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Billet de blog 16 novembre 2017

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Cedric Villani, le Nobel et le laquais

Invité de la matinale de France Culture le 15/11 Cédric Villani c'est brusquement trouvé dans une situation inconfortable qui a révélé un aspect moins reluisant de sa personnalité.

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Le mercredi 15 novembre, Cédric Villani, titulaire de la Médaille Fields, était invité sur France Culture par Guillaume Erner pour parler enseignement des Mathématiques (à écouter ici). Rappelons que la médaille Fields est considérée comme le Nobel de Mathématiques, les mathématiciens ayant eu, contrairement aux économistes, la décence de ne pas inventer un pseudo-prix non voulu par Nobel et qui entretienne une déplorable confusion.

La première partie de l'entretien fut classique avec quelques idées intéressantes émergeant de banalités assez convenues, mais aussi de grosses bourdes comme celle concernant la maîtrise du calcul mental que Villani considérait comme secondaire compte tenu des outils à notre disposition ; comme si dans une société ou tout est ramené au nombre, le fait d'avoir besoin de sa calculatrice pour effectuer la moindre opération simple n'était pas un lourd handicap...

Après le journal de 8h, deuxième partie de l'entretien qui démarre sur une demande de réaction à l'une des information du jour sur la garde à vue de deux journalistes enquêtant sur les migrants à la frontière italienne et qui ont été traités par la police comme de vulgaires passeurs pour avoir aidé des mineurs transis de froids rencontrés par hasard lors de leur reportage. Bref l'exemple typique de la bavure qui a valu au gouvernement une demande officielle d'excuses du journal suisse Le Temps pour lequel travaillait l'un des journalistes. On aurait pu penser que Cédric Villani, personnage connu, à la carrière faite, de plus élu (quoi qu'il arrive et qu'il dise ou fasse) pour cinq ans, aurait, malgré son appartenance à la majorité au pouvoir, manifesté un minimum d'indignation devant un cas aussi flagrant d'inacceptable attitude policière.

C'eut été mal connaître la nature humaine. Car on vit soudain notre Nobel se transformer en laquais, tentant, toute dignité ravalée, d'abord de détourner la question puis de justifier l'injustifiable en demandant en substance que l'on soit indulgent avec celui qui ne faisait qu'appliquer des ordres qui ne lui plaisaient peut-être pas tant que ça. Ceci sans remettre bien sûr en cause ceux dont ces ordres pouvaient provenir. Ce n'était d'ailleurs pas, dans sa bouche, des ordres que le policier appliquait mais un simple règlement (évidemment beaucoup plus impersonnel), règlement qu'il souhaitait seulement voir appliquer avec un peu plus de nuance (notons que les mineurs ont ensuite été comme d'habitude reconduits à la frontière en violation de toute légalité...). Nous avions déjà là un joli petit monument de jésuitisme.

Mais le coup de grâce fut donné par le chroniqueur Frédéric Says l'interrogeant alors sur l'opportunité d'une plainte déposée par un(e) ministre à la suite de fuites dans la presse. La voix de moins en moins assurée de Cédric Villani se fit alors chevrotante devant l'épaisseur de la couleuvre à avaler pour continuer à défendre contre l'évidence les membres du gouvernement qu'il soutient, même dans leurs pires dérives. Et ce fut un pitoyable moment que d'entendre cet homme que l'on voudrait pouvoir présenter comme modèle, sombrer dans une telle servilité à l'égard de ceux qu'il considère visiblement comme ses maîtres.

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