L'actuelle pollution de la parole par Zemmour est un produit de la sphère politico-médiatique dominante. L'histoire de son inscription dans la sinistre farandole des Guignols de l'info et de la politique a été documentée. Nous savons quels furent et sont toujours ses alliés et complices en infamie. La sphère politico-médiatique dominante a réussi à imposer ses mots, ses obsessions, son hystérisation de la pré campagne électorale. Les pires mensonges proférés par cet individu contribuent à sa notoriété. Il n'est pas jusqu'à ses condamnations pour incitation à la haine raciale qui ne contribuent à son image de polémiste. C'est pourquoi lutter contre les affirmations de ce personnage est voué à l'échec. En parler, critiquer ses propos c'est encore lui ajouter de la légitimité médiocratique. Les analyses critiques ne manquent pas aussi bien en ce qui concerne sa prétendue compétence d'historien que sa rhétorique digne d'un Drumont ou d'un Céline. Ne nous le cachons pas: en les lisant nous sommes soulagés, tant la détestation que suscite ce personnage nous étouffe. Mais, reconnaissons-le aussi: lui, dont les mots attaquent, insultent, rabaissent, n'est pas le moindre du monde affecté. Que faire alors? Le plus simple serait de l'ignorer. Cesser de donner l'impression que le "phénomène Zemmour" mérité un colloque pour exorciser sa malfaisance. Mais cela ne lui ferait aucun mal. Le mal qu'il incarne, tel le racisme pur et simple, le patriotisme stupide, le nationalisme fantasmatique, ne doit appeler aucun débat. On ne débat pas avec un antisémite, avec un nazi, avec un anti musulman. Au mieux, on cherche à l'empêcher de nuire en rendant leurs paroles odieuses ou inaudibles. L'expérience historique nous montre cependant que seule la défaite politique (et militaire comme en 1945) peut les contraindre au silence. Et encore pour pas très longtemps...
Que faire donc? Il est surprenant que jusqu'à maintenant les démonstrations publiques de Zemmour n'aient pas provoqué de manifestations de protestation bruyante. Or, à l'occasion de son déplacement à Ajaccio, les Ajacciennes et les Ajacciens - qui décidément nous en remontrent en matière d'anti-fascisme - nous ont montré une voie à explorer: lui pourrir la vie le plus qu'il est possible, rendre ses déplacements promotionnels difficiles, intimider ses sectateurs, compliquer la tâche de son service d'ordre. Les actions militantes contre l'agression US au Viet nam constituent un trésor d'agitation et de propagande qu'il serait bon de redécouvrir. On ne doit pas reculer devant l'objection qui dirait que foutre le bordel reviendrait à lui faire de la pub. Car de la pub il bénéficie d'un tirage sans fond.
Qu'au moins il ne soit pas dit que l'antifascisme se soit tu devant ce qui ne relève pas du "débat public", mais de l'injure et de la cruauté. Qu'il soit ainsi dit que nous sommes nombreux à ne pas appartenir au même monde que cet individu et ses soutiens.