Troisième voie, l’éternel retour d’une stratégie du renoncement.
François Hollande est un social libéral, depuis 1984 comme le montre Stéphane Alliés dans son article : Hollande renoue avec la « Troisième alliance », souligne la volonté politique de François Hollande de rompre avec Le clivage droite gauche.
Cette utopie n’est pas nouvelle, elle remonte au XIX° siècle lorsque le pape Pie XI appelle à une troisième voie entre socialisme et capitalisme. Au temps de la guerre froide, elle avait pour nom la troisième force, qui fit les beaux et les mauvais jours de la IV° république, la conduisant à son échec final.
Cette utopie fit un retour dans les années 90 , théorisée entre autres par A.Giddens pour Tony Blair, repris par Schroeder et le SPD (manifeste Blair Schroeder pour les élections européennes de 1999), les sociaux démocrates scandinaves et aussi d’Europe du Sud Portugal, Espagne, Italie, Grèce. 20 ans plus tard, ce rêve d’une politique apaisée, sans conflits sociaux grâce à des syndicats réalistes, a fait long feu.
Cette troisième voie n'est plus entre le socialisme et le capitalisme mais entre le capitalisme et le capitalisme!
François Hollande veut faire ce que Jacques Delors voulait faire en 1995, gouverner avec les centristes. Cette majorité n’existant, Delors renonça.
François Hollande s’est fait élire par la gauche, pour mener une politique de centre droit. L’échec après dix mois est patent.
La raison est simple dans les années 90, l’illusion du dépassement du clivage droite gauche a fait long feu. Les politiques sociales libérales menées en Europe dans le monde ont toutes échouées. Elles reposaient sur la confusion entre les clivages idéologiques et la réalité économique et sociale.
La réalité est toujours plus forte que l’idéologie fut-elle celle consensuelle de la troisième voie.
La mondialisation heureuse à laquelle devaient conduire ces politiques de coopération entre le centre gauche et les dominants s’est révélée un cauchemar, débouchant sur la crise la plus grave de l’histoire moderne.
A vouloir ignorer l’économie, les rapports de force entre les dominants et les dominants et les dominés, leurs causes, pour dépasser les clivages "archaïques", la social démocratie devenue sociale libérale a échoué partout. Elle a confondu les conséquences avec les causes.
Non seulement elle a échoué, mais elle s’est discréditée et a perdu sa crédibilité. Ses défaites historiques l’attestent : en Allemagne, au Royaume Uni, en Italie, en Espagne, au Portugal, en Grèce, en France en 1993, puis 2002, mais aussi on l’oublie trop souvent dans ses bastions scandinaves et nordiques comme la Suède, le Danemark, la Finlande. La sociale démocratie de première force politique n’est plus que la deuxième ou troisième.
Au plan économique la crise n’a pas épargné les pays ayant adopté le modèle social libéral, comme on voudrait nous le faire croire. Au contraire elle les a durablement affaiblis et les a relégués au troisième plan. En Allemagne et dans les pays nordiques, à l’exception notable de la Norvège, (qui n’a pas choisi le social libéralisme et cela n’est pas sans rapport a refusé de devenir membre de l’Union Européenne,)la social-démocratie a perdu un quart, de parti dominants, ces partis sont devenus dominés par la droite.
Le social libéralisme n’a pas empêché la crise économique, n’a pas empêché le retour de la pauvreté de masse, ni du chômage de masse, cette politique a eu pour corollaire les mêmes recettes que celles du néolibéralisme : baisse de la fiscalité pour les hauts revenus et les grands groupes, dérégulation, privatisation des banques , industrie et services publiques, explosion des inégalités et retour de la grande pauvreté, baisse du niveau de vie de la classe moyenne et avenir assombri pour leurs enfants. En Europe, le social libéralisme, qui n’est en fait que la version rose du néolibéralisme, s’appuie sur la Commission européenne, la BCE indépendante comme il se doit, et les gouvernements de droite comme de centre gauche.
Cette politique pratique la soumission aux grands groupes, aux marchés financiers, aux bourses au nom du réalisme, de la nécessité de passer des compromis.
L’ennui est que dans la vraie vie politique les compromis sont le fruit d’un rapport de force, mobilisation des salariés contre patronat, le social libéralisme en désarmant les syndicats et en refusant les conflits, subit la loi des dominants sans combattre. Ce refus de combattre a des conséquences :l’ électorat populaire et une grande partie des classes moyennes se s’abstiennent et au pire vote pour l’extrême droite, au nom du tous pareils, tous pourris.
Refuser d’assumer ses idées, ses idéaux, son rôle d’opposant désespère l’électorat de gauche et fait le lit de la droite extrême et de l’éxtrême droite.
Pire les reculs, les compromis imposés par le social libéralisme ne freinent pas les forces dominantes, au contraire, cela encourage les patronats et les partis de droite à exiger toujours plus de dérégulation, de marché, de profits, toujours moins d’état, de régulation, d’impôts, de solidarité.
La politique de François Hollande, son pragmatisme, sa préférence pour la liberté, les entrepreneurs, a un nom : social libéralisme, social libéralisme assumé par Jean marc Ayrault, « nous ferons mieux et plus vite que Gerhard Schroeder. Le résultat est la crise historique de l’Europe ! », elle nous conduit sauf réaction des salariés au pire: le retour de la droite extrême décomplexée et alliée à l’extrême droite. Cela indiffère aussi bien le FMI, l’OCDE, l’OMC, la BCE que la Commission Européenne, l’important est de mettre en place un modèle économique où les inégalités sont considérées comme justes et le fait que 90% de la population souffre est normale,
Les souffrances infligées à 90 de la population ne servent que les intérêts dominats.
Au nom de quoi ?