Risquer une guerre nucléaire pour une Ukraine corrompue et de plus en plus répressive
de Ted Galen Carpenter*
publié 26, 2022 www.defenddemocracy.press/risking-nuclear-war-for-a-corrupt-increasingly-repressive-ukraine/
traduction libre de Jean Bachèlerie
Heureusement, le président Biden a jusqu’à présent rejeté les politiques les plus risquées que les faucons veulent imposer en réponse à l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Malgré d’intenses pressions, il continue d’exclure la possibilité de proclamer une zone d’exclusion aérienne, et il rejette catégoriquement les suggestions (y compris de la part d’un proche allié politique) le poussant à envoyer des troupes américaines en Ukraine.
Cependant, même les politiques adoptées par l’administration comportent un risque inacceptable d’empêtrer les États-Unis dans une confrontation militaire avec une puissance nucléaire. Les États-Unis et certains alliés de l’OTAN déversent des armes de plus en plus sophistiquées en Ukraine pour renforcer la résistance de ce pays à l’invasion. La Russie a récemment réitéré son avertissement selon lequel ces cargaisons sont des cibles militaires légitimes. En plus de fournir des armes à l’Ukraine, Washington partage des renseignements militaires clés avec Kiev. Les États-Unis sont sur le point de devenir carrément belliqueux dans une guerre extrêmement dangereuse.
Il serait imprudent pour les dirigeants américains de mettre l’Amérique en danger, même si l’Ukraine était la démocratie la plus parfaite de l’histoire. Il est tout à fait irresponsable de le faire pour un pays épouvantable, corrompu et de plus en plus autoritaire. Pourtant, c’est une description exacte de l’Ukraine d’aujourd’hui.
Le double problème de la corruption et de la répression était évident bien avant que la Russie ne lance son invasion. L’Ukraine est depuis longtemps l’un des pays les plus corrompus du système international, et cette situation ne s’est pas améliorée de façon appréciable après que la soi-disant révolution orange ait placé le pro-occidental Viktor Iouchtchenko à la présidence en janvier 2005. La présidence de Iouchtchenko est continuellement entachée d’accusations de corruption. Sa réputation n’a pas été améliorée par le style de vie ostentatoire de son fils de 19 ans, circulant bruyamment dans les rues de Kiev dans une nouvelle voiture de sport BMW d’une valeur de 120.000 $. Les médias ont abondamment parlé des irrégularités financières apparentes impliquant le président et sa famille.
Un processus similaire s’est produit après la révolution de Maïdan en 2014, lorsque des manifestants soutenus par les États-Unis ont renversé le président élu de l’Ukraine, pro-russe, Viktor Ianoukovitch. Le nouveau président issu de cette tourmente, l’oligarque Petro Porochenko, était au moins aussi corrompu que ses prédécesseurs. En effet, la frustration de l’opinion face à l’omniprésence des lobbies et de leurs intérêts dans son gouvernement a été une des principales raisons de la victoire du comédien rebelle Volodymyr Zelensky à l’élection présidentielle de 2019 en Ukraine.
Facebook Allows Praise of Neo-Nazi Ukrainian Battalion If It Fights Russian Invasion
Les efforts pour étouffer les critiques internes sont également devenus évidents quelques mois seulement après la révolution de Maïdan, et ils se sont accélérés au fil des ans. Les responsables ukrainiens harcelaient les dissidents et opposants politiques, adoptaient des mesures de censure et interdisaient les journalistes étrangers qu’ils considéraient comme critiques du gouvernement et de ses politiques. Ces actions offensives ont été critiquées par Amnesty International, Human Rights Watch, l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et d’autres observateurs indépendants. Le bataillon néo-nazi Azov est devenu une partie intégrante de l’appareil militaire et de sécurité de Porochenko, et il a conservé ce rôle pendant la présidence de Zelensky.
Le problème de la corruption reste extrêmement tenace, et le niveau de répression s’aggrave rapidement. Au mieux, l’ampleur de la corruption s’est légèrement améliorée sous la direction de Zelensky. Dans son rapport annuel publié en janvier 2022, Transparency International a classé l’Ukraine 122 sur 180 pays examinés, avec une note de 32 sur une échelle de 1 à 100 points. En comparaison, la Russie, avec son niveau notoire de corruption, se classait légèrement en dessous, 136, avec un score de 29.
Le bilan de Kiev en matière de démocratie et de libertés civiles avant la guerre actuelle n’était pas bien meilleur que sa performance en matière de corruption. Dans le rapport de 2022 de Freedom House, l’Ukraine figurait dans la catégorie « partiellement libre », avec une note de 61 sur 100 possibles. D’autres pays de cette catégorie comprenaient des modèles de démocratie comme les Philippines de Rodrigo Duterte (55), la Serbie (62) et Singapour (47). Fait intéressant, la Hongrie, qui est une cible fréquente de critiques vitrioliques parmi les progressistes en Occident en raison de la position anti-mondialiste du Premier ministre Viktor Orban et de ses politiques sociales nationales conservatrices, s’est classée 8 points plus haut que l’Ukraine, qui reçoit des éloges non critiques de la part des mêmes factions idéologiques occidentales.
Le rapport de 2021 de Human Rights Watch sur l’Ukraine était également loin d’être favorable. « La justice pour les abus liés aux conflits commis par les forces gouvernementales, y compris les détentions arbitraires, la torture ou les mauvais traitements, est demeurée illusoire. » Fait tout aussi troublant, « le gouvernement a proposé des modifications législatives qui menacent la liberté d’expression et les médias. Les journalistes et les professionnels des médias ont été victimes de harcèlement et de menaces liées à leurs reportages. » Ce n’était pas exactement ce que les admirateurs occidentaux considèrent comme une « démocratie jeune et dynamique ».
Dés avant le début de la guerre, le niveau de répression était inquiétant sous Zelensky. En février 2021, le gouvernement ukrainien a fermé plusieurs médias d’opposition sur la base d’allégations selon lesquelles ils étaient des outils de propagande russe. Le propriétaire de trois des stations de télévision fermées, Viktor Medvedchuk, était en effet un ami de longue date de Vladimir Poutine, mais il était aussi un citoyen ukrainien censé avoir le droit de participer à une presse libre. En mai 2021, le gouvernement Zelensky a arrêté Medvedchuk et l’a accusé de trahison. Alors que 2021 tirait à sa fin, il y avait des indications inquiétantes que le gouvernement « démocratique » de l’Ukraine devenait de plus en plus autocratique. Fin décembre, les autorités ont même accusé l’ancien président Petro Porochenko de trahison. Tout comme la Révolution française, la révolution ukrainienne du Maïdan devenait de plus en plus intolérante, et elle montrait des signes de dévorer certains de ses propres dirigeants.
Les choses ont empiré en temps de guerre. Zelensky a rapidement utilisé la guerre comme une justification pour interdire 11 partis d’opposition et de rassembler toutes les stations de télévision nationales en une seule plate-forme pour assurer un message unifié sur la guerre et d’empêcher soi disant la désinformation. Le virus envahissant de la répression s’est aggravé. Zelensky a congédié deux hauts responsables de la sécurité nationale et les accusa d’être des traîtres. D’autres fonctionnaires, moins connus, ont subi des destins similaires. En effet, de vagues allégations de « trahison » sont devenues une justification universelle pour arrêter, torturer et même assassiner un nombre croissant d’opposants au régime. Les incidents sont devenus beaucoup trop nombreux pour être discutés dans une tribune, mais on peut trouver de bons traitements détaillés ici et ici.
La conduite de Zelensky tourne en dérision le culte du héros relayé par une grande partie des médias d’information de l’establishment américain. Un exemple typique est un article du chroniqueur Bret Stephens du New York Times du 19 avril 2022 décrivant les nombreuses raisons pour lesquelles les Américains aiment tant le chef ukrainien. L’un d’eux est que « nous admirons Zelensky parce qu’il a restauré l’idée du monde libre. Le monde libre n’est pas une expression culturelle, comme dans « l’Occident »; ou un concept de sécurité, comme dans l’OTAN; ou une description économique, comme dans « le monde développé ». L’appartenance au monde libre revient à tout pays qui souscrit à l’idée que le pouvoir de l’État existe d’abord et avant tout pour protéger les droits de l’individu. Et la responsabilité du monde libre est d’aider et de défendre tous ses membres menacés par l’invasion et la tyrannie. »
Comme si cette justification et plusieurs autres raisons tout aussi farfelues citées par Stephens n’étaient pas suffisantes, « Nous admirons Zelensky parce qu’il a l’espoir que nos propres démocraties troublées élisent encore des dirigeants qui peuvent inspirer, ennoblir, voire nous sauver. Peut-être pourrons-nous le faire quand il ne sera plus aussi tard que maintenant pour le peuple ukrainien et son leader indomptable. » Les victimes qui se trouvent maintenant dans les chambres de torture de Zelensky seraient probablement en désaccord avec l’évaluation de Stephens.
Rejetant les arguments en faveur d’une intervention militaire dans les Balkans chroniquement instables, le chancelier allemand du XIXe siècle, Otto von Bismarck, soutenait que les Balkans « ne valaient pas la vie d’un seul grenadier de Poméranie ». L’Ukraine corrompue et de plus en plus autoritaire ne vaut pas la vie d’un seul Américain. Risquer la guerre avec une Russie nucléaire qui pourrait tuer des millions d’Américains est plus que honteux. L’administration Biden doit faire plusieurs pas en arrière.
* Ted Galen Carpenter, agrégé supérieur en études de défense et de politique étrangère à l’Institut Cato, est l’auteur de 12 livres et de plus de 950 articles sur les affaires internationales.
Lire aussi
Facebook fait l’éloge du bataillon ukrainien néo-nazi s’il lutte contre l’invasion russe
27/02/2022
Le changement d'attitude soulève des questions sur la modération du contenu basé sur la liste noire de Facebook, qui, selon les critiques, manque de nuance et de contexte.
Par Sam Biddle
24 février 2022
Facebook permettra temporairement à ses milliards d’utilisateurs de faire l’éloge du bataillon Azov, une unité militaire néo-nazie ukrainienne auparavant interdite d’être librement discutée dans le cadre de la politique de la compagnie Personnes et organisations dangereuses, a appris The Intercept.
2/http://www.defenddemocracy.press/german-navy-chief-schonbach-resigns-over-comments-on-putin-crimea/
Le chef de la marine allemande Schönbach démissionne suite aux commentaires sur Poutine, Crimée
Le vice-amiral Kay-Achim Schönbach a démissionné de la tête de la marine allemande après avoir déclaré publiquement que la Crimée avait été perdue au profit de l’Ukraine et que Vladimir Poutine méritait « probablement » le respect.
22 janvier 2022
L’Allemagne a fait face à un incident diplomatique samedi à la suite des commentaires du chef de la marine Kay-Achim Schönbach sur le président russe Vladimir Poutine et la crise en Ukraine. Schönbach a démissionné de son poste en fin de journée samedi.
« J’ai demandé au ministre de la Défense Christine Lambrecht de me relever de mes fonctions avec effet immédiat », a déclaré le vice-amiral Kay-Achim Schoenbach dans une déclaration citée par l’agence de presse Reuters.
« Le ministre a accepté ma demande », a-t-il ajouté.
Quelles étaient les remarques de Schönbach?
Schönbach a fait les commentaires lors d’une conférence qu’il a donné lors d’une visite en Inde. Prenant la parole à l’Institut d’études et d’analyses de défense Manohar Parrikar, le vice-amiral allemand a déclaré que Poutine méritait « probablement » le respect.
« Ce qu’il veut vraiment, c’est du respect », a dit le vice-amiral, en parlant en anglais dans des remarques qui ont été affichées sur une vidéo sur YouTube.
« Et, mon Dieu, donner du respect à quelqu’un coûte peu, même pas un sou. Il est facile de lui accorder le respect qu’il exige réellement - et qu’il mérite probablement aussi », a déclaré M. Schönbach, qualifiant la Russie de pays ancien et important.
Schönbach a déclaré que les questions posées par la Russie en Ukraine devaient être étudiées, mais a ajouté que « la péninsule de Crimée est partie, elle ne reviendra jamais - c’est un fait ».
Continuer la lecture
- Mémorial soviétique profané à Berlin
- FÉDÉRATION INTERNATIONALE DES RÉSISTANTS (FIR) – ASSOCIATION ANTIFASCISTE
- Nous avons reçu les photos ci-jointes de la profanation du Mémorial soviétique à Berlin-Treptow Park, où les membres de la CE ont honoré à l’automne de l’année dernière les anciens combattants de l’Anti-Hitler-Coalition pour la libération de Berlin en mai 1945.
- Nous condamnons clairement cet acte barbare contre le souvenir des anciens combattants soviétiques de la grande guerre patriotique. Ainsi, qui pense qu’ils protesteraient contre la guerre en Ukraine avec une telle profanation, désobéir également à la mémoire des soldats ukrainiens dans les rangs de l’armée rouge aussi.
- Nous appelons les autorités allemandes à protéger les monuments aux soldats soviétiques en ce moment. Nous appelons les antifascistes à élever leur voix contre une telle profanation.
- Dr Ulrich Schneider
- Secrétaire général du FIR