Le Président de BNP Paribas B Prot piégé
En France les dirigeants de banques, les politiques et les décideurs ont pris l’habitude de faire écrire à certains journaux, ce qui les arrange, promouvoir leur point de vue, leur vision du monde, puisqu’ils ont le savoir, l’argent et leur monde clos : le monde des dominants.
Aujourd’hui en France, quels sont les grands quotidiens nationaux indépendants de leurs actionnaires, les entreprises du CAC 40? (1)
La soumission aux dominants, comme l’a si bien analysé et montré pierre Bourdieu, ne durera pas éternellement. Surtout qu’une partie de la presse en Europe et dans le Monde continue à faire son métier, à poser des questions dérangeantes.
C’est ce qu’ont fait il y a un mois des journalistes Robert Landgraf et Nicole Bastian du quotidien économique Handelsblatt.
Pour relecture le texte de l’entretien fut envoyé au PDG de BNP Paribas Baudouin Prot, un mois passa et malgré de multiples relances, aucune réponse ne vint. Le 12 octobre Handelsblatt a présenté en une l’entretien avec Baudouin Prot, sous le titre « Pouvez vous encore dormir tranquillement ?
Vous n’avez jamais lu un tel entretien. Il est symbolique de la situation des banques en Europe.(2)
Les questions posées étaient suivies d’un blanc à la place des réponses de Baudouin Prot.
Le président directeur général B Prot a dû se résigner à publier sur le site de BNP Paribas les réponses.( retirées quelques heures plus tard)
Handelsblatt a titré : »Pas de panique simplement quelques réformes structurelles (3 )»
Reprenant mot pour mot les propos de B Prot !
Leur lecture permet de comprendre pourquoi B Prot ne souhaitait pas les voir publier. Baudouin Prot n’est pas un communicateur en aout 2008 ses propos avaient accéléré la crise financière.
B Prot n’a pas l’habitude des questions directes et dérangeantes. A la question sur la nécessaire recapitalisation des banques européennes, il répond que BNPP a des fonds propres durs de 9,6%, omettant de dire que BNPP comme le souligne hier La Tribune, a un total de bilan de 33 fois ses fonds propres.
Il faut savoir que la loi bancaire prévoit qu’une banque ne peut pas prêter plus de 10 à 20 fois son capital selon les risques pris.
Rappelons que les fonds propres durs exigés sont passés de 5% à 9% de 1995 à 2010 et vont passer à 15% voire 20%. Ce qui contraindra les banques à ne pas prêter plus de 5 fois leurs fonds propres durs. Adieu effet de levier, bonus et super bonus, stock-options et garantie de cours des actions pour les dirigeants de banques.
Comme le dit le rapport de John Vickers, ICB (5) proposant au gouvernement britannique pour sauver la City, une réforme dure : séparation des activités de banque commerciale des activités banque de financement et d’investissements. Obligation de 20% de fonds propres durs, interdictions pour les banques commerciales de faire des opérations en bourse pour compte propre : la spéculation, interdiction des opérations sur dérivés….
Ce rapport publié le 14 septembre, n’a pas trouvé beaucoup d’écho dans les grands quotidiens et apparemment n’a pas été lu par Baudouin Prot ni Michel Pébereau son mentor et conseiller de Sarkozy.
Le plus remarquable de cet entretien est la dernière question :
Les banques d’investissement doivent elles réduire radicalement leur activité ? Les banques ne font plus d’opérations pour compte propre, n’est-ce pas?
BNPP ne s’est jamais engagé dans ce type d’activité…pour les opérations sur le marché des capitaux plus généralement Bale III (déjà dépassé) fonds propre s minimum de 9%. (ndlr que Dexia dispose de 11% de fonds propres, ce qui ne l’a pas empêché de faire faillite)…..nous continuerons à assurer notre prédominance sur le marché des fixed income (marché obligataires, et autres opérations de marchés, les opérations spéculatives)….
Handelsblatt ne s’est pas laisser abuser par la langue de bois et a titré les réponses de B Prot
Pour B Prot tout va bien, il renvoie aux résultats du 3 novembre prochain pour en savoir plus.
Il indique aussi que les deux tiers des bénéfices sont conservés en réserve, ce qui est inexact, la banque procède à des rachats d’actions chaque année, pour que les actionnaires bénéficient non seulement de généreux dividendes mais aussi d’un cours de l’action très élevé !
Le résultat BNPP depuis le début de la crise la capitalisation boursière a fondu de plus de 50%, mais les rachats d’actions et le versement de généreux dividendes se poursuivent et B Prot répond que c’est au conseil d’administration de décider en 2012 !
Tout va bien, on ne change rien, de toute façon l’état, le Fonds européens, la BCE viendront au secours de BNPP et de ses consœurs européennes… Pour preuve de sa confiance dans l’avenir B Prot cite la réforme des retraites, les plans d’austérité successifs exigés par les banques.
Heureusement que de grands banquiers comme Michel Pébereau sont là, sinon la France, L’Allemagne, et l’Italie (ne pas rire) seraient en, faillite comme la Grèce.
Merci aux journalistes Robert Landgraf et Nicole Bastian d’ Handelsblatt qui nous ont offert ce grand moment de cynisme, d’arrogance et de vision de l’avenir limitée aux prochains résultats trimestriels le 3 novembre !
Comme un malheur n’arrive jamais seul Standard & Poors qui manifestement lit aussi le Handelsblatt, n’attend pas le 3 novembre et vient de dégrader BNPP à AA-…la Tribune, Handelsblatt (3)
1/ L’ennui est que ces pratiques malsaines, ne sont pas sans rappeler les grands quotidiens des années trente, alors pour la plupart entre les mains des maîtres des forges, des cents familles. Cette presse là a failli et fut sanctionné aprés la défaite de ses amis de Vichy et admirateurs du III Reich par le gouvernement du général de Gaulle au nom du CNR dés 1945.
2/http://www.handelsblatt.com/unternehmen/banken/koennen-sie-nachts-noch-ruhig-schlafen/4745180.html