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Billet de blog 29 août 2010

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De l'érosion progressive de nos institutions

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Gilles Deleuze, dans son plan de résurrection du philosophe Hume écrit :

"La tyrannie est un régime où il y a beaucoup de lois et peu d'institutions, la démocratie est un régime où il y a beaucoup d'institutions, très peu de lois."

C'est dans l'introduction du recueil Instincts et Institutions (que je n'ai pas lu). Cette citation est reprise dans la biographie croisée de Gilles Deleuze et Félix Guatarri produite par François Dosse aux éditions La découverte (passionnant).

Il ne me paraît pas un instant possible de ne pas affirmer que cet axiome est très d'actualité. En effet, le pouvoir en place n'a de cesse depuis plusieurs décennies que de saper les fondements même de la République, les Institutions républicaines dont le peuple français s'est doté et, au premier chef, sa Constitution elle-même. Pourtant, il est à mon sens vain de pointer un doigt accusateur sur le gouvernement Sarkosy et plus singulièrement sur ce dernier, même si l'objectif de se débarrasser des deux est une urgence. Faire cela comme c'est trop le cas en ce moment, y compris sur Médiapart, c'est se fourrer le doigt dans l'oeil jusqu'au coude. Je dirais même que cela s'apparente à une manière d'évitement névrotique. Cela a déjà été pointé par d'autres internautes mais je crois plutôt utile de le rappeler : ne fuyons pas nos propres responsabilités dans ce désastre qui s'accentue à l'heure actuelle.

Non, cela n'a pas commencé avec Sarkosy !

Non, cela peut tout à fait ne pas prendre fin en 2012 avec l'élection d'un président de gauche !

Ce qui est en question ce n'est pas les Présidents et leurs gouvernements mais la capacité du peuple français à vouloir plus d'institutions contre moins de lois. Ce qui porte ce pouvoir, adossé au pouvoir de l'argent il est vrai, c'est en grande partie le désir des électeurs de voir éditées des lois qui préservent leur tranquillité d'esprit et la jouissance paisible de leurs biens matériels. La propriété individuelle est sacrée, l'ordre, que l'on qualifie à tort de républicain est le seul bien commun que désire la majorité des électeurs. D'où cette propension envahissante du pouvoir à légiférer sur la sécurité tous azimut. Rajoutons à cela qu'il devient impossible d'envisager qu'il n'y ait pas de coupables à mon accident cardio-vasculaire ou de la voie publique. Le risque zéro surgit lui aussi tous azimut, en axiome auquel doit se plier la nation toute entière.

Criminalisation de la vie quotidienne. Penser en rond autour d'un point nodal de la pensée proche de zéro devient une des conditions de la survie individuelle et de celle du Kapital bien entendu. Affadir l'espace public, le transformer en paysage lénifiant, devant lequel s'endormir même de rire dans les espaces sans boulot voilà la tâche à laquelle est convié une institution républicaine de premier plan, la Radio-Télévision Française. Et de voir des agitateurs mis au placard, pas forcément pour ce qu'ils disent mais pour ce qu'ils sont, des hommes à la pensée libre, agile, des créateurs au service d'une institution de la République, au service de tous les français et qui ne sont pas inféodés au pouvoir.

Ce que je crois c'est que, progressivement, depuis des décennies, se produit une érosion, très accélérée ces derniers temps, de la capacité de la Nation française et des français de créer de l'institution et de préserver ce qui existe déjà. L'appel à la création d'une nouvelle constitution, la VIème République, repose sur une analyse pertinente de la situation du pays, la preuve en est la pénible affirmation que nous en délivre le gouvernement en place. Pourtant, ce besoin urgent, ne semble pas relayé par nos contemporains. Remarquez, il se peut que je n'interprète pas correctement les mouvements sociaux en cours, je n'en ai pas la formation, mais le contrepoids face à la tyrannie ma semble avoir bien du mal à se constituer.

Lutter contre ce dépérissement des institutions et en créer de nouvelles, n'est-ce pas ainsi que nous pourrons contrarier la tendance tyrannique qui s'exprime dans ses attributs violemment technocratiques, bureaucratiques et sécuritaires. Ensuite, il me faudrait définir ici ce qu'est une institution au sens où je l'entend mais je n'en suis pas capable je pense. Je n'ai pas la formation pour vous proposer cela mais ce que je peux dire c'est que ce mot doit selon moi recouvrir ou contenir ce que l'on entend appeler de plus en plus Le bien vivre ensemble. On sent bien ce que cela signifierait en ces temps sinistres où l'on renvoie à la grande misère d'un pays qui ne veut pas d'eux les membres de notre société parmi les plus fragiles, les Roms. L'institution d'un bien vivre ensemble, voilà au moins ce que je peux proposer et rêver à mon tour, en souhaitant que, de gauche ou de droite, mes concitoyens de toutes origines, de toutes obédiences et de toutes croyances, en fassent leur horizon.

Merci d'avoir lu ce billet jusqu'au bout.

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