Les crimes perpétrés par l’état israélien, les dizaines de milliers de morts, la famine annoncée par Yoav Gallant ministre israélien de la défense le 9 octobre 2023 : « Nous combattons des animaux et nous les traiterons comme tel. Plus d’électricité, plus de nourriture, plus d’eau, plus de gaz », famine organisée et mise en œuvre systématiquement depuis, le millier de personnes tuées à l’aide du piège de la soi-disant aide humanitaire, tous ces crimes ont leur logique, bien exprimée par l’extrême droite au pouvoir en Israël. Au nom de quoi condamner les exactions terroristes des colons en Cisjordanie aujourd’hui, après avoir approuvé en 1948 leurs exactions et les actes terroristes de la Haganah et de l’Irgoun prédécesseurs de Tsahal, l’armée israélienne ? Au nom de quoi condamner le projet d’expulsion de tous les palestiniens de Gaza et l’annexion de la Cisjordanie et du Golan après avoir approuvé la Nakba de 1948 ? La création de l’état colonial d’Israël a sa logique. Le vote de l’ONU créant l’état d’Israël en 1948 a été un coup de force américain pour acheter des voix : pour la France c’était voter oui ou pas de plan Marshall. La Grande Bretagne s’est abstenue cependant. On prétendait faire oublier l’ignominie de la shoah par les européens, par l’ignominie de l’expulsion des arabes de Palestine.
Le projet colonial israélien qui prétend pourtant s’appuyer sur l’histoire a besoin d’être amnésique. Oublier les conditions de la création de l’état d’Israël en 1948. Faire croire que l’histoire récente commence le 7 octobre 2023 avec les 1200 tués, la centaine d’otages israéliens, et oublier les 5000 Palestiniens tués dans les 5 ans précédents, ainsi que les 5000 Palestiniens otages d’Israël le 7 octobre.
DEUX ÉTATS ?
La solution à deux états, préconisée par beaucoup de gens, y compris à gauche c’est entériner les conquêtes coloniales de 1948. C’est aller à l’encontre de la charte des nations unies, « du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ». Certes l’histoire coloniale laisse derrière elle aujourd’hui un peuple de 7 millions de juifs israéliens en terre arabe. Si le peuple palestinien en juge ainsi, une solution à deux états peut être envisagé, mais ce n’est qu’une des solutions possibles. Il y en a d’autres : un seul état multinational, ou encore un état palestinien avec rapatriement des juifs israéliens dans leurs états d’origine ou de leur choix comme il en a été pour les colons français en Algérie… Vouloir imposer une solution à deux états c’est encore du colonialisme, c’est consolider les acquis coloniaux. L’extrême droite israélienne est plus cohérente. Dans le droit fil de 1948 elle annonce déjà les futurs développements l’annexion de Gaza et de la Cisjordanie: l’expulsion ou le génocide du peuple palestinien.
La position de la gauche devrait être de soutenir la résistance palestinienne, de la laisser seule juge des solutions à mettre en place, et non de s’immiscer ou d’approuver tel ou tel compromis post colonial.
La gauche fait la même erreur à propos de l’Ukraine : au lieu de soutenir la résistance ukrainienne, elle propose la paix et un compromis avec l’agresseur, en lui cédant le Donbass et la Crimée, là encore au mépris du « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes », et du vote de la Crimée et du Donbass en 1991 pour l’indépendance ukrainienne, reconfirmée par la mobilisation de toute la société ukrainienne[1]. Au lieu de faire de la grande « géopolitique » abstraite, soutenons les résistances des peuples dans leurs luttes à disposer d’eux-mêmes.
[1] Anna Colin Lebedev sur l’aspect « guerre du peuple » de la société ukrainienne : Ukraine, la force des faibles, Éditions du SeuilLibbelle, 2025, 3 € en numérique.