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Poète, écrivain, maître d'oeuvre de la revue IntranQu'îllités (une boîte noire des imaginaires)

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Billet de blog 30 août 2012

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Rome, Femme-fontaine

Je me suis promis, il y a trois mois, d’entamer mon carnet de bord sur Rome, ville où je suis en résidence d’écriture, plus précisément à la villa Médicis. Par pudeur ou par simple décalage intérieur, je repousse à chaque fois cette échéance, en me donnant de fausses excuses. Mine de rien (c’est peut-être une autre excuse), il faut du temps, de l’amour, voire de la mort parfois pour pouvoir entrer en relation avec une ville, y faire tremblant  atterrissage dans la confusion de son asphalte et de sa poussière.Pour un corps de voyageur, tout atterrissage se veut tremblant. Forcé ou pas. Ça exige de l’humilité, du temps et mille préliminaires pour pénétrer une ville en profondeur. Surtout quand cette ville s’appelle Rome, avec ses bruits et ses fureurs. Avec ses saints et ses voleurs. Et tant d’autres clichés de carte postale qui fixent un déclic bien antique dans la tête du touriste. Sans courte honte, j’avoue que je ne connais pas encore Rome. Mon atterrissage continue. En cerveau lent. Je pense à ma lenteur d’entrer dans Rome. Mais, un jour ou une nuit, j’y arriverai et j’irai par toutes les rues trainer mon grand éclat de rire. Toutes les cloches de la ville en sortiront sonnées!Je ne connais pas encore cette ville, néanmoins dans  mon roman en chantier, un des personnages m’a comme donné un coup de Rome. Maintenant, avec son accord, je soumets ces mots sur le blog, histoire de mettre en route mon instable et instinctif carnet de voyage. Ah ce carnet, mon petit bateau-papier!Place au texte: Rome, femme-fontaine Rome est une femme-fontaine. Une belle femme-fontaine qui ne se fait pas prier pour être bue. Rares  sont les villes chaudes qui procèdent à s’offrir de cette manière. Rares sont les villes chaudes en robe d’été, à s’offrir en toute transparence, dans une grande explosion de jets d’eau et de fontaines. En plein mois d’août, Rome sous son air de Sainte est pétillante, appétissante et

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Je me suis promis, il y a trois mois, d’entamer mon carnet de bord sur Rome, ville où je suis en résidence d’écriture, plus précisément à la villa Médicis. Par pudeur ou par simple décalage intérieur, je repousse à chaque fois cette échéance, en me donnant de fausses excuses. Mine de rien (c’est peut-être une autre excuse), il faut du temps, de l’amour, voire de la mort parfois pour pouvoir entrer en relation avec une ville, y faire tremblant  atterrissage dans la confusion de son asphalte et de sa poussière.

Pour un corps de voyageur, tout atterrissage se veut tremblant. Forcé ou pas. Ça exige de l’humilité, du temps et mille préliminaires pour pénétrer une ville en profondeur. Surtout quand cette ville s’appelle Rome, avec ses bruits et ses fureurs. Avec ses saints et ses voleurs. Et tant d’autres clichés de carte postale qui fixent un déclic bien antique dans la tête du touriste.

 Sans courte honte, j’avoue que je ne connais pas encore Rome. Mon atterrissage continue. En cerveau lent. Je pense à ma lenteur d’entrer dans Rome. Mais, un jour ou une nuit, j’y arriverai et j’irai par toutes les rues trainer mon grand éclat de rire. Toutes les cloches de la ville en sortiront sonnées!

Je ne connais pas encore cette ville, néanmoins dans  mon roman en chantier, un des personnages m’a comme donné un coup de Rome. Maintenant, avec son accord, je soumets ces mots sur le blog, histoire de mettre en route mon instable et instinctif carnet de voyage. Ah ce carnet, mon petit bateau-papier!

Place au texte:

Rome, femme-fontaine 

Rome est une femme-fontaine. Une belle femme-fontaine qui ne se fait pas prier pour être bue. Rares  sont les villes chaudes qui procèdent à s’offrir de cette manière. Rares sont les villes chaudes en robe d’été, à s’offrir en toute transparence, dans une grande explosion de jets d’eau et de fontaines. En plein mois d’août, Rome sous son air de Sainte est pétillante, appétissante et ruisselante. Sous son air de sainte, Rome n’est pas une ville si catholique. Pour se libérer ainsi, en jet d’eau, malgré le poids de l’église, pour pouvoir lâcher des reins, comme ca, en folle manivelle, faut, putain, avoir déjà fait toutes les guerres! Ca demande au départ une bonne dose, voire une overdose de libertinages pour atteindre la Liberté. Sous la robe de Rome, vous voyez rouge, vous ne comprenez goutte, vous, homme de peu de foi.

 Rome est une femme libérée. Une forme d’orgasme en continu. C’est une ville qui donne faim. On peut machinalement y rendre l’âme, à cause des fumets qui sortent par la fenêtre brûlée des cuisines. Une odeur de sauce aux truffes, de petits pois attendris sous les feux doux. Toute cette tentation indifférente constitue un attentat, rien que pour vous bouffer la vie entière, sans aucune forme de procès.  Mais heureusement, grâce aux fontaines, on ne meurt pas, grâce aux jets d’eau, on ne meurt pas de soif à Rome.

 À moins que vous, homme de peu de foi, à moins que vous ayez déjà juré au cours de votre troublante existence : « Fontaine, fontaine, je ne boirai pas de ton eau ! Alors, si c’est le cas, ne comptez pas sur l’eau, ne comptez même pas sur l’eau bénite du Vatican  pour vous sauver. Vous n’avez pas fait confiance à madame Fontaine, vous allez payer cela de votre peau. Vous allez finir vos jours dans la poussière. C’est ainsi chez les romains. Ciao, mon ami des grands vents et homme pourtant, de peu de foi.

extrait d'un roman en chantier.

James Noel

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