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Billet de blog 30 novembre 2017

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Évacuation des migrants de Libye: la politique de la honte

Après l'idée de «hotspots» sous le contrôle de la Libye (!), la dernière proposition de Macron concernant les migrants qui s'y trouvent conjugue cynisme et malhonnêteté en surfant sur l'émotion déclenchée par le reportage de CNN.

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Tout le monde semble se féliciter de la politique mise en place à la demande de Macron sur le problème des migrants en Libye. En quoi consiste-t-elle? Renvoyer (s'ils le souhaitent!) les réfugiés qui s'y trouvent, dans leur pays d'origine. Pour ensuite, dit-il, étudier s'ils sont "éligibles" au statut de demandeurs d'asile. Qui pourra croire pareille blague? Si un migrant est éligible à ce statut, c'est qu'il est en danger chez lui. Et c'est là qu'on veut le renvoyer? C'est là qu'il pourra déposer une demande d'asile, quand on connaît de plus l'empressement des consulats à traiter ce genre de demande?

D'autre part, qui peut imaginer que les migrants se lancent dans un tel voyage sans en connaître les risques (racket quasi systématique, risque d'être tué pour un oui ou pour un non, danger de la traversée de la Méditerranée) ? S'ils prennent tous ces risques, c'est que l'espoir de pouvoir quitter leur pays est plus fort que tous les dangers courus. Dès lors, la proposition de Macron est d'une particulière malhonnêteté. Elle consiste à dire aux migrants : soit vous acceptez de retournez chez vous, soit vous prenez la responsabilité de ce qui vous arrive (c'est à dire en clair : ne vous plaignez pas si vous vous retrouvez sur un marché aux esclaves), sachant parfaitement la première option ne sera pas acceptée pour la raison citée plus haut. Elle réussit donc à donner l'impression qu'il se préoccupe du sort des migrants sans rien changer à sa ligne sur la question : en renvoyer le maximum chez eux peu importe dans quelles conditions.

Et bien sûr, la communauté internationale se précipite avec le même cynisme sur l'occasion, trop heureuse de pouvoir jouer les Ponce Pilate à peu de frais et même mieux, de "redorer son blason", puisqu'elle réussit ainsi à donner l'illusion de traiter le scandale qui a émut à juste titre l'opinion publique.

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