article : https://www.vie-publique.fr/parole-dexpert/289457-terres-rares-quels-enjeux-pour-la-france-et-leurope
[2] En Chine, comme en France et dans le monde en général, l’importance de la classe ouvrière fait peur et les chiffres globaux sont très difficiles à collecter. Voir : Jacques Lancier, L’irruption des prolétaires, Éditions Manifeste ! 2022.