
Au sortir de l'effroyable bataille survenue en la ville de Paris après que le grand conciliabule voulu par le Jupitérien fut arrivé à son terme la populace se trouva en grand émoi.
C'est que le non moins grand Castagneur, après que d'avoir empaluché quelque ribaude en sombre et tumultueuse taverne, se précipita au devant des lucarnes sans en avoir fait pénitence, pour donner déclaration qu'il n'avait point vu de blason jaune à l'encontre des soudards auxquels il avait pourtant mandé de les tenir hors de la grande avenue qui nonobstant fut par eux mise à sac.
Le ministre des sûretés était-il possédé ? Lui avait-on administré quelque filtre démoniaque ? Avait-il raison perdue ?
La rumeur courait, enflée par l'image colportée du retour d'Emmanuel de son périple en Abyssinie, faisant halte en montagne pyrénéenne enneigée pour s'adonner aux amusements enfantins fort couteux du manège à glissade, tandis qu'en son royaume la grande jacquerie faisait rage.
Etait-il comme son ministre atteint d'un mal mystérieux ? S'adonnait-il à de coupables consommations ? Ou bien avait-il été marabouté par le Grand Négus ?
Le doute fut au comble quand le Grand Chancelier, Edouard le Roublard, vint faire aux lucarnes promesse par devant tous qu'à l'avenir il ne serait, face à la moindre émeute, plus fait de quartier aucun. Mousquets, bombardes et toutes bouches à feu seraient tôt fournies en pièces à meurtrir tant qu'à occire sans faiblir. Et il promit dans le même temps d'envoyer nouvelles et multiples escouades de reîtres et spadassins sans pitié à fin que de prêter main forte aux soudards épuisés du Castagneur.
Au devant telle résolution, l'émotion fut grande. Edouard était-il lui aussi soumis à quelque esprit maléfique ? Son esprit emporté par une rage maligne ? Ses sens trompés par l'usage d'un élixir ou de quelque poudre venus des mondes lointains ?
Bientôt chacun fut mis en grande crainte. Le roi et sa cour au risque d'être maudits à jamais avaient-ils dans leur démence et pour leur salut, ensemble conçu de se parjurer et de mettre le royaume à feu et à sang ?
L'affaire était d'autant redoutable que dans le même temps la sainte église de France, ses exorcistes et confesseurs, grands évêques comme petits abbés, tous en charge de sauver les âmes du péché, avaient fait allégeance au prince du mal.
Il ne restait qu'à s'en remettre à l'arrivée du printemps...
Qui fut on va le voir terrible pour sa jupitérienne majesté.