15 000 personnes s’étaient massées devant « le gros caillou » sur le plateau de la Croix Rousse pour écouter le candidat de « l’Union Populaire », 8 000 au Zénith de Toulon pour voir Marion Maréchal-Le Pen rallier l’ancien éditorialiste du Figaro. L'ex-employeur de ce dernier retransmettait d’ailleurs en live Internet l’intégralité de la réunion publique.
Le live de l’ancien « quotidien de référence » a consacré 2 503 mots à la prestation de Jean-Luc Mélenchon, incluant 15 interventions. Le discours ayant été dense, impossible de tout rapporter dans la rubrique « ce qu’il faut retenir ». Toutefois, la journaliste dépêchée a oublié d’évoquer une allusion à la lenteur de l’enquête concernant le rachat d’Alstom, impliquant le chef de l’État. Un sujet qui ne doit pas trop intéresser les lecteurs du Monde si on en croit le nombre famélique d’articles que le journal lui consacre.
Une autre omission est un peu plus regrettable : l’intervention, en vidéo depuis Moscou, de l’opposant à Vladimir Poutine Alexey Sakhnin (un des fondateurs du Front de Gauche russe1). On suppose que la pudeur du quotidien s’explique par le risque insensé que le monsieur prend pour sa liberté en dénonçant l’agression commise par son pays et en qualifiant son président en des termes peu amènes. Il s’agit de rester discret.
Pas un mot, enfin, sur « la marche pour la 6e République » du 20 mars place de la République à Paris. « Ce qu'il faut retenir », on vous dit !
La journaliste n’oublie pas, en revanche, un petit commentaire personnel : « À Lyon, Jean-Luc Mélenchon déroule un discours « pour la paix » sans entrer dans les détails des réponses à apporter face à la Russie ». La prochaine fois, on rajoutera vingt minutes au discours pour expliquer l’intérêt de la diplomatie aux rédacteurs du Monde, Mélenchon ayant déjà dit fait part de ses réserves sur la portée de certaines sanctions et son opposition à la livraison d’armes.
On était plus carré et concis à Toulon : « Ce qu’il faut retenir » du meeting de M. Zemmour selon le journal ? Mme Maréchal-Le Pen croit « de nouveau la victoire possible », M. Zemmour veut « la paix », son camp, c’est « la France », il est toujours contre l’accueil des réfugiés ukrainiens, même s’ils sont « chrétiens », n’aime pas qu’on tape sur la Hongrie de M. Orban et il « bloquera le prix de l’essence » à son niveau d’avant la crise. Voilà un beau projet. À Toulon, on a droit à la petite réclame pour « le « grand meeting » sur la place du Trocadéro le 27 mars prochain ».
Tout ceci valait bien les 3 018 mots pour 21 interventions que Le Monde a consacré à la sauterie.
Rapide point, pour finir la journée « présidentielle 2022 » concernant les sondages des deux candidats dominicaux. Le Monde note que « Le candidat de la France insoumise a gagné un demi-point entre le début du conflit et le 3 mars, à la différence d’Eric Zemmour, qui en a perdu deux depuis l’invasion russe en Ukraine ». Pas mal pour un « pro-Poutine ».
Les journalistes font bien leur travail et le fond de l’air effraie.
1 Il vient de le quitter, en désaccord avec la position de son organisation sur la guerre en Ukraine