Le triomphe de l’esprit munichois
L’histoire nous apprend que refuser la réalité, refuser d’affronter les vrais problèmes se paie au prix fort. Les exemples sont multiples, l’un des plus récents et des plus cinglants est l’accord de Munich en 1938, l’inutilité de l’abandon de la Tchécoslovaquie à Hitler, le lâche soulagement de ceux qui ne voulaient pas mourir pour Dantzig !
Le G 20 à Cannes offre beaucoup de similitudes avec les accords de Munich de septembre 1938. Il en va de même des sommets européens, sensés résoudre la crise de la dette de la Grèce, devenue la crise de l’Euro, chaque sommet a pour but, de sauver l’Euro, les banques, et pour cela les dirigeants de ce monde se réunissent et se congratulent, ils ont comme en 1938 à Munich, pensent-ils éviter le pire.
Qu’est-ce que le pire ? Leur perte de crédibilité ? La sanction des électeurs ? La révolte grandissante des citoyen(ne)s ? Non ils ont peur de perdre la confiance des marchés financiers, de ne pas satisfaire les agences de notation, de perdre le triple A, le fameux et mythique AAA !
Jusqu’où iront-ils dans la soumission au seul et véritable adversaire : la dictature des marchés financiers ! Les marchés financiers comme les dictatures sûres de leurs forces exigent toujours plus, plus de rigueur, plus de contre- réformes « douloureuses mais nécessaires », à la satisfaction des actionnaires, et de la sacro-sainte création de valeur pour l’actionnaire.
Tout cela se terminera comme, cela se termine toujours, lorsque les dirigeants élus, lorsque les élites démissionnent, elles sont balayées. Le système qui n’est pas sans ressources, remplace les dirigeants élus par des technocrates « apolitiques » bien sûr ! Ces technocrates sont ceux qui entourent et conseillent les dirigeants. Que leur arrivera-t-il ? La crise qu’ils ne maîtrisent plus va les emporter.
A refuser d’affronter le seul véritable adversaire, ennemi, ils seront dévorés par les marchés financiers, qui vont se retrouver seul face aux peuples, à ceux dont ils exigent toujours plus de sacrifices, pour permettre de créer toujours plus de valeur pour les actionnaires, les 1% qui amassent les gains.
La sortie de cette crise qui est politique se fera soit par un pouvoir autoritaire, le durcissement par les technocrates de la politique de régression menée depuis trente ans soit par un approfondissement de la démocratie par la révolte des peuples indignés.
Les dirigeants de la social-démocratie seraient bien inspirer de réfléchir aux causes réelles de la crise et à ses conséquences avant de laisser la voie ouverte à l’autoritarisme technocratique, la dictature sans visage, la dictature des marchés financiers.