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Billet de blog 2 mars 2025

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Trump et Vance contre Zelensky: "une humiliation" Vraiment?

Il est étrange de constater comment les médias ont repris en chœur l'idée que le président ukrainien aurait été humilié par les deux dirigeants états-uniens. Et si on regardait ce qu'il s'est passé autrement?

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Tout le monde  a pu voir, avec le sentiment pénible d'assister au harcèlement d'un gamin solitaire par deux brutes dans la cour d'une école, la séquence de l'échange, devant des journalistes, entre le président d'une nation agressée et le président et son vice d'une puissance qui comptent le faire plier devant la Russie de Poutine.

"Humiliation" est le mot que les médias ont fait déferler au point de lui donner le statut de réalité. Il est étrange de constater que personne ne semble se rendre compte qu'en utilisant ce mot, on se faite relai, l'amplificateur de ce que voulaient faire les deux compères, dignes d'un film de Francis Ford Coppola ou de Martin Scorsese. Donner l'impression qu'ils peuvent dire et faire ce qu'ils désirent, à n'importe qui considéré comme un importun dans leur vision impériale du monde où ne doit régner dorénavant que la force, le mépris des règles de l'ordre juridique international. Cela implique le rejet rigolard, dans la version Jocker de Musc, de toute décence. Écraser le faible, jouir de sa soumission ("dites-nous merci pour ce que nous avons fait pour vous!", misérable), s'auto qualifier de "bons", imposer sa supériorité "morale", acculer la victime dans le statut de l'emmerdeur, c'est cela que Trump et Vance sont montré. Où Zelensky a-t-il été humilié? Qu'il ait été mis en difficulté, déstabilisé, qu'il n'a pas, peut-être, dit ce qu"'il fallait dire à ses deux adversaires pro Poutine, c'est certain. Il a résisté, tenu bon, méprisé le journaliste chien de garde trumpiste qui lui reprochait de ne pas venir dans le salon ovale en costard-cravate, il a permis que nous voyons, si besoin en était, qui sont Trump et Vance. Le niveau intellectuel de leurs aboiements est édifiant. Ils sont totalement étrangers aux catégories du droit, de la diplomatie, et, redisons-le, de la décence, comme celles de l'agression d'une nation par une autre, qui entraîne qu'il y a un agresseur (et que ce n'est pas permis, c'est pas bien, pour se mettre au niveau de Vance) et une victime et que cette dernière doit être soutenue dans ses efforts de se défendre et dans les propositions de paix qui ne peuvent entériner les "gains" et le crimes de l'agresseur. N'y a-t-il que les États-Unis qui puissent être victimes d'agression (Pearl Harbour, 11/09)? Oui pour Trump. Pas les Ukrainiens, pas les Palestiniens (rien que les Israéliens). Le chef de l'OTAN n'a pas hésité de demander à Zelensky de "réparer" ses rapports avec Trump. l'inversion des rôles est total et passe pour évident.

Le spectacle du ralliement des élites libérales, des chefs d'entreprise, la sidération dans laquelle tombe tant de chefs d'État dès que Trump, Vance ou Rubio profèrent quelque chose est répugnant. Quelle leçon pouvons-nous tirer de cet épisode,

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