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Billet de blog 2 janvier 2019

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un réveillon qui tourne mal

Ce 31 décembre, on aurait dû tout oublier. En guise de mise en bouche, l'apéro présidentiel façon madame Irma. Tout va s'arranger et nous devrions finir noyés sous un ruissellement continu. La soirée commençait donc sous les meilleurs auspices. C'était hélas sans compter un enchaînement de déconvenues dues à ces maudits gilets jaunes.

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Sapé façon milord, Mimine à mon bras, direction le restaurant gastronomique où nous attend la table réservée sur les conseils du site en ligne Bouffe advisor. Bonne adresse, on s'en est fourré encore plus que jusque. Faut respecter les traditions. Aux douze coups de minuit, une danse des canards, des bises sur le bec et direction le rond-point, celui des Champs Elysées, bien sûr pour assister au show grandiose, "les gilets jaunes et leur rond-point". Arrivés à l'entracte, les meilleures places sont prises et nous ne verrons pas grand chose du spectacle, à peine quelques fumigènes s'élever. La prestation semble décevante et on entend d'ailleurs monter des plaintes et fuser des sifflets.  "Vous auriez dû venir la semaine dernière" me glisse mon voisin, "là y avait du spectacle". Peu de gaz lacrymogènes, des bombes fumigènes chichement comptées (ah, la rigueur) et des vitrines en contre-plaqué. Décevant et même si le nombre de figurants est impressionnant, il pêche par son uniformité. En effet, à l'exception de quelques uns en tenue jaune, la plupart a revêtu le même costume bleu nuit, sponsorisé par le groupe "police". C'est d'un triste. La scénographie est à l'égal, terne et sans imagination. Ni charge de brigade ni lancer de grenade quant à la chorégraphie, on est loin des pas de deux où les matraques s'abaissent en d'harmonieux mouvements cadencés. Déception aussi quant au nombre de voitures brûlées et de barricades érigées et les seules bombes qu'on a vu, ont servi à tracer des inscriptions sur les murs. Je ne likerai pas et décidément, Hidalgo,  doit encore accomplir des progrès sur le volet festivités pour ses jeux olympiques. Déception également pour les visiteurs étrangers, à qui l'on a fait miroiter le Gai Paris. Une publicité mensongère de très mauvais aloi entraînant sans doute une chute de fréquentation touristique. d'une voix légèrement pâteuse, la faute au champagne, je propose de regagner notre domicile. Là, un arrêt sur le canapé, la télé diffuse des images de passagers apeurés sur un bateau dérivant en pleine tempête. S'agit-il d'un épisode de "la croisière panique", d'une épreuve de télé réalité ou d'une production hollywoodienne à grand spectacle dans laquelle on verra le président des USA, joué par Léonardo Di Caprio, sur une chanson de Céline Dion, prendre les commandes du navire et le ramener à bon porc : "Me too", s'écriera-t-il alors en réponse au "Yes I can" de son prédécesseur. L'écran montre le spectacle insoutenable de migrants tentant de traverser une méditerranée en furie sur de frêles esquifs (1). Ils roulent et tanguent, l'eau y pénètre, l'angoisse et la fatigue se peignent sur des visages amaigris et des mains tentant désespérément d'agripper le bord des bateaux. De très belles et saisissantes images. Le plat bord d'un bateau frappe violemment les vagues dans un fracas si impressionnant qu'il arrive à couvrir les cris des naufragés. Certains de ces malheureux passent par dessus bord, mais aussi pourquoi n'avoir pas pris la peine d'écouter les consignes de sécurité et d'enfiler un gilet de sauvetage. En France, quand on se sent couler, on les enfile ces gilets. D'ordinaire ces programmes me captivent mais ce soir, il y a un peu trop de péripéties à mon goût. D'ailleurs, le mal de mer me gagne et tout mon réveillon se retrouve sur les chaussures. Bilan de la soirée : 400€ de repas, 200€ de champagne, 100€ de taxi et encore s'agissait-il d'un uber, 250€ de chaussures, sans compter la location de smoking et le nettoyage du tapis acheté l'été dernier à Marrakech. Total, 1 200€ perdus. Ces immigrés ... pas encore arrivés chez nous que déjà ils m'ont gâché la fête. Décidément, les gars de la Marine ont raison, il ne faut pas leur laisser traverser la méditerranée. Pour leur bien. Décidément un bien triste réveillon gâché par les gilets jaunes et les images d'envahissement par des hordes de barbares.  

(1) les esquifs sont toujours frêles.

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