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Jean Baubérot-Vincent

Jean Baubérot-Vincent (ce double nom est le résultat d'ajouter le nom de mon épouse au mien, puisqu'elle a fortement contribué à faire de moi ce que je suis). Professeur émérite de la chaire « Histoire et sociologie de la laïcité » à l’Ecole pratique des Hautes Etudes. Auteur, notamment, de deux "Que sais-je?" (Histoire de la laïcité en France, Les laïcités dans le monde), de Laïcités sans frontières (avec M. Milot, le Seuil), de Les 7 laïcités françaises et La Loi de 1905 n'aura pas lieu (FMSH)

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Billet de blog 24 octobre 2013

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Jean Baubérot-Vincent (ce double nom est le résultat d'ajouter le nom de mon épouse au mien, puisqu'elle a fortement contribué à faire de moi ce que je suis). Professeur émérite de la chaire « Histoire et sociologie de la laïcité » à l’Ecole pratique des Hautes Etudes. Auteur, notamment, de deux "Que sais-je?" (Histoire de la laïcité en France, Les laïcités dans le monde), de Laïcités sans frontières (avec M. Milot, le Seuil), de Les 7 laïcités françaises et La Loi de 1905 n'aura pas lieu (FMSH)

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La France est un paradis

Allez, un peu d’évasion : quittons la politique pour écouter une belle histoire (mais peut-être la chute va nous ramener vers un aspect terre à terre) : il était une fois l’histoire d’un homme irréprochable (appelons le Robert). Bon époux, bon père, employé modèle, et catholique pratiquant.

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Jean Baubérot-Vincent (ce double nom est le résultat d'ajouter le nom de mon épouse au mien, puisqu'elle a fortement contribué à faire de moi ce que je suis). Professeur émérite de la chaire « Histoire et sociologie de la laïcité » à l’Ecole pratique des Hautes Etudes. Auteur, notamment, de deux "Que sais-je?" (Histoire de la laïcité en France, Les laïcités dans le monde), de Laïcités sans frontières (avec M. Milot, le Seuil), de Les 7 laïcités françaises et La Loi de 1905 n'aura pas lieu (FMSH)

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Allez, un peu d’évasion : quittons la politique pour écouter une belle histoire (mais peut-être la chute va nous ramener vers un aspect terre à terre) : il était une fois l’histoire d’un homme irréprochable (appelons le Robert). Bon époux, bon père, employé modèle, et catholique pratiquant. Bref, que des vertus et pas de vice apparent ou caché. A sa mort, il se retrouve illico au paradis. Normal.

Au paradis, tout est bien, tout est beau. Tellement bien et beau que notre homme, à la longue, s’ennuie un peu. Il espérait avoir gagné un paradis un peu plus fun. Il va trouver Saint Pierre qui le comprend, lui affirme qu’il n’est pas le seul à lui faire une telle observation et que, justement, mardi prochain, il y aura une excursion en enfer, pour tous les Paradisiaques (c’est ainsi que se nomment les habitants du paradis) qui ont un peu la bougeotte.

Robert, fort content, participe à cette excursion et, effectivement, elle comble son attente, et même au-delà. L’enfer, c’est Las Vegas en mille fois mieux : des spots extraordinaires, de la musique tonitruante, des nanas très maquillées au décolleté ravageur, des danses… endiablées. Bref, tout ce qu’il a rêvé en secret sa vie durant et n’a jamais oser réaliser… par peur d’aller en enfer, justement !

Robert s’éclate. Il va même conclure avec une blonde fort aguichante quand, patatras, c’est l’heure de revenir au paradis. L’excursion est finie. Retour au pays du calme, de la sérénité…

Ce calme, cette sérénité  sont insupportables quand on « a vécu » et des souvenirs merveilleux hantent la tête de Robert. Au bout d’une éternité, Robert n’y tient plus et retourne voir Saint Pierre pour s’inscrire à une nouvelle excursion. Mais le Saint lui déclare alors : « Attention, cette fois, ce sera définitif. Ceux qui retournent en enfer, y restent. Ils sont privés de paradis pour la nuit des temps. »

Qu’à cela ne tienne. La fête infernale est bien plus agréable que la quiétude paradisiaque et Robert ne demande pas mieux que de vivre le reste de son éternité en enfer. Cette perspective l’excite même déjà. Sitôt dit, sitôt fait. Robert monte dans le car en salivant d’avance.

Et là, cruelle désillusion : arrivé en enfer, il est jeté dans une cave pleine de rats, on lui demande un loyer exorbitant pour y habiter et il doit travailler 14 heures par jour pour payer son « loyer », ainsi qu’une maigre pitance sans saveur. Le travail, dur et répétitif, se déroule au milieu du bruit (infernal !) des marteaux-piqueurs. Quant aux sunlights, il n’en voit même pas la couleur.

Alors Robert se révolte. Il est maté. Il se révolte encore et encore. Finalement, il obtient un rendez-vous avec le Diable en personne. Le plus calmement possible, il lui explique le scandale de ce qui lui  arrive. Alors le Diable, avec un grand éclat de rire, s’exclame : « Encore un qui a confondu tourisme et immigration ! »

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