Jean-Claude Bourdin (avatar)

Jean-Claude Bourdin

Philosophe

Abonné·e de Mediapart

84 Billets

0 Édition

Billet de blog 7 septembre 2017

Jean-Claude Bourdin (avatar)

Jean-Claude Bourdin

Philosophe

Abonné·e de Mediapart

Salah Hamouri, suite

La détention administrative infligée à Salah Hamouri, consistant en une pleine de prison sans motif pour une durée arbitrairement fixée et renouvelable (6 mois) a laissé place à une détention pour un motif ahurissant: il fera trois mois correspondant au reliquat de sa peine lorsqu'il a été libéré en 2011 dans le cadre de l'échange de prisonniers palestiniens contre notre compatriote Gilan Shalit.

Jean-Claude Bourdin (avatar)

Jean-Claude Bourdin

Philosophe

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La détention administrative infligée à Salah Hamouri, consistant en une pleine de prison sans motif pour une durée arbitrairement fixée et renouvelable (six mois) a laissé place à une détention pour un motif ahurissant: il fera trois mois correspondant au reliquat de sa peine lorsqu'il a été libéré en 2011 dans le cadre de l'échange de prisonniers palestiniens contre notre compatriote Gilan Shalit. Or selon l'accord avec la diplomatie française, Monsieur Hamouri avait accompli la peine à laquelle il avait été condamné, sans preuve, malgré ses protestations d'innocence, d"avoir eu l'intention de tuer le rabbin fondateur du parti ultra religieux Shas, Yossef Ovadia. Il faut encore attendre le 12 septembre pour savoir si cette décision est validée. La justice dans le cadre de l'arbitraire de la "détention administrative" et de l'occupation-colonisation, est bien pratique pour accumuler les délais, faire durer les emprisonnements, laisser les personnes et leur famille dans l'incertitude, lasser la recherche d'appels.

Mais là n'est pas le fait ahurissant de la dernière décision. 1°) elle bafoue un accord avec la France; 2°) son motif est avancé alors que l'arrestation de Salah Hamouri le 23 août portait, pour autant qu'on puisse le savoir (à cause du "secret défense"), sur des raisons nouvelles, récentes en tout cas; 3°) du reste depuis sa libération en 2011, malgré des tracas à répétition et la scandaleuse interdiction faite à sa femme de le rejoindre, les autorités israéliennes avaient dû oublier qu'il lui restait ces trois mois à accomplir; 4°) pendant six ans, Salah ayant le statut de résident de Jérusalem, Français, a pu se déplacer, voyager, entrer et sortir d'Israël: on ne nous fera pas croire que les services de sécurité et d'intelligence les plus performants de la planète aient pu ignorer les salles et venues de ce dangereux militant.

Que va faire le gouvernement français? Que va faire le Président de la République? Malheureusement nous avons beaucoup de raisons d'être pessimistes, quand on constate que la diplomatie n'a pas réussi à faire annuler l'interdiction faite à Elsa Lefort, sa femme, de rentrer à Jérusalem et d'y vivre avec leur très jeune enfant. 

Cela ne doit évidemment pas nous dissuader de soutenir la lutte pour la libération de Salah Hamouri et d'adresser au gouvernement français notre demande instante pour qu'il intervienne. 

Je colle à la suite le texte de l'appel pour sa libération, qui a été écrit avant les derniers développements que je viens de rappeler.

APPEL POUR LA LIBÉRATION DE SALAH HAMOURI, AVOCAT FRANCO-PALESTINIEN

Nous militant-e-s, avocat-e-s, journalistes, chercheur-e-s, citoyen-

ne-s, artistes considérons que l’arrestation de Salah Hamouri

nous exhorte tous à agir contre l’arbitraire israélien, et à se mobiliser

pour la libération de notre concitoyen.

libertepoursalah.fr /freesalahhamouri @liberezsalah

Avocat franco-palestinien,

détenu en Israël depuis 23.08.2017

sous une double accusation : avoir eu l’intention de tuer Yossef Ovadia, rabbin et leader du parti politique

Shas et soupçonné d’appartenir au Front populaire de libération de la Palestine. Contraint à plaider coupable

par l’Etat israélien, il sera condamné à 7 ans de prison et sortira seulement des geôles israéliennes

le 18 décembre 2011.

A l’époque, une campagne de solidarité est lancée en France afin d’exiger des autorités françaises de faire

respecter les droits de Salah Hamouri et de réclamer sa libération. Les timides efforts diplomatiques ont

permis à Salah Hamouri de faire partie des 1027 prisonniers politiques palestiniens libérés en échange de

la libération du soldat franco-israélien Gilad Shalit.

A sa libération, Salah Hamouri décide de se lancer dans des études de droit pour devenir avocat. En 2014,

il se marie avec Elsa Lefort, citoyenne française. Ils vivent ensemble à Jérusalem-Est. Quelques mois après

leur mariage, Salah Hamouri reçoit un ordre militaire lui interdisant de se rendre dans les territoires palestiniens

de Cisjordanie durant 6 mois, à nouveau dans un arbitraire le plus total, cet ordre militaire sera

ensuite renouvelé plusieurs fois, empêchant Salah Hamouri de se rendre dans son université avec une

volonté, empêcher Salah Hamouri de devenir avocat, et de mettre ses compétences au service des milliers

de prisonniers politiques palestiniens.

Aujourd’hui, comme Salah Hamouri, 6 300 palestiniens sont détenus dans les prisons militaires israéliennes,

dont 450 dans le cadre d’une détention dite « administrative ». C’est auprès de ces prisonniers

politiques que Salah Hamouri travaillait en tant qu’avocat.

Pendant la même période, les autorités israéliennes ralentissent les démarches permettant à Elsa Lefort

d’obtenir un visa d’épouse, comme toutes les femmes mariées à des Palestiniens de Jérusalem. Après plusieurs

refus des autorités, l’employeur d’Elsa Lefort, le Consulat général de France à Jérusalem, obtient

pour elle un visa de service (comme pour tous les employés du Consulat). Après un an et demi sans

pouvoir quitter le territoire israélien, elle peut enfin se rendre en vacances en France. A son retour, le 5

janvier 2016, et alors qu’elle est enceinte de 6 mois, elle se voit mettre en détention 3 jours et est expulsée

vers la France, alors qu’elle possédait un visa de service. Depuis, Salah Hamouri est séparé de sa famille,

contrainte de vivre en France.

Cet acharnement de l’Etat israélien contre Salah Hamouri, est profondément ancré dans le régime colonial

mis en place par Israël. En s’attaquant à un avocat, qui exerçait légitimement sa profession, Israël fait

preuve d’une détermination à entraver les défenseurs du droit, qui luttent contre l’occupation.

La France est déjà coupable de laisser Israël violer sans cesse les droits de l’homme et le droit international.

Elle ne peut pas tolérer qu’un de ses citoyens soit arbitrairement emprisonné par Israël. La France doit

agir pour la libération de Salah Hamouri, pour faire respecter ses droits. C’est pourquoi nous appelons à

une mobilisation large, pour soutenir et libérer Salah Hamouri.

APPEL POUR LA LIBÉRATION DE SALAH HAMOURI, AVOCAT FRANCO-PALESTINIEN

Rejoignez le Collectif Liberté pour Salah Hamouri en écrivant à

libertepoursalah@gmail.com

libertepoursalah.fr /freesalahhamouri @liberezsalah

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.