Le néolibéralisme : souriant, moderne et séduisant ?
Un autoritarisme moderne ?
Il y aura bientôt 40 ans, une idéologie qui se voulait contre les idéologies, un pouvoir qui se voulait pragmatique, un autoritarisme combattif apparaissait sous les traits de la dame de fer, Margaret Thatcher, et son conservatisme réactionnaire, agressif et impitoyable. Peu après un acteur de série B, mais un acteur qui avait participé activement au Maccarthysme, cette chasse aux rouges ou plutôt aux syndicalistes et à tout ce les états unis avaient de libéraux, progressistes, bref tous ceux qui contestaient le système capitaliste ou simplement voulaient le réformer. C’était la guerre froide !
Il faut lire Philip Roth » j’ai épousé un communiste » pour prendre conscience de la violence de cette chasse aux hommes de gauche.
Il faut savoir que le néolibéralisme, cette idéologie qui prétend ne pas en être une ou du moins la dernière, triomphante et écrasant tout sur son passage, bref la fin de l’histoire, est née dans les années 30, mais a vraiment pris son essor après le colloque Walter Lippmann (2) et surtout avec la création de la Société du mont pèlerin (1) en 1947, début de la guerre froide !
Le but de ces sociétés de pensées était de refonder l’idéologie libérale, qui avait soutenu la montée du capitalisme. Cette refondation était d’autant plus urgente, que la défaite des états fascistes, à la tête desquels se trouvaient l’Allemagne national socialiste, avait favorisé la montée d’un nouvel esprit, l’esprit de résistance, qui avait réuni toutes les tendances politiques pour chasser l’ennemi.
Ce rassemblement large et exemplaire avait aussi partout en Europe formalisé un programme politique remettant en question le capitalisme, en accordant une large place au secteur public, venant suppléer le secteur privé défaillant ou ayant collaboré avec l’ennemi, mettant en place un état social, et des réformes de structures, qui réduisaient considérablement la force du capitalisme. Ajouté à cela la montée en puissance de l’URSS, sa participation décisive à la victoire contre le nazisme : l’URSS a payé cher sa lutte contre l’occupant nazi : 25 millions de morts dont plus de la moitié sont des civils.
L’Union soviétique occupe une grande partie de l’Europe par le biais de régimes amis et propose un autre modèle économique et social qui concurrence le capitalisme et les démocraties libérales.
Le capitalisme est en danger, la troisième voie socialiste ou plutôt social-démocrate triomphe avec le programme du CNR en France, les réformes structurelles en Grande bretagne, inspirées par J M Keynes. L’Allemagne elle-même va mener avec Adenauer puis ses successeurs après-guerre une politique économique et sociale largement d’inspiration social-démocrate. Il fallait rassembler contre le modèle soviétique.
La nécessité pour le capitalisme de se renouveler est renforcés par la montée des économistes Friedrich von Hayek, l’école autrichienne, Milton Friedman les monétaristes, les Chicago boys dont l’apport sera décisif pour instaurer la nouvelle idéologie le néolibéralisme, la mondialisation néolibérale.
Tout a commencé, cela mérite d’être souligné en octobre 1973 avec le coup d’état de la CIA contre le gouvernement Salvador Allende et l’unité populaire, et la prise de pouvoir par le Général Pinochet et une grande partie de l’armée chilienne alliée au patronat, soutenu par l’administration américaine. Pinochet a comme but écraser les forces de gauches, partis, syndicats, associations et leurs dirigeants. En même temps, Pinochet se lance dans une restructuration de l’économie chilienne conseillé par les Chicago Boys de Friedman et autres. Les contre réformes structurelles ont été menées au pas de charge, et tellement bien réalisées que 44 ans plus tard, les structures mises en place tiennent toujours et empêchent toute possibilité de mener une politique sociale et économique non néolibérale ! Cela ne vous rappelle-t-il pas quelque chose ?
Le laboratoire chilien du néolibéralisme a fourni la preuve de la faisabilité des contre réformes structurelles. L’idéologie est un mélange de pensée réactionnaire, autoritaire, de courants économiques Hayek, Friedman… le monétarisme, la politique de l’offre et une méthode l’usage de la violence d’état pour imposer les contre réformes, le refus du dialogue et du moindre compromis économique et social, illustré par Margaret Thatcher et sa volonté de briser le syndicalisme, l’opposition : la guerre au syndicat des mineurs, la mise en place de contre réformes sans dialogue, sans concertation, sans négociation, le passage en force.
Thatcher est suivie par Reagan qui lui met l’accent sur la dérèglementation la baisse des impôts, le renforcement du lobby militaro industriel pour mener une politique agressive contre le l’union soviétique, le modèle soviétique empêche le retour d’un capitalisme pur et dur, oblige aux compromis.
Le néolibéralisme a une puissance mondiale à son service et une puissance européenne, reste à faire de la propagande, fondé sur la liberté individuelle, la libération des énergies, contre l’assistanat, l’esprit d’entreprise contre la politique…La propagande devient communication. La contre révolution néolibérale est en marche.
Elle franchira tous les obstacles, notamment après la chute du mur puis de l’URSS, les partis de gauche, en particulier la sociale démocratie qui se rallieront sans combattre à l’air du temps.
En Europe l’Allemagne tombera sous Schroeder dans le néolibéralisme, en Italie avec les ex communistes devenus partis démocrates, en Espagne avec le PSOE, en Scandinavie, bastion social-démocrate, avec le ralliement de la social-démocratie.
Aux Etats Unis, pays du néolibéralisme triomphant, après Reagan aucun gouvernement n’a remis en cause les politiques néolibérales, au contraire les démocrates les approfondiront avec Clinton, qui au service de Wall Street dérèglementera tellement qu’il est le vrai père de la crise de 2007/2008, la pire crise depuis 1929. Les banques oligopoles mondiales gouvernent avec le lobby militaro industries les Etats unis, ce sont eux qui forment et désignent l’administration américaine.
En Europe le néolibéralisme mâtiné d’ordolibéralisme triomphe à la Commission européenne et dans presque tous les pays. L’UE s’est donné sous influence d’outre atlantique des structures non démocratiques, une commission et un conseil Européen qui ont tous les pouvoirs, un pareillement sans pouvoirs réels, c’est un parlement canada dry, il a la couleur d’un parlement, il en a la structure, mais il n’en pas les pouvoirs : il n’a pas l’initiative de la loi, ni du budget, ni de l’impôt, il n’élit pas le gouvernement réel : la Commission.
Ce triomphe se fait partout au prix d’une montée d’un autoritarisme sans précédent, de lois liberticides (état d’urgence, antisociales) …Cet autoritarisme se manifeste au point de vue de la pensée :il n’y a pas d’alternative. C’est une pensée totalitaire. Sur le plan social depuis le début des années 2000, les manifestations sociales ne débouchent sur rien, pas de dialogue, pas de négociation, refus affiché du compromis. Politique antisociale marquée et affichée effacer le programme du CNR, démonter l’état social, anéantir les conquêtes sociales. Pour séduire, le néolibéralisme qui se prétend parfois social libéral, promeut le sociétal à la place du social, cela a un double avantage : cela divise la société et cela est à coût budgétaire zéro, comme la politique sociale de Jupiter et de ses marcheurs, tiens des marcheurs, ils n’ont pas marché sur Paris, ils sont venus en bus macron en cabriolet, en voitures non polluantes, ils sont été sélectionnés pour leur inexpérience en politique, en fait leur incompétence comme le souligne leurs déclarations et leurs projets de lois, leur comportement hautain et soumis au chef !
Sur le plan politique, remplacement du dialogue par des commissions Adhoc, constituées de personne choisies pour promouvoir les contre réformes. Refus du dialogue, volonté d’affaiblir la représentation nationale : assemblée nationale, sénat, mais aussi régionale et locale par la mise en place de politiques économiques centralisées sans concertation, sans débat.
Sur le plan culturel, c’est le changement du sens des mots qui comme l’ont montré V. Klemperer et O Hazan chez nous est le propre de toute idéologie à visée totalitaire. Réforme est employée dans le sens de contreréforme, dialogue social dans le sens de monologue gouvernemental, concertation dans le sens de diktat, liberté dans le sens de contrôle de l’opinion, loi fake news, état d’urgence, propagande devient communication, propagandiste communicants, l’assistanat est une honte, il faut culpabiliser les assistes, sauf si ce sont les actionnaires et les dirigeants d’oligopoles, qui sont des entrepreneurs, qui doivent être aidés : les aides aux grandes entreprises (oligopoles nationaux et mondiaux) sont de l’ordre de 185 Mrds d’Euro, ce qui correspond à ce que nous contribuables payons comme impôts sur nos revenus !
Au plan culturel c’est la mise à bas au nom du marché et de la nécessaire création de valeur de la presse indépendante, à la libération toute la presse a été confisqué, pour avoir collaboré avec l’occupant, et elle fut remise à des groupes indépendants de toutes tendances politiques, mais libérée de tous liens avec le monde économique et financier, dans les années 30 comme actuellement la presse à l’exception de la presse d’opinion appartenait aux industriels : comité des forges, parfumeur : François Coty, Luchaire…Pour rétablir la liberté de la presse le CNR avait cassé cette soumission aux groupes industriels et financiers. Grâce au néolibéralisme et à ses fondés de pouvoir : Nous sommes revenus aux années 30 !
Mieux une nouvelle catégorie d’intellectuels a vue le jour, comme dans les années trente d’ailleurs, les nouveaux philosophes, qui sont à la philosophie, ce que le Canada dry est au Whisky.
Ces nouveaux intellectuels sont promus par les médias tombés majoritairement pour ne pas dire plus sous la coupe des oligopoles nationaux et mondiaux. Les intellectuels critiques, comme les hommes politiques, ou les syndicalistes résistants sont caricaturés, marginalisés exclus.
Arrêtons-nous là. Qu’est-ce que le fascisme : un système autoritaire arrivé au pouvoir par la violence mais légitimé par des élections : Mussolini et le parti fasciste, Hitler et le NSDAP, Horthy en Hongrie, ou venus au pouvoir comme au Chili, par des coups d’état : Franco en Espagne, Salazar au Portugal, ou dans les valises de l’occupant : Quisling en Norvège, Ante Pavelic et les oustachis en Croatie, Pétain et la révolution nationale chez nous…
Le fascisme est toujours au service des grandes entreprises, il vise à tromper le peuple au moyen d’une rhétorique nationale et sociale, il limite les libertés, impose le parti unique, grâce à la prise du pouvoir.
A quoi assistons-nous dans les « démocraties » européennes : la pensée unique : l’idéologie néolibérale est la seule référence, les autres sont marginalisées, il n’y a pas d’alternative, la prise du pouvoir par les élections s’accompagne de mesures antisociales et de violence d’état, pour soumettre les salariés, mais aussi les électeurs. Les politiques économiques et sociales, culturelles et sociétales n’ont qu’un but diviser pour régner, soumettre, égarer la réflexion, en changeant du sens des mots, perte de sens, matraquage quotidien par 90% des médias grands publics, contrôle des populations par tous les moyens et en particulier au moyen des nouvelles technologies.
Revenant à notre pays, à l’Europe d’aujourd’hui : E Macron veut faire de notre pays un modèle de pays néolibéral. C’est-à-dire intégré à la mondialisation néolibérale, soumis aux oligopoles mondiaux, qui sont plus puissants que les états, qui sont de facto au-dessus des lois, ils ne paient plus l’impôt, et exige leurs propres tribunaux et justices au nom du libre-échange et de la libération des énergies : (Tafta, CETA, …) leurs dirigeants qui sont aussi actionnaires bénéficient des mêmes privilèges, ce sont les premiers de cordées, ils ont tous les droits puisque selon Jupiter ce sont les seuls à créer de la richesse : de la valeur pour les nouveaux « ré »actionnaires.
L’autoritarisme est apparu avec Sarkozy, s’est poursuivi sur le plan social et politique sous des dehors affables avec F. Hollande, inspiré par le secrétaire général de l’Elysées E. Macron (ex banquier d’affaires), puis ministre de l’économie : tremplin vers le pouvoir.
Les élections présidentielles sont un modèle de ce que peut être la manipulation politique par les médias dominants, le Medef et leurs alliés technocrates de l’administration. Le deuxième tour préparé et réussi opposait Marine Le Pen, candidate du Front national, le parti tabou par excellence, le bouc émissaire mis en place depuis les années 80, face au jeune et moderne candidat, le souriant et bien sous tous rapports, le progressiste, (ne riez pas) E. Macron.
Une fois élu, certains découvrent un chef de clan autoritaire au service des oligopoles, ne reculant devant aucune violence pour faire de la France ce que le Chili est devenu sous Pinochet.
Cette méthode, cette politique inspirée par une idéologie totalitaire a un nom, c’est le néofascisme, le fascisme du XXI° siècle.
1)https://fr.wikipedia.org/wiki/Soci%C3%A9t%C3%A9_du_Mont-P%C3%A8lerin