Jean-Claude Charrié (avatar)

Jean-Claude Charrié

Abonné·e de Mediapart

642 Billets

3 Éditions

Billet de blog 24 décembre 2009

Jean-Claude Charrié (avatar)

Jean-Claude Charrié

Abonné·e de Mediapart

La messe est dite... passons à autre chose.

Jean-Claude Charrié (avatar)

Jean-Claude Charrié

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Dans la 1ére moitié de son livre "De quoi Sarkozy est-il le nom ?" Alain Badiou pose sur notre société française un regard terriblement pertinent, à la fois par la clairvoyance de l'analyse proposée (et c'est en cela que le regard est terrible) et par la justesse du signal envoyé (et c'est surtout en cela que ce regard est pertinent).
Je ne suis pas "badiouiste"... ni anti (je dis ça pour ceux qui s'affrontent à son sujet, ce n'est surtout pas le propos de ce papier), j'aime simplement ce mode un peu pamphlétaire et radical qui nous oblige.

Pour peu que nous soyons joueurs.
L'autre partie n'y est pas allée de main morte non plus.
"En finir avec 68"... ou quelque chose de ce style. Et puis le fameux débat.
La règle du jeu est donc simple et l'enjeu relativement clair:
- c'est l'affrontement idéologique, ou la bataille du sens,
- et la direction du projet, ou de l'engagement vers notre avenir collectif.
Nombreux sont ceux qui ont conclu de part et d'autre, avec Nicolas Sarkozy et François Fillon, que la victoire du premier en 2007, c'était avant tout la défaite idéologique de la gauche.
J'ai personnellement longtemps résisté à cette idée avant de me rendre à l'évidence, non sans difficulté... et persistance de la difficulté.
Et puis viennent ces questions:
- en quoi consiste la bataille du sens ?
- en quoi consiste la bataille idéologique ?
N'ayant pas encore lu Gramsci, je contourne mon inculture provisoire et formule l'hypothèse suivante :


"Jouer en l'occurrence à contre-emploi ne serait-il pas de la part de Nicolas Sarkozy et de ses sbires l'aveu d'une victoire à la Pyrrhus et en réalité d'une défaite d'ores et déjà consommée."

Se placer en effet sur le terrain de l'affrontement idéologique (terrain adverse s'il en est) comme l'a si ostensiblement fait notre droite nationale au lendemain de sa victoire, après avoir pendant des décennies et jusqu'à la veille, fait son miel de l'accusation d'idéologisme portée à l'endroit de la gauche, est pour le moins surprenant voire paradoxal.
Il y a là comme une abdication, une reconnaissance en creux du bien fondé de l'engagement adverse, une reddition à son argument, l'acceptation d'une réalité dont le refus était jusque là fondateur: l'homme est un être de culture, c'est à dire de représentation ou encore d'idéologie.
Dès lors, la messe est dite... ou presque.
Dès lors il est permis de réenchanter l'avenir,

de dire à nouveau que la transmission, la spéculation, la critique, l'éducation sont la vraie réalité de l'homme.


Cette réalité d'un être perfectible, d'une humanité indéfiniment inaccomplie et toujours en devenir pour peu qu'on la cultive.


Cette réalité débarassée,
du "après moi le déluge" comme seule morale,
du "enrichissez-vous" comme seul idéal,
de la compétition comme seul horizon,
de la régression pulsionnelle bling bling comme unique projet de vie.
Cette réalité enfin débarassée du nihilisme inconséquent et mortifère en quoi tout cela consiste.
Alors en effet tout est permis... ou presque.
Il reste en effet à livrer l'autre bataille, il reste à réveiller les vaincus.
Ce n'est pas semble-t-il la moindre des affaires.
Au seuil d'une victoire qui leur tend les bras, ne les voilà-t-il pas à leur tour assoupis dans le déni, dans le rennoncement, dans cet irréaliste refus de l'évidence de l'humanité qui est en l'homme, cet irréaliste refus qui est le lit de tous les conservatismes.
La messe sarkozyste ayant été dite, il est temps de passer à autre chose.
Produire du sens, produire cette synthèse qui objectivant la pensée adverse réduit son principe actif à son inconséquence.
A nos gamberges !
Et un très joyeux Noël à tous.


Au moment de publier ce billet, je découvre celui de Sylvain Bourmeau auquel je ne peux que renvoyer, et surtout l'article de Jade Lindgaard et Joseph Confavreux "L'hémisphère droit. Comment la droite est devenue intelligente" dont il donne lui lui même le lien et qui mérite en effet d'être lu.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.