Lettre aux parlementaires et dirigeants du parti socialiste :
Vous parlementaires et dirigeants du parti socialiste vous avez été élus pour- Un nouveau modèle de développement économique, social et écologique pour redresser la France. :
- remettre l’économie devant la finance ;
- élever notre compétitivité avec un État stratège, en misant sur la création et l’innovation;
-relancer le pouvoir d’achat mieux partager les revenus ;
- lutter contre les licenciements et combattre vraiment le chômage ;
-soutenir une agriculture durable ; lancer la transition énergétique ;
-donner à l’Europe les moyens de se battre à armes égales dans la mondialisation.
-Bâtir l’égalité réelle, qui rime avec liberté de choix, pour retrouver une France juste.
Rétablir l’égalité devant la loi et devant l’impôt.
Depuis l’élection de François Hollande et la votre, ce programme n’apparaît ni dans la politique menée, ni dans les débats.
Le chef de l’état nous annonce : la réforme fiscale limitée à la baisse des impôts, la réduction de la dépense publique, la réforme des collectivités locales et de la sécurité sociale, une nouvelle loi de décentralisation, le pacte de responsabilité des entreprises et la simplification administrative pour la création d’entreprise et l’investissement,
Le fil conducteur du Président Hollande est l’approfondissement de la politique de l’offre.
Relisons ce discours à l’aune des faits, de la politique de l’offre menée depuis 2012, dite socialisme de l’offre, bel oxymore, aussi aberrant que le socialisme du capital !
En 2013, -l’ANI qui est une loi de régression sociale, et d’affaiblissement du droit du travail,
-le CICE (subvention de 20 Mrds d’Euros par an qui s’ajoutent aux multiples subventions environ 130 milliards d’Euros par an dont bénéficient essentiellement les grandes entreprises),
- le blocage des salaires,
- l’abandon de la limitation de la rémunération des dirigeants d’entreprise,
-la renonciation à séparer les activités de banque de dépôts de celle de banque d’affaire,
- le démontage systématique de la taxe sur les transactions financières,
Mais aussi de la politique de gendarme de l’Afrique en lieu et place d’une politique de défense ambitieuse,
- le maintien dans la structure de commandement de l’OTAN,
- l’abandon de la Brigade franco-allemande embryon d’armée européenne,
- la négociation sans condition du pacte transatlantique,
- l’abandon d’une politique ambitieuse de l’enseignement supérieur et de la recherche faute de moyens,-
L’abandon de la réforme de la construction européenne, pour en faire une Europe sociale et une Europe puissance.
En 2014 : la politique de l’offre ce sera l un pacte de responsabilité aux entreprises, fondé sur un principe simple : moins de charges sur le travail, moins de contraintes sur leurs activités et, en contrepartie, plus d’embauches et plus de dialogue social.
Son but objet la baisse du coût du travail : ce qui signifie poursuite du blocage des salaires, la baisse des charges alors qu’il s’agit de cotisation, un transfert de ces « charges » de l’entreprise vers le contribuable, le salarié paiera donc deux fois par un salaire bloqué, et par une augmentation de ses cotisations et de la fiscalité.
Le plus de dialogue social, sera en fait moins de dialogue, comme avec l’ANI, le CICE sans contrepartie, la contreréforme des retraites, le transfert du dialogue du niveau de la branche au niveau de l’entreprise ce qui favorise le patronat.
Moins de dialogue social avec la suppression des élections prudhommales. Cela se traduira par de nouvelles atteintes au droit du travail et à l’administration veillant à son application : l’inspection du travail directement visée.
Surtout ce beau mot de dialogue cache la fin des négociations entre les pouvoirs publics, les syndicats et le patronat, remplacé par une consultation formelle.
Pour ceux qui ne seraient pas convaincus de ce virage, d’une société où l’état joue un rôle de régulateur et de stratège, pour une société
-où l’Etat, qui doit se « l’Etat, qui doit se concentrer sur ses missions essentielles,
-où les collectivités locales, qui doivent voir leurs compétences clarifiées ; et pour la sécurité sociale, qui doit en terminer avec les excès - nous les connaissons - et les abus
.
Abandon de toute politique industrielle, de l’état stratège,
Les collectivités locales sont invitées à se soumettre à la cure d’austérité,
Pire la contre réforme de la sécurité sociale suivra donc la contre réforme des retraites, bien entendu, en se cachant derrière » les excès - nous les connaissons - et les abus ! «
Oublié le principal abus : le non paiement ou les retards de paiements des cotisations dues par les grandes entreprises !
Tout cela met fin aux ambitions affichées tant dans le programme du PS : que du candidat Hollande.
Le tournant de la politique de l’offre, devenu par le biais des communicants en mal d’inspiration le socialisme de l’offre, est incompatible : avec la défense et la promotion du modèle social français né des conquêtes de la résistance et des luttes sociales, mais aussi avec une politique volontariste de réindustrialisation du pays.
La politique de l’offre ne prend pas en compte le coût extravagant du capital, mais uniquement celui du travail.
Elle signifie blocage des salaires, transfert des cotisations sociales de l’entreprise vers le salarié, baisse des impôts, mais aussi à terme baisse des salaires, précarité accrue (TVA antisociale, ANI, démantèlement du droit du travail et de l’inspection du travail), la poursuite de la désindustrialisation, pauvreté grandissante et chômage de masse se situant autour de 8%. La politique de l’offre ne favorise pas l’emploi, mais la précarité la baisse des salaires et le maintien d’un volant de chômage de l’ordre de 8% de la population active.
L’Europe : Parlement européen, il doit être l’occasion de promouvoir une majorité politique qui devra être tournée vers l’emploi et la solidarité, et non vers l’austérité et l’égoïsme national.
En réalité ce sera la poursuite des réformes structurelles : démolition du modèle social, baisse des salaires, précarité accrue et chômage de masse, l’accroissement continu des inégalités, comme c’est le cas depuis plus de 20 ans.
Ce sera la fin de l’ambition d’une Europe indépendante, avec le partenariat transatlantique, qui soumettra les peuples et entreprises européennes aux désirs des multinationales et à leur droit.
Il faut choisir être socialiste, pour la justice sociale et fiscale, pour une Europe indépendante ou être néolibéral : ou soutenir la politique de l’offre, la régression industrielle, économique et sociale, et le marché transatlantique.
Jean Bachèlerie
Midi à Gauche