La surmédiatisation ainsi que les angles adoptés pour traiter de l’accident de M. Pierre Palmade interrogent. Tout se passe comme si l’Accident, appelons le ainsi, constituait à lui seul la quintessence, le modèle parfait des accidents liés à l’usage de stupéfiants occultant du coup tous les autres accidents mortels survenus dans des conditions devenues elles, presque acceptables…
Le monstre ici a été crée, car il s’agit bien d’un monstre pour le commun des automobilistes dont certains vont même jusqu’à réclamer dans leurs commentaires …la réouverture du bagne pour le… soigner…(*)
Je me suis demandé quelles fonctions pouvaient remplir un tel déchaînement de hargne alors qu’une conductrice d’autocar scolaire sous anxiolytiques franchissant les barrières fermées d’un passage à niveau et déclenchant un accident encore plus grave avait fait l’objet elle, semble -t-il de plus de mansuétude. Certes, on invoquera la récidive de l’auteur et ce à juste titre mais les explications sont peut-être à chercher plus du côté de son profil. Impossible en effet pour la plupart d’entre nous de s’y identifier. Pendant longtemps, le terme de « chauffard » a émaillé les comptes-rendus journalistiques. Le mot conducteur/ice disparaissait remplacé par une voiture devenue « folle » quand elle quittait la route ou fauchait des cyclistes comme si d’un seul coup la responsabilité unique du véhicule lui échoyait, le conducteur devenant alors spectateur de ce qu’il avait pourtant mis en scène. Idem pour les conditions climatiques permettant d’expliquer par une mono causalité bienvenue la survenue presque inéluctable d’accidents mortels : « le brouillard a tué » et excluant du coup les facteurs humains qui le plus souvent leur sont associés : vitesse inappropriée au regard de la distance de visibilité, distances de sécurité insuffisantes etc.
L’accident de M. Palmade permet de mettre de la distance entre les réalités quotidiennes des accidents mortels survenant non à des artistes très connus mais à des messieurs et madame tout le monde, la plupart du temps sur des trajets parfaitement connus (trop sans doute) alors qu’ils sont à jeun mais préoccupés, fatigués, en dette de sommeil parfois et qu’ils sont comme tout à chacun tentés de répondre à ce foutu appel téléphonique ou sms mystérieux qu’ils viennent de recevoir.
Aux dernières nouvelles justement l’artiste aurait souhaité lire un sms qu’il venait de recevoir et déporté son véhicule sur la gauche . Si tel est le cas, l’usage en quantité de substances n’expliquerait pas elle seule la survenue d’un tel accident et le rendrait du coup, beaucoup plus banal. Tellement banal qu’il y aurait lieu alors de ne plus l’évoquer car trop proche de notre quotidien…
(*) commentaire d'un lecteur de 20 minutes.