Ce billet reprend les commentaires que j’ai livrés sur ce billet de tsedek! , fort, inspiré et inspirant. Je prolonge un peu, et comme souvent, c’est lâché sans grande organisation ni rétrocontrôle, donc bon courage ami lecteur.
On ne sort pas d’un traumatisme par l’annonce ou la promesse, et certainement pas en y réagissant. C’est lui qui prend fin dans l’observation complète, sincère, sérieuse, libre, c’est-à-dire, en aucune manière dans l’incantation guerrière et remplie d’effroi d’un « plus jamais ça ».
La force de frappe phénoménale du nazisme n’a pas réveillé mais abruti les consciences, ce en quoi il a conduit, et conduit aujourd’hui pas moins qu’hier mais différemment, la marche destructrice du monde, il a muté sans prendre fin, au nom ô combien stupide de la prétendue aptitude proprement humaine à rendre la Justice quand l’humanité est à cet égard d’une rigoureuse impuissance. À vouloir du baromètre qu’il se mettre à faire la pluie et le beau temps au lieu de capter la pression.
Le nazisme s’intensifie en pareil aveuglement, et la résilience faite rebond est une abomination.
Pour préciser, un peu, ce que je vois comme l’appréhension fallacieuse du monde par la pensée conservatrice, la pensée qui veut pour le monde, veut du monde et finit par en vouloir au monde pour ce qu’il est, cette remarque :
Il y a eu cet enfermement exogène aux juifs, par quartiers, guettos, camps, une manière de les regrouper et les circonscrire pour les détruire plus commodément, in fine.
La leçon semble avoir porté un bien étrange fruit, avec la volonté délibéré d’un enfermement, endogène cette fois-ci, ultra-armé et ultra-défensif, pour un résultat qui semble n’être voué qu’à répandre plus largement le projet antijuif originel, dans une sorte de suicide collectif concerté et dément.
Quelle voix sinon confidentielle comme celle qui s’exprime ici, est autorisée à lever le voile sur ce que signifie au juste le fait de vouloir de l’existence au lieu d’apprendre d’elle, en terme de processus de nuisance paré de la vertu prétendue d’un droit érigeant l’existence individuelle en vérité première, essentiellement voué à la détention personnelle donc au conflit destructeur et non au soin ?
La judéité est l’un des plus vieux enclos identitaires de la mémoire, appelé comme tout enclos à craquer depuis l’origine mais qui n’en finit pas de craquer, bruyamment, au rythme de sa résistance à réaliser sa fin qui était pourtant au début.
C’est la proposition, ancienne mais aujourd’hui hégémonique, d’une école de pensée délétère du monde, artificiellement et volontairement maintenu, appréhendé dans l’opposition extériorité/intériorité et donc par sa destructibilité, plutôt que dans sa diversité polymorphe et non destructible, non mortelle.