La décision est tombée, Salah Hamouri restera encore trois mois détenu, en attendant une décision qui pourrait prolonger indéfiniment son emprisonnement. L'État israélien, via sa "justice" militaire continue d'engager ses appareils répressifs contre notre compatriote (Salah est français par sa mère, palestinien par son père), avocat chercheur pour l'ONG Ameer (conscience) et militant contre l'occupation, l'extension des colonies et l'oppression des Palestiniens.
Malgré les déclarations du Ministère français des Affaires étrangères selon lesquelles la France demande qu'il «soit libéré et qu’il puisse mener une vie normale à Jérusalem, où il est né et où il réside, et que son épouse et ses enfants obtiennent le droit de s’y rendre pour le retrouver», Salah continue de subir l'acharnement de l'État israélien. On ne disputera pas sur l'action diplomatique de la France, on doit reconnaître que ces choses-là ont besoin de discrétion. De toutes façons il bénéficie de la protection consulaire. Mais pour lui et sa famille (ses parents, sa femme, Elsa et leurs deux en enfants) sa situation, disons plus simplement son existence, sa vie, sont une épreuve interminable, soumise aux caprices des Israéliens. Des centaines d'autres militants palestiniens sont dans ce cas.
Salah Hamouri est soutenu par un comité en France et son ONG, et sa femme mène sans relâche un admirable travail de sensibilisation de l'opinion, d'appel à la solidarité. Il faut espérer que son cas devienne une cause nationale. Pour cela rappelons ou précisons les points suivants:
- Salah est un prisonnier politique. Il est détenu selon la procédure de "détention administrative", datant du mandat britannique en Palestine, qui dispense les autorités de donner les motifs de la détention et d'organiser un procès, avec avocat, consultation du dossier, etc., bref sans les garanties juridiques civilisées dont doivent jouir tous suspects, affirmées dans des conventions signées par l'État israélien. Salah est, semble-t-il, le seul prisonnier politique français.
-La seule chose que l'on sait est qu'il est accusé d'avoir des liens (?) avec le FPLP, un mouvement palestinien interdit et considéré comme terroriste en Israël et par l'UE. En conséquence, Salah est "une menace pour la sécurité d'Israël". Soyons sérieux. Si c'était le cas, ce n'est pas une détention administrative qu'il relèverait, mais d'un procès en bonne et due forme, avec présentation des preuves et débat contradictoire. Si c'était vrai, pourquoi l'avoir libéré la dernière fois qu'il fut détenu? Pourquoi laisser dans la nature un (sympathisant) terroriste, quitte à le remettre en prison?
- "Menace pour la sécurité d'Israël" sa femme qui est interdite d'entrée en Israël et en Palestine? Évidemment aucune preuve n'a été fournie aux autorités françaises qui avaient interrogé les Israéliens à ce sujet. Dossier vide. Celui de Salah ne doit pas être bien épais...
Le cas de Salah nous interpelle. Mais nous n'oublions pas que des centaines de militants palestiniens subissent le même sort. À eux va également notre soutien.
De toutes parts, à l'Assemblée nationale, au Sénat, dans les Mairies de France, que des vœux soient votés pour sa libération et son droit de vivre en famille à Jérusalem, lieu de sa naissance et résidence. Que les télévisons et radios publiques rappellent régulièrement qu'il est toujours emprisonné. Et que partout où c'est possible, il soit rappelé que notre compatriote subit une injuste détention et que nous exigeons que l'État israélien le libère. Que la France continue ses démarches pour sa libération.
Cet appel a quelque chose de dérisoire, je ne m'en cache pas. Quel effet peut avoir l'appel d'un citoyen ordinaire? Au moins il ne sera pas dit que le sort de Salah Hamouri a été noyé dans le flot des informations et vite oublié, pari sur lequel comptent les Israéliens pour poursuivre leur répression.
NB: Je rappelle que je suis l'oncle de Salah Hamouri.