Misou, notre minette,poursuit son enquête sur le thème pourquoi l'homme peut être un loup pourl’homme ? Pourquoi faire souffrir les êtres humains au travail.
Misou et son frère Tigrou s’interrogent ? L’être humainest intelligent, il pourrait vivre assez heureux, en profitant du travail quetous les hommes ont fait depuis des millions d’années ? De toutes lesdécouvertes ? Du savoir accumulé ? L’homme est un être social. Pourquoi est-il incapable de vivre durablement en paixet de faire progresser toute l’humanité ?
Tigrou : l’homme est un être social mais par peur de l’autre,par goût du pouvoir, avidité, cupidité, l’élite considère faire son devoir et le bien de tousen exploitant d’autres hommes.
Misou : c’est vrai mais compte tenu des découvertes en psychologie etpsychanalyse, il faut sortir du carcan des jugements moraux. Pourquoi l’êtrehumain n’y arrive pas ?
Tigrou : L’homme peut avoir un comportement social,mais il peut aussi en raison de son histoire personnelle et collective, de son angoisse, de sa peur de l’autre, avoir le gout de la revanche, de la lutte, etle besoin pour vaincre sa peur de l’autre de le dominer.
Lola (la belle sœur de Misou), la femme de Tigrou :Vous oubliez la sociologie, et en particulier le travail de Pierre Bourdieu,l’habitus, le champ, bref tout ce qui peut expliquer le comportement de l’êtrehumain en société.
Misou :Cela nous éloigne du récupérateur Darcos ?Comment récupérer une bonne initiative et l’enterrer, faire semblant d’en tirertoutes les conséquences : prévenir la souffrance au travail et y mettrefin. Faire des états généraux du stress ou une liste des bonnes pratiques!
Tigrou :La souffrance au travail n’est que laconséquence d’une perception idéologique de l’être humain : l’être humainest mauvais. Il lui faut donc une élite pour le guider, une religion, unemorale et des lois et ainsi que des spécialistes, forces de l’ordre et DRH pours’assurer que l’être humain suivra les commandements de cetteidéologie/religion, restera soumis.
Misou : La souffrance au travail vient de cette peur del’autre, qui est naturellement mauvais, paresseux, tricheur, pour paraphraserle grand médiocrate du JT David Pujadas, il faut avoir le courage de s’attaqueraux dominés, salauds de pauvres, minables dominés, sous homme comme diraitGeorges Frêche ! Comment peut-on être D.Pujadas ?
Pour soumettre les dominés, pour les maintenir dans le droitchemin de la productivité maximum pour la plus grande satisfaction desdominants (0,5% de la population), que ce soit dans une entreprise ou dans lasociété, il faut développer à partir de cette idéologie de l’ »ordrenaturel » contre révolutionnaire, une technique de gestion des êtreshumains au travail, Ressources humaines, puisque c’est le champ qui nousintéresse. Cette technique est le management, avec au dessus la bonne gouvernance.
Le management c’est l’organisation d’une entreprise et lesméthodes pour gagner plus en faisant produire toujours plus dans un tempsminimum et pour moins cher, et ainsi créer toujours plus de valeur pour les réactionnaires. Ensuite onfait travailler plus longtemps pour augmenter la profitabilité. Tout cela aunom du dieu marché et de la loi de la concurrence, libre et non faussée :la loi de la jungle.
Lola : Cette loi de la jungle, un certain nombre desociologues du travail ont mis à jour ses méthodes : Ch. Dejourssouffrance au travail, JP Le Goff, la barbarie douce, Vincent de Gaulejac, lasociété malade de la gestion, tous montrent que l’exploitation de l’homme parl’homme s’est perfectionnée, au point d’emprunter aux états et régimestotalitaires un certain nombre de « bonnes pratiques » :détruire psychologiquement, un salarié qui résiste, instaurer la délation et lasurveillance par le groupe au nom de la rémunération personnelle, stigmatiser,isoler, au nom de l’intérêt supérieur de l’entreprise, autrefois de la nation, briserles résistances psychiques: tout cela est emprunté à la formation des troupes d’élite, comment tuer un petit chatque le jeune manager a élevé pendant quinze jours : pour montrer sa forceinébranlable, son esprit de sacrifice, pour le bien du groupe.
Misou : Cela a permis à la barbarie douce de s’ajouterà l’exploitation de l’homme par l’homme, de transformer le travail nécessaire àl’épanouissement de l’homme, en machine à broyer la personne, la personnalitéde chacun.
Misou tu ennuies leslecteurs de Médiapart.
Tigrou: Darcos tire de sa poche une liste d’entreprisesconformes, liste verte. La conformité, autre mot ou mal du management, êtreconforme au règlement, à la charte, peut importe si cette conformité, lerespect des bonnes pratiques, est l’arbre qui cache la forêt des salariéssouffrant au travail, et cache une réalité différente. Il suffit de respecterles règles, la forme, le fonds on s’en fout.
Au hasard dans la liste verte, les entreprises modèles,celles qui suivent « les bonnespratiques » : Renault, quidéfraye régulièrement la chronique en raison des méthodes de managementmusclées qui ont conduit des salariés, cadres, ingénieurs à sauter par lafenêtre, pour rire sans doute!
BNP Paribas, le modèle »,ce qui se fait de mieux dans le monde de la banque, son management desressources humaines musclé, son dialogue social exemplaire : c’est commeça et pas autrement, il n’y a rien à négocier, circulez, le harcèlement estindustrialisé, les suicides continuent, de temps en temps comme en février 2008la presse s’en empare, le harcèlement estcréateur de valeur pour les réactionnaires et les dirigeants réactionnaires.
Carrefour , chacun sait que les salariés y sont heureux à en mourir, demandez aux caissières, hôtesse de caisse,pardon, aux employés !
Bristol Myers Squibb les salariés qui bénéficient des plans sociauxcomme diraient Monsieur Darcos, sont heureux de ne plus avoir d’emploi, d’êtrejetés, c’est la vie comme dit Madame Parisot tout est précaire même l’amour !ils ont la chance de pouvoir devenir riscophile : autoentrepreneurtaillable et corvéable sans merci !
IBM a défrayé la chroniqueavec son système d’évaluation qui trie les ressources en :
Citron à presserencore,
Machine réparable,
Ressources à jeter doucement mais sûrement.
Tigrou, tu ennuies les lecteurs de Médiapart.
Lola : Darcos écrase les dominés et rassure lesdominants. Tout va bien, dans le meilleur des mondes possibles. En plus il s’excused’en avoir trop fait ! Comment ose t il se moquer ainsi ?
Allez Xavier Darcos, courage, organisez les étatsgénéraux du stress, c’est quand même mieux que souffrance au travail.
Lola : Quel souffrance, pour les dominants tout vabien, d’accord ils font souffrir, mais ils ne peuvent faire autrement, il fautcréer de la valeur pour eux dirigeants réactionnaires et pour les réactionnaires, non ?
Tigrou : ils ont bien mérité leur bonus et stock options,leurs salaires gros mais justifiés, par tant de risques pris pour le bien dumarché, de la mondialisation rétrograde, ils méritent cette retraite chapeau,ils font tant pour être riches et puissants, ils ont de droit de s’enrichirjusqu’à leur dernier souffle, c’est le mérite justement récompensé.
Lola et Misou : Vive les riches toujours plus riches,et à abs les dominés pauvres jamais assez pauvres !
Tigrou, Lola et Misou : ils sont vraiment fous leshumains, ils nous traitent de chats sauvages, eux c’est des barbares en colblanc.
Entrevue de Jean Bachèlerie avec Lola, Misou et Tigrou, finsobservateurs des humains.…