Contre-réforme des retraites : le sens des manifestations
Le pouvoir s’ingénieà chercher une démobilisation, un débutde renoncement, une apparenterésignation, en nous livrant des chiffres extravagants relayés par une partiedes médias comme le Monde, qui nous annonçait le chant du cygne aulendemain de la manifestation la plus importante à ce jour : celle du 12octobre. Hier son site reprenait en milieu d’après midi le communiqué duministère de l’intérieur recul de la mobilisation, pour se corriger au fil desheures. Partagé entre le désir de ne pasdéplaire à son patron Eric Fottorino, à ses patrons actionnaires, et en même temps obligé de concéder la réalitéde manifestations qui se poursuiventavec une détermination intacte.
Il est quand même effarant que notre élite journalistique, économique et sociale, cherche désespérémentles signes d’un affaiblissement des plus grandes manifestations depuis 1995,qui plus est unique par leur caractère répétitif et rapproché (2manifestations en une semaine, 5 depuis mi septembre), la sixième et n’en déplaise aux augures du pouvoir ne sera pas ladernière mardi 19 octobre.
Comment une élite peut-elle être aussi éloignée du peuple, de ses inquiétudes,de ses souffrances, de sa volonté d’être entendu, de l’intérêt général, pour caricaturer à ce point la plus grande vague de manifestations de cedébut de siècle.
Comment ce cercle dela « raison », peut il être enfermé dans son savoir au point d’ oublierde l’utiliser pour essayer de comprendre ce qui conduit un peuple massivementet dans sa diversité à refuser avec une telle détermination, une contre réformesymbole de tous les régressions qui lui sont imposés depuis 30 ans par lesconseillers , experts , dirigeants de multinationales, les marchés financierset les gouvernant à leur service.
Comment cette éliteintelligente peut-elle dénier aux autres le droit de s’exprimer, de sedéfendre, alors qu’elle s’exonère sans état d’âme des sacrifices demandés aux salariés, PME,commerce et services !
La démocratie, c’estle débat, le débat c’est la liberté de l’information, sa large diffusion et lapossibilité donnée à chacun d’exprimer son point de vue : le dialogueavant la décision prise en commun.
La mondialisation libérale est pressée, se veut efficace et heureuse, elle a instauré un nouveau mode de décision :l’explication par des experts choisispour leur acquiescement, le matraquage dans tous les médias des nécessitésimpératives de la contre réforme. Ce rabâchage se fait sans partage, les points de vue opposés oudifférents sont
Comme l’aremarquablement écrit Emmanuel Todd, qui dira jamais combien de souffrance sontinfligés au peuple au nom d’idées erronées mais profitables à une poignéede dominants et leurs cours. Qui oseraregarder cette souffrance, cette misère qui revient avec son cortège dechômeurs qui s’allongent depuis 30 ans, le retour des salariés pauvres, de laprécarité, ces salariés qui souffrent au travail au point de se suicider. Qui parle de cette violence infligé à cepeuple au nom du réalisme économique ?
Qui osera nous faire croire que les sacrificesdemandés à nos peuples profitent aux peuples des bidonvilles de Bombay, deDjakarta, ou aux paysans chinois ?
Les manifestationsnous apprennent que ce peuple longtemps silencieux est maintenant déterminé, saprésence multiple et constante dans les manifestations, soulignent sa volontéet non la velléité de (désolé M Fottorino). Ce peuple a une culture républicaineet démocratique, il ne supporte pas longtemps l’injustice, le cynisme et lemensonge, il connaît ses droits et ses devoirs. Ces manifestations nousapprennent que la résignation du peuple n’était que le fantasme des dominantset leurs serviteurs.
Continuons àmanifester, amplifions la voix de ce peuple rebelle et courageux, qui fait faceà toutes les élites médiatiques et à un pouvoir, sourd et aveugles docile à sesmaîtres les marchés financiers.
Comment cette élite ose t elle faire appelle à larésignation face aux marchés, Oublie t elle qu’il fut un temps où cette mêmeélite défendait l’esclavage, puis le travail des enfants, l’absence de congés avec les mêmes arguments au nom de la soumission aux dominants dumoment.
Le peuple aujourd’huicomme hier, se révolte contre latyrannie, celle de la noblesse, de la dictature de la race, des classes etaujourd’hui celle du rendement du capital : des marchés financiers.
Jean Bachèlerie