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Billet de blog 25 octobre 2017

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Libération de Salah Hamouri: nouveaux soutiens face au silence officiel en France

Le comité de soutien à Salah Hamouri informe aujourd'hui que Salah bénéficie de la solidarité de personnalités dont le communiqué donne la liste. La voici, précédée par des nouvelles concernant ses soutiens en Israël, ses conditions de détention et les démarches de son comité de soutien en France.

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Le comité de soutien à Salah Hamouri informe aujourd'hui que Salah bénéficie de la solidarité de personnalités dont le communiqué donne la liste. La voici, précédée par des nouvelles concernant  les démarches de son comité de soutien en France, ses soutiens en Israël, ses conditions de détention.

Démarche du comité de soutien en France

Le comité de soutien à Salah Hamouri a été reçu par la "cellule diplomatique" du Palais de l'Élysée le 9 octobre. La délégation a demandé que le gouvernement mette tout en œuvre pour faire libérer un compatriote, détenu selon la procédure de la "détention administrative".

Dans une lettre envoyée en réponse aux demandes d'action du Président pour libérer notre compatriote Salah Hamouri, le Chef de cabinet du président, François-Xavier Lauch, écrit " L’ensemble des services français sont pleinement mobilisés sur ce dossier, dans le respect de l’indépendance de la justice et de celui de la neutralité qui s’impose au traitement des affaires judiciaires impliquant des ressortissants français à l’étranger."

On fera la part de la prudente langue de bois diplomatique... Mais on ne peut s'empêcher de trouver particulièrement timorée cette réaction alors que nous apprenons que le gouvernement d'Israël approuve la construction de 176 logements à Jérusalem-est, continuant de jouir de son impunité face à la loi internationale.Rappelons avec Dominique Vidal ce qu'est Jérusalem-est: "une annexion, une occupation militaire, des habitants tolérés dans une seconde zone juridique sur une base de discrimination ethnique et religieuse." Le gouvernement israélien n'a pas les pudeurs de nos diplomates. On se demande pourquoi le gouvernement français ménage à ce point un gouvernement qui, entre autres brutalités envers les prisonniers politiques, persécute depuis près de dix ans un Français, né de père palestinien, ayant le statut de résident de Jérusalem, imposé par Israël. Rien de concret ne lui a été reproché, sinon d'être un militant, un activiste qui lutte pour une Palestine indépendante, libre, sur un territoire viable (c'est-à-dire qui ne soit pas réduit à une suite de bantoustan). 

Soutien depuis Israël

 4 membres de la Knesset soutiennent Salah ! Il s'agit de Ayman Odeh, Aida Touma-Sliman, Youssef Jabareen et Dov Khenin.

Salah en prison (communiqué d'Elsa Lefort son épouse)

VISITE : Salah Hamouri a pu recevoir le matin du 18 octobre la visite de sa mère et de sa sœur. Étant en détention administrative, il n’a le droit qu’à une visite de 45 minutes par mois. Les échanges avec la famille s’effectuent à travers une vitre, via un téléphone. Salah a le moral et il passe ses salutations chaleureuses à toutes celles et ceux qui le soutiennent. Les conditions de détention dans cette prison située dans le désert sont difficiles, l’hiver commence à se faire ressentir. 

L’administration pénitentiaire ne lui a pour le moment remis aucune lettre, mais il est certain que les nombreux courriers que vous avez envoyés sont bien arrivés à destination. Continuons à lui écrire, les lettres finiront par lui arriver ! Elles permettent aussi d’envoyer un message clair aux autorités israéliennes : Salah n’est pas seul, nous sommes nombreuses et nombreux derrière lui ! 

Son adresse : Salah Hamouri / Al naqab prison / Mail box 13 / Postal code 84102 / Israël

Prrocédure, suite

La haute cour israélienne s'est réunie ce matin  (18 octobre) pour examiner la demande d'appel de Salah Hamouri concernant sa mise en détention administrative. L'audience s'est tenue en présence de ses parents, du Consul adjoint ainsi que du Président de l'AFPS - Association France Palestine Solidarité, mais comme toujours, seul son avocat était autorisé à lui parler. Une partie de l'audience était publique puis elle s'est terminée à huis clos.

Le verdict doit être rendu sous 3 jours. Malgré tout, Salah garde le moral.

Extrait du Comité de Soutien à Salah Hamouri

Depuis 2 mois, un avocat français, Maître Salah Hamouri, est en prison en Israël sous le régime de la « détention administrative » sur ordre du ministre de la défense, Avigdor Lieberman. La détention administrative n’étant rien d’autre que l’équivalent des « lettres de cachet », autrement dit l’arbitraire le plus total puisque ni notre compatriote ni ses avocats ne connaissent la raison de cette détention pour 6 mois renouvelables qui est classée sous le sceau du « secret ».
Depuis 2 mois, sa femme Elsa Lefort se bat chaque jour, pied à pied, pour faire savoir auprès de tous, en particulier des autorités françaises et des grands médias, la situation de son mari. Comme pour notre compatriote Lou Bureau détenu arbitrairement en Turquie au motif qu’il aurait été membre d’une « organisation terroriste », elle demande que la France exige sa libération immédiate et sans conditions.
Devant l’absence d’actes nets de notre pays, s’est constitué un « Comité de soutien » qui regroupe des milliers de citoyens et des personnalités françaises et étrangères diverses notoirement connues. Des élus de tous les « niveaux » en France et en Europe, des collectivités locales, des ONG, des syndicats, des partis ont pris position pour soutenir la demande de la femme de notre compatriote Salah Hamouri.
Citons parmi ces personnalités étrangères qui soutiennent l’exigence de libération de Salah Hamouri : Richard Falk, Jean Ziegler, Noam Chomsky, Angela Davis, Ken Loach, Brian Eno, Michael Mansfield QC, Roger Waters, Susan George, Pierre Galand et bien d’autres. Citons parmi les ONG internationales et les syndicats français : la CGT, la FSU, Solidaires, Amnesty International, la LDH, la FIDH, le MRAP, le Syndicat des Avocats de France, l’UNEF et bien d’autres.
Malgré ce large rassemblement marqué par le nombre et la qualité des soutiens, force est de constater que les autorités françaises restent dans un cadre silencieux et que les grands médias radiotélévisés ne soufflent mot de cette situation, ce qui est une manière de mettre Salah Hamouri une seconde fois en prison – la prison du silence.

Sur la détention administrative 

La détention administrative n'est pas une disposition anodine. L'expression utilisée par les autorités israéliennes désigne en réalité une disposition mise en place par les Britanniques pendant leur mandat sur la Palestine pour d’abord combattre les Palestiniens qui s’opposaient à l’arrivée de Juifs conformément à la Déclaration Balfour (1917). Puis ils l’utilisèrent contre les Juifs qui luttaient contre les Britanniques et contre les groupes arabes, en vue d’instaurer un État indépendant. Ce dispositif a été plus tard utilisé en Afrique du Sud de l’apartheid et repris dans de nombreux cas de dictatures et de répression coloniale. Israël a purement et simplement repris le système instauré par les Britanniques.

C’est une arme puissante dont l’arbitraire fait planer sur la population, les militants ou les ONG la menace permanente d’être arrêtés. On l’a vu déjà avec Salah, les motifs n’ont pas à être fournis, les "infractions" ou les "crimes" ne sont pas identifiés précisément. Il suffit d’un soupçon reposant sur des « preuves secrètes », qui interdisent que le détenu puisse être confronté avec celui qui l’accuse. Aucun jugement contradictoire, le détenu ne peut se défendre. Enfin, la détention administrative repose sur la « l’intention » de commettre un acte répréhensible. Les effets sont évidents: l’action civique et sociale se déroule dans un climat d’insécurité et de criminalisation. Détention préventive sans motifs révélés, absence de procès, exécution d’une peine renouvelable arbitrairement indéfiniment, la détention administrative contribue à entretenir un « état de guerre » qui repousse les perspectives de paix.

l ne faut donc pas s’étonner que malgré cette injustice une part importante de la société palestinienne lutte pour ses droits. Tel est le cas de Salah Hamouri. En Israël on compte 500 Salah Hamouri. 

Recourir à la détention administrative revient à recourir à l'équivalent d'une lettre de cachet d'Ancien régime. Sa "logique" se rapproche des mesures administratives prévues dans la loi sur la sécurité intérieure dans notre pays qui vient d'inclure dans le droit commun les dispositions retenues pour des situations d'urgence. Ici comme là-bas le "terrorisme" est le maître-mot qui justifie tout et fait taire les protestations. A nous de ne pas nous taire pour Salah, alors que la propagande pro israélienne ne se gêne pas pour informer et diffamer.

LibertePourSalah.fr

#Libérez Salah

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