Alors même que le président de la république est le principal décideur dans ce domaine, alors que la situation internationale se tend, que ce soit autour de l’Ukraine ou de la tentative d’enlever à la Chine des parties de son territoire, que la France est engagée dans des guerres en Afrique, et qu’elle est un des principaux vendeurs d’armes dans le monde. Rien non plus sur les réfugiés et les immigrés qui sont justement ce trait d’union avec le monde et alors même que droite et extrême droite font de la lutte contre eux l’axe essentiel de leur offensive politique dans cette présidentielle.
On comprend la volonté d’unité à gauche . Mais on n’est pas de gauche ou de droite, par essence, et pour toujours. C’est le positionnement vis-à-vis des événements réels qui le détermine. Ainsi paradoxalement lors de la 2ème guerre mondiale les internationalistes communistes ont été en première ligne dans la lutte nationale de libération, alors que les nationalistes d’avant-guerre, Maurras, Pétain etc. collaboraient avec l’envahisseur. De même dans les temps troublés qui s’annoncent nous seront surpris et les positionnements politiques décisifs ne se feront sans doute pas en fonction des étiquettes officielles « gauche » ou « droite ».
La primaire populaire propose un « socle commun » qui met de côté la nécessité d’admettre qu’il faudra un rattrapage des conditions de vie des travailleurs du Sud, qui met de côté la nécessité d’être solidaire des réfugiés et des immigrés, qui ne dénonce pas les guerres et les ventes d’armes de la France. Cela permet par exemple à Hidalgo ou Jadot, pour citer deux des « nominés », de ne pas dénoncer la présence de la France dans l’Otan ou en Afrique, de ne pas remettre en cause les contrats d’armements, de se porter en première ligne dans l’offensive américaine contre des pays du sud par les blocus iniques du Venezuela, de Cuba, de l’Iran et de la Corée du Nord, par les menaces directes de guerre contre la Chine. L’illusion « d’unité de la gauche », constituée à côté de la réalité du monde se briserait au premier événement. C’est essentiellement pour cette raison que l’initiative, à priori louable, d’unité de la primaire populaire est critiquable. Bien au-delà des petites combines qui font que Roussel ou Poutou ne soient pas nominés ou que le réel but de cette initiative soit de promouvoir Taubira. Le soit disant « socle commun » passe à côté de l’essentiel.