L'Occident, l'air de la Liberté : le sens des mots et la confusion des esprits. Il est de bon ton, depuis 30 ans, de prendre une posture morale, de mettre en avant les droits de l'homme, la Liberté, au nom de la démocratie occidentale, de dépeindre le monde comme le monde occidental civilisé et le reste du monde, les dangers qu’il représente pour la civilisation « occidentale » bien sûr.
De quelle liberté s'agit-il? De quelle démocratie?
La réponse sonne comme une évidence de la liberté qui règne pour le plus grand bonheur des peuples des démocraties occidentales, des pays de l’Alliance Atlantique et leurs alliés.
Sont ils vraiment si convaincus, puisque leur pensée: Les nouveaux philosophes jouent un rôle depuis la décennie 70, et ont fait d’une vision de la politique : la lutte contre le totalitarisme et pour la liberté, la démocratie et les droits de l’homme, l'alpha et l'oméga de leur pensée.
L'équation est simple: Démocratie = Occident = Liberté = droits de l’homme = civilisation occidentale = modernité..
Les nouveaux philosophes: BHL, André Glucksman, Alain Finkielkraut, ...occupent depuis la fin des années 70 une position dominante dans les médias. Cela peut surprendre les philosophes, car leur oeuvre philosophique n'a rien de comparable avec celles des philosophes français célèbres dans le monde entier, comme Sartre, Camus, Aron, et plus prés de nous Derrida, Gauchet, Bourdieu, Rancière...
En effet sans vouloir polémiquer cette école de pensée est plutôt celle d'essayistes, voir de talentueux polémistes que de philosophe (Ensemble des études, des recherches visant à saisir les causes premières, la réalité absolue ainsi que les fondements des valeurs humaines, et envisageant les problèmes à leur plus haut degré de généralité définition du Robert). Leur pensée n’a rien apporté de nouveau.
Sous l'impulsion des médias modernes, les mots ont tendance à s'éloigner de leur sens premier. Depuis les années trente, la montée des idéologies totalitaires, en, le sens des mots a été retourné, détourné, au point que la répétition et l'habitude aidant, nous en acceptons le sens sans le moindre esprit critique. Pourtant un philologue comme Viktor Klemperer avec son journal au temps du II° Reich et son mode d'emploi LTI ( Lingua Tertii Imperii), démonte les mécanismes de ce qu'est devenue la propagande au quotidien dans l’enfer du III° Reich..
De nos jours dans nos démocraties occidentales la propagande n'existe plus, elle est remplacée par la communication. La mondialisation avec les nouvelles technologies de l'information permet l'envahissement de nos pensées par les divers médias et la communication. Eric Hazan a fort bien décrypté ce mécanisme dans son livre LQR, Lingua Quinta Republica) la propagande au quotidien( raisons d'agir 2006).
Que des essayistes participent au renouveau de la rhétorique réactionnaire età sa propagande, relève de leur liberté d'expression, dans ce cas, ils s'exposent à la critique virulente, de tous ceux qui n'ont pas accès à ces moyens de communications qui amplifient les messages, les martèlent jusqu'à en faire des évidences qu’ilsne se sentent aucunement obligé de partager.. Que ces mêmes essayistes veuillent nous faire prendre leurs convictions de citoyens pour des valeurs naturelles, des idées démontrées comme le feraient d'authentiques philosophes en usant de leur pouvoir médiatique, relève du mépris pour le débat, aussiindispensable à ladémocratie, que la liberté de la presse. .
Prenons leurs mots: la démocratie occidentale, les pays occidentaux. Que signifient ces mots dans la réalité politique d'aujourd’hui ! Cela signifie les démocraties anglo-saxonnes et européennes qui adhèrent à l'idéologie de la mondialisation libérale. Le processus de mondialisation est piloté faut-il le rappeler par une puissance: le gouvernement des Etats Unis d'Amérique, et pas n'importe quel gouvernement, celui de GeorgesW Bush, élu dans des conditions qui ont fait peu de cas de la démocratie et de ses règles. Georges W Bush est arrivé au pouvoir au nom de l'idéologie néo-conservatrice, en bon français, néo-réactionnaire, car il s'agit bien d'une réaction apparue avec Margaret Thatcher à la fin des années 70en Grande Bretagne, suivie par Ronald Reagan et les néo-conservateurs américains.
La mondialisation"libérale" est une restauration, une politique de domination du monde, qui n'est pas neutre idéologiquement, elle est fondée sur la philosophie des contre révolutionnaires du XVIII° et XIX° siècle, et sur la pensée d'économistes de l'école de Chicago et des conservateurs comme Von Hayek, qui ont remis au goût du jour un capitalisme "pur", ou intégriste.
Cette pensée s'est donnée des outils, les théories du management, qui n'est pas plus naturel que les lois économiques, une utilisation de méthodes de communication pour faire de la propagande.
D'où vient le naturalisme en politique, en économie, en philosophie: ce sont les fameuses lois naturelles remises au goût du jourpar les penseurs réactionnaires du XVIII° siècle jusqu'à Maurras, et aujourd’hui les néo-cons..
Lorsque nous entendons défendre les valeurs de l'occident chrétien, nous tombons dans la rhétorique réactionnaire, contre révolutionnaire. Pour caricaturer les gens de ma génération, ceux du baby boom, ont croisé sur leur chemin, des groupes politiques qui se réclamaient des valeurs occidentales et chrétiennes: Jean Louis Tixier Vignancour, candidat de l’extrême droite aux élections présidentielles de 1965. Soutenu par tous les mouvements nationaux et nationalistes dont la génération Occident,des Gérard Longuet, Alain Madelin, Alain Robert, Patrick Devedjian, Europe Action devenue le GRECE, et la nouvelle droite dans les années 70... qui depuis ont fait leur chemin et ont contribué à la reconquête culturelle de la droite conservatrice et du pays..
Lorsque BHL et André Glucksmann dans un appel SOS Géorgie, SOS Europe reprennent presque mot pour mot la rhétorique réactionnaire, nous avons le devoir de les interroger. Vous rendez vous compte, Messieurs, dans votre aveuglement, que vous êtes devenus les alliés de la réaction qui gouverne l'Hyperpuissance américaine et qui tente de refonder le monde sous le nom de mondialisation libérale. Non n'en déplaise à un éditorialiste disparu, nous ne sommes pas américains, non la France et l'Union Européenne ne peuvent accepter d'être réduites au rôle de supplétifs d'une Hyperpuissance qui ne mène pas une politique de droits de l'homme, de respect des peuples,de liberté, de démocratie, mais la politique d'un empire qui veut dominer le monde, au nom de ses propres intérêts qui coïncidant si bien avec la pensée des contre révolutionnaires et de leurs contre réformes.
En France nous constatons avec l'arrivée de Nicolas Sarkozy et la transformation du parti gaulliste en parti ultra conservateur, à la mise en place de cette politique au nom des mêmes mots et mêmes valeurs qui sont comme le montre Alain Bihr la Novlangue néo libérale (Editions page deux) les valeurs de la réaction au sens philosophique du terme, ceux d’une droite réactionnaire et contre révolutionnaire.
Nous avons le droit au nom des valeurs de liberté, de république et de démocratie, de redonner aux mots leurs vraies significations par exemple: réforme = contre réforme, création de valeur pour l'actionnaire = transfert de l’essentiel de la plus value des salariés vers le capital, libre concurrence = oligopoles, flexibilité du marché du travail = régression sociale, rupture = retour à l'ordre ancien, le monde rêvé des penseurs réactionnaires et primauté des intérêts concrets qu'il dissimule sur le respect des citoyens et des lois de la République.
Liberté de la presse = mise au pas de tous les médias, exemple retour à l'ORTF et nomination des dirigeants des télévisions et radios publiques par le Président de la République, Liberté de l'argent, des industriels d'acheter sans limite les radios, télévisions et journaux pour servir leurs intérêts.
Aujourd’hui, revenons-nous aussià la seulestratégie efficace face à un empire, RESISTER.
Jean Bachèlerie