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Billet de blog 6 novembre 2025

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Flash fascistes à sainte Soline

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Dans son dernier livre (Soixante-dix fantômes),  Nathalie Quintane saisit au vol ce qu'elle appelle des "flashs fascistes" qui révèlent d'un coup une disposition, une attitude, un affect, un désir fascistes. On en tire que si le fascisme commence par là, alors il est déjà présent et c'est sa "normalité" qui devrait nous inquiéter. Or les révélations de Libération et de Mediapart  sur les actions des gendarmes mobiles à sainte Soline le 25 mars 2023, viennent donner à la belle notion de "flash fascistes" une réalité brutale: personnes éborgnées, en coma, non assistance aux personnes blessées.

On ne sait ce qui est le plus terrifiant: les armes utilisées et leur usage dangereux quoique interdit, ou les propos des gendarmes dont l'obscène jouissance de faire  beaucoup de mal. Les "flashs" ici portent des noms sans signification, des sigles : CM6, MP7, GM2L, GENL, ASSR, et les maintenant fameux LBD. Mais les "flashs" sont aussi des paroles qui accompagnent les lancers interdits et pourtant autorisés par un échelon de la hiérarchie. En tout cas nous apprenons que les enquêtes de l'IGGN n'ont pas jugé bon de confronter les auteurs des tirs avec les images et leurs paroles. 

Les "flashs" paroles: on l'a lu, des injures. Soit, dans l'excitation de l'action, avec sans doute de la peur au ventre, poussés par le groupe à montrer qu'on "en" a, accompagner des gestes violents de paroles violentes peut se comprendre: on dira le stress de gens mobilisés depuis plusieurs heures et les effets sur eux de la propagande du ministre Darmanin contre "l'éco-terrorisme". Bref ce ne sont pas des "flashs" fascistes. Sans doute les manifestants ne devaient pas se priver d'invectiver ces "chiens" de Darmanin et Macron.

Le plus troublant et terrifiant sont les propos qui expriment une jouissance obscène, celle de "kiffer" d'avoir réussi à blesser des manifestants. On  a lu que l'un d'entre eux dit sa satisfaction: c'est pour "ça" qu'il a signé dans la gendarmerie mobile, et c'est "ça" qu'il attendait depuis des années. On est ainsi renseigné sur plusieurs choses concernant les organes répressifs de l'État: que certains confondent leur désir de mort avec l'exercice de leur métier; qu'ils ignorent la signification statutaire de leur fonction, représenter la loi sous son versant répressif; que leur uniforme et leurs armes les contraignent à se plier, plus que le citoyen ordinaire, à de strictes règles de déontologie qui permettent de séparer l'individu privé du fonctionnaire.

Les irresponsables qui nous gouvernent ont laissé se répandre dans la police, les CRS et la gendarmerie une tendance à considérer la violence comme un mode souhaitable du maintien de l'ordre, d'où leurs dénégations ridicules: il n'y a pas de violences policières (Macron, Nuñez), "quand j'entends les mots "violences policières", moi j'étouffe" (Darmanin).  Or la violence n'est pas qu'une doctrine de maintien de l'ordre, c'est une matière inflammable qui offre aux désirs fascistes le terrain idéal pour se donner libre cours. Si on prend comme repère le quinquennat de François Hollande, outre l'augmentation du nombre des blessés graves et des morts du fait des forces de l'ordre, on constate la diffusion de la fascisation des comportements et des paroles: tatouages et logos pro nazis, groupes de parole ouvertement racistes, insultes et tutoiements aboyés contre les personnes contrôlées, gestes agressifs, intrusifs, etc. 

Les irresponsables qui laissent faire ou qui minimisent savent que les forces de l'ordre se rendent ainsi méprisables et que les citoyens ne peuvent respecter des gens qui ne respectent rien. Ils savent que la police fait peur autant que les personnes violente    s. C'est le résultat d'un choix. Gouverner par la terreur est bien l'un des signes d'un gouvernement fasciste. 

Le RN au pouvoir n'aura pas besoin de troupes de choc contre ses opposants, il les trouvera toutes prêtes dans les forces de l'ordre protégées par l'État macroniste.

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