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Billet de blog 8 août 2018

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Patrie, Nation, identité, racines, culture, le sens des maux !

le sens des mots est essentiel, prendre un mot pour l'autre permet de transformer des joueurs patriotes en patriotes suspects. Suspects pour qui ? Prétendre contre toute évidence, contre toute réalité que le communautarisme favorise l'intégration est suspect: c'est un point de vue personnel, pas celui de professeurs de sciences politiques.

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Patrie, Nation, identité, racines, culture, le sens des maux !

Réponse » à l’origine des patriotes suspects » de Shoshana Fine, docteure associée au CERI et Thomas Lindemann, professeur de science politique à l’Université Versailles Saint-Quentin et à l’Ecole Polytechnique 

Le mot patrie désigne étymologiquement, le « pays des pères ».  Wikipedia

L’identité de l'individu est, en psychologie sociale, la reconnaissance de ce qu'il est, par lui-même ou par les autres.

 La notion d'identité est au croisement de la sociologie et de la psychologie, mais intéresse aussi la biologie, la philosophie et la géographie : selon Max Weber1, les quatre fondements de la notion d'identité sont l'existence physique matérielle, l'espèce biologique, l'appartenance culturelle ou communautaire2 et la personnalité individuelle.

« L’identité nationale peut être sommairement définie comme la somme des particularités communes fondant la cohésion et la solidarité des personnes regroupées en un ensemble considéré comme constituant une nation. »

Selon la formule de deux sociologues britanniques « un des concepts les plus discutés mais les moins compris de la fin du XXe siècle »1.Wikipedia

La nation peut être définie d'une manière assez simple à partir d'éléments purement juridiques. Elle se présente alors comme la communauté des habitants d'un territoire soumis à l'autorité d'un pouvoir souverain organisé sous la forme d'un appareil d'État qui leur reconnait la citoyenneté, ou encore la nationalité politique.  Wikipedia

Racine :En botanique, la racine est l'organe souterrain d'une plante servant à la fixer au sol et à y puiser l'eau et les éléments nutritifs nécessaires à son développement.

Culture : En philosophie, le mot culture désigne ce qui est différent de la nature.

En sociologie, la culture est définie de façon plus étroite comme « ce qui est commun à un groupe d'individus » et comme « ce qui le soude », c'est-à-dire ce qui est appris, transmis, produit et créé

La culture est, selon le sociologue québécois Guy Rocher, « un ensemble lié de manières de penser, de sentir et d'agir plus ou moins formalisées qui, étant apprises et partagées par une pluralité de personnes, servent, d'une manière à la fois objective et symbolique, à constituer ces personnes en une collectivité particulière et distincte. 

. Dans son sens le plus large, la culture peut aujourd’hui être considérée comme l'ensemble des traits distinctifs, spirituels , matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle englobe, outre les arts, les lettres et les sciences, les modes de vie, les lois, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances ». Wikipedia

Partant de ces définitions, il serait bon de s’interroger sur les faits : chacun de nous a des racines, une culture, une patrie et une identité.

L’identité comme le rappelle deux sociologues britanniques « un des concepts les plus discutés mais les moins compris de la fin du XXe siècle »1.Ce qui signifie, que l’identité est largement une construction intellectuelle, facilement instrumentalisable.

En revanche « Le mot patrie désigne étymologiquement, le « pays des pères »., comme racine ne fait pas débat, chacun de nous a une patrie (petite ou grande, des racines et a hérité d’une culture : les racines culturelles.

La nation comme l’identité est un concept flou, il y a l’état nation, la nation ethnique, la nation fondée sur la langue. Ce concept est d’autant plus flou, qu’il est aussi une construction intellectuelle, qui a donné naissance à une idéologie le nationalisme. Les nationalistes s’appuient d’ailleurs sur une définition limitative de l’identité nationale.

Tout cela pour souligner combien il est nécessaire de distinguer, ce qui relève de faits incontestables, patrie, racines, cultures de ce qui relève d’une construction intellectuelle, voire idéologique.

Nous n’allons pas aller jusqu’à définir république, mais nous tenons à souligner que les patriotes ont accompagné la naissance de la République, que la patrie rassemble, la nation divise, comme en témoigne l’histoire.

Pour en venir à la coupe du monde de football, à la victoire de l’équipe de France, et à la défaite de l’équipe allemande et aux problèmes qu’entraîne une défaite, ou plutôt aux problèmes nés de l’intégration à l’équipe allemande de citoyens devenus allemands grâce au gouvernement Schroeder (majorité SPD-Verts)qui a fait approuver,  un nouveau code  code de nationalité le 1er janvier 2000, instaurant Le droit du sol (jus soli en latin). (règle de droit attribuant une nationalité à une personne physique en raison de sa naissance sur un territoire donné.) C’est grâce à cette loi que des joueurs d’origines étrangères, nés en Allemagne ont pu figurer  entre autres dans les différentes sélections nationales allemandes : foot, athlétisme, Hockey sur glace, handball, rugby, basket Ball….

La polémique lancée contre Mesut Özil et Ilkay Gundogan, reflète d’abord le fait que certains partis politiques, certains intellectuels, une partie de l’élite, n’ont toujours pas acceptés le droit du sol institué en 2000. Cela montre si besoin était que l’intégration à l’allemande ne va pas de soi, le droit du sol est récent, mais les principaux partis ne le remettent pas en cause.

En revanche : « Il semble qu’une certaine interprétation du républicanisme à la française n’a pas reconnu les traces des particularismes identitaires et sociaux dans les victoires de l’équipe française de 1998 et 2018. » Le républicanisme à la française est fondé sur le droit du sol, et il fonctionne plutôt bien, les deux victoires en coupe du monde le souligne, de même que la 3° place à la coupe du monde de 1958, sans parler des autres coupes du monde et d’Europe, cette équipe nationale de football a intégré tous les joueurs issus de l’immigration depuis les années 30 avec un succès certain.

« Nombreux(sic) de joueurs sont issus d’immigration et ont grandi dans des quartiers stigmatisés. Leur succès dans le football tient souvent moins aux opportunités fournies par les institutions républicaines qu’à leur manque des alternatives d’ascension sociale. La plupart ont fait le choix de sacrifier tôt leur scolarité pour tenter leur chance. Leur réussite s’apparente plus à un coup de chance dans un tirage de loto qu’à une réussite du modèle républicain. » 

Cette opinion est contradictoire, on ne peut reprocher au modèle républicain de ne pas ’intégrer des joueurs de différentes origines, et prétendre que ce succès de l’équipe de France de football est dû à l’apport d’autres cultures !

Pire affirmer « Leur succès dans le football tient souvent moins aux opportunités fournies par les institutions républicaines qu’à leur manque des alternatives d’ascension sociale « en quoi la possibilité d’ascension sociale par le sport serait elle inférieure à d’autres modèles d’ascension sociale !

De plus, écrire « La plupart ont fait le choix de sacrifier tôt leur scolarité pour tenter leur chance. Leur réussite s’apparente plus à un coup de chance dans un tirage de loto qu’à une réussite du modèle républicain. » C’est méconnaître le rôle intégrateur d’un sport et du football en particulier, sport collectif par excellence, et les exigences liées à la pratique d’un sport d’équipe, qui plus est de haut niveau, c’est faire preuve d’un mépris de la réalité et des sportifs, que d’écrire « leur réussite s’apparente plus à un coup de chance… » C’est faire injure aux éducateurs, aux entraîneurs, aux joueurs eux-mêmes qui ont tout donné pour atteindre ce niveau, en quoi cela serait il plus méprisable que de faire des études. D’autant que c’est inexact, le plus jeune joueur de l’équipe de France, Kylian Mbappé élu meilleur jeune joueur de la coupe du monde, a passé son bac avec succès l’an dernier.

Faut il rappeler que l’immigration des années 30 : polonaise, italienne, espagnole, algérienne... a donné la grande équipe de France des années 1950, demi-finaliste de la coupe du monde en Suède, avec les Kopa, Piantoni, Zitouni, Chiarelli, Wijnieski, Cisowski, Dombeck, Bollini, l’intégration avait déjà bien marché ! Par las suite ce sera le tour des Fernandez, Platini, Ayache, Amoros, Tigana, Touré, Bellone, Stopyra…faut-il rappeler encore que l’équipe de 98 rassemblait des joueurs issus de l’immigration comme Zidane, Djorkaeff, Karembeu, Vieira, Thuram, Pirés…

Il n’y a pas une autre équipe de ce niveau qui comprend une telle diversité de joueurs, une telle diversité culturelle, cela témoignerait d’un échec de l’intégration à la française ! Allez voir dans les clubs de tous niveaux, de foot comme de Rugby, allez voir le RC Massy Essonne, club de rugby professionnel, qui recrute les gamins des quartiers dits difficiles et en fait des internationaux français ! L’intégration à la française ne marche pas. Savez vous ce que font les clubs pour tous les joueurs pas seulement les meilleurs, savez vous le rôle joué par tous ces clubs dans l’intégration de ces jeunes !

Reproche t on à des pays modèles de communautarisme, d’avoir des boxeurs de couleurs de haut niveau, des joueurs de basket, de foot, des chanteurs, des acteurs, reproche -t-on à ces que l’égalité des chances n’existent pas lorsque vous n’êtes pas blanc de souche !

Faut il rappeler que les pays de culture communautariste, ont longtemps été raciste, et de facto pour le développement séparé des diverses communautés ?

 En outre, vous prétendez : » l’optique républicaine ne donne pas de place aux identités nationales multiples. »  Comment pouvez écrire cela, voulez vous dire que le communautarisme états uniens, ou britannique donne une place égale aux identités nationales multiples ? Cité mois les pays exemplaires. Comparons ce qui est comparable. Même l’Afrique du sud a du mal à mettre en place des équipes où les noirs et blancs seraient à égalité !

Comment oublier dans les pays communautaristes  les émeutes dans les quartiers dits difficiles, les assassinats de noirs, abattus comme des lapins ?

Enfin vous confondez un concept de la droite nationale, l’identité avec les racines culturelles, la république intègre avec le temps l’apport d’autres cultures, comme le prouve le sport et nos équipes nationales, mais aussi la culture, le monde littéraire, le monde scientifique, le monde de l’histoire, le monde musical, le monde de l’entreprise…

Votre parti pris est biaisé car il est bâti sur des concepts antagoniques et les confond : Patrie et nation, Identité nationale et culture, il reprend à son compte le concept flou d’identité nationale, instrumentalisé par la droite nationale et l’extrême droite, oublie les racines liées à la patrie et à la culture.

Vous avez raison d’écrire : « Ces réticences identitaires n’expriment pas un racisme archaïque. Elles conjuguent deux tendances modernes dirigées contre la diversité. D’une part, le modèle néo-libéral conditionne la valeur des individus à leur performance économique. Ce principe est maintenant au cœur même de la politique migratoire et de la citoyenneté avec une séparation entre ceux qui valent plus ou moins.  Il est symptomatique que la réussite économique est de plus en plus conditionnée à une standardisation des individus. » Le modèle néolibéral d’où vient-il ? où a-t-il été conçu, expérimenté ? d’où a-t-il été exporté ?

Vous affirmez péremptoirement : » En outre, dans les deux cas, on est en présence d’un modèle national niant toujours la réalité de la société plurielle au nom d’un « Leitkultur » (culture dominante) ou d’une nation une et indivisible. Ainsi, les deux grandes nations fondatrices de l’Europe s’unissent dans leur aversion contre la diversité qui est pourtant aussi à l’origine de leur réussite (de coupe mondiale entre autres). » Vous confondez patrie et nation, une réalité avec un mot marqué idéologiquement, en particulier en Allemagne. Le mot nation n’est pratiquement jamais utilisé en Allemagne, tellement il renvoie aux heures noires de l’histoire européenne. Tellement il est marqué politiquement, il appartient au vocabulaire de l’extrême droite et de la droite national conservatrice !

La diversité existe dans le modèle allemand comme dans le modèle français, elle est plus récente en Allemagne, en raison du droit du sang qui a prévalu de 1913 au1.1.2000.

Aux états unis la ségrégation raciale a été abolie en 1967 , il y a plus d’ un demi-siècle, où en est l’égalité concrète, réelle ?  

Montrer du doigt la république française et la République fédérale, relève d’un parti pris, d’un refus de comparer ce qui est comparable, c’est un déni de réalité.

 Vous ne pouvez à partir des exemples retenus dans votre tribune, généraliser et contre toute évidence affirmer « le modèle national niant toujours » … D’abord il y a un modèle républicain et patriote, et un modèle républicain et fédéral allemand, ce n’est pas un modèle national ne confondez pas Patrie et nation. Enfin nous attendons avec impatience que vous nous dévoiliez les pays où l’intégration se fait par le communautarisme, de manière bien plus respectueuse et plus efficace.

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