Construire… ou reconstruire un monde.
Comment échapper à la folle course régressive et suicidaire dans laquelle nous précipite la désespérance d’un monde borné à son immédiateté matérielle, si ce n’est en retrouvant une raison ?
Mais sans doute convient-il préalablement de déconstruire encore et toujours, de débusquer et de mettre à nu ces leurres, ces peintures en trompe l’œil, ces boniments de marchands qui nous aveuglent et nous égarent.
Décaper, racler jusqu’à l’os.
Si possible.
Même si ça fait mal ?
Surtout si ça fait mal...
…C’est que le nerf n’est pas loin.
Qu’il y a de la vie.
Sous la nécrose.
Que la bête n’est pas morte.
Que ça valait la peine.
Et après ?
Après, il s’agit de reconstruire un monde, une représentation du monde qui rende compte de l’histoire, qui ne procède pas de sa négation, mais qui ouvre l’avenir sur un nouveau champ de possibles.
Abandonner le monde ancien, quitter le rivage sans nostalgie, sans certitudes, sans autre certitude que la confiance.
C’est le cap qu’il faut tenir, le vrai défi révolutionnaire, la radicalité qu’il faut assumer.
Pour reconstruire,
nettoyer les briques
trier les briques,
ne garder que les bonnes,
et brique après brique rebâtir.
Pour le nettoyage :
à la spatule,
à la brosse métallique,
au chalumeau,
au burin,
ou à l’explosif, peu importe.
- Moi je préfère la brosse à dent
- Commences pas Félix, ici c’est sérieux.
- Et alors… c’est pas sérieux la brosse à dent ?
- Ecoutes mon vieux, on n’est pas là pour faire dans la dentelle.
- Qui te parle de dentelle ?
- Mais, t’as vu le chantier ! tu comptes y passer ta vie ?
- Ben… oui ! Justement, c’est ça… c’est ça la vie.
- Comment c’est ça ?
- Maurice… réfléchis deux seconde.
- Pas le temps, vises un peu ce champ de ruines !
- Ça n’empêche pas Maurice. Tu bosses et tu gamberges. Les deux à la fois. Et n’oublies pas… de temps en temps, laisses tomber le marteau piqueur, prends le pinceau. Si non… t’es foutu.
- Foutu ?
- Ben oui… tu te spécialises, t’es foutu.
- Houuu là… c’est reparti… prise de choux.
- Maurice… ta liberté bordel ! Combien de fois il faudra que je te le dise !
- Ah oui c’est vrai... Je ne sais pas pourquoi, je l’oublie toujours celle là.
- C’est la crasse Maurice, la crasse.
En vrac, et en tas, quelques briques à nettoyer :
- Tas de la Fragmentation :
- Sous la fragmentation des territoires retrouver l’intérêt commun
- Sous la fragmentation des savoirs retrouver le sens
- Sous la fragmentation des certitudes retrouver l’unité
- Sous les fragmentations retrouver l’universalité
- Tas de la Certitude :
- Sous la certitude des frontières retrouver le désir créateur
- Sous la certitude des partis pris retrouver le mouvement
- Sous les certitudes retrouver la liberté
- Tas de la Stabilité :
- Sous la stabilité du droit retrouver la conquête des droits
- Sous la stabilité des comptes retrouver le déséquilibre fertile
- Sous la stabilité des pouvoirs retrouver la dynamique vitale
- Sous les stabilités retrouver le sens du progrès
Vous pouvez, s’il vous plaît, ajouter d’autres briques dans les tas, ou faire d’autres tas.
De toute façon il n’y aura pas assez de place ici tellement la couche de gravas à dégager est épaisse.
On a aussi le droit de se tromper, ce n’est pas très grave.
A une condition… toujours rester de bonne humeur.
(Pour continuer, c'est par ici)
NB : pour "la folle course régressive", voir (entre autres...)
- L'impact de la crise sur la pauvreté... (Mathieu Magnaudeix)
- Dettes publiques : la crise grecque... (Philippe Riès)
- Retraites : face aux syndicats... (Mathieu Magnaudeix)