jeudi soir 30 janvier, je découvre l'existence de « Mila », une jeune fille qui aurait mis fin avec vigueur à la drague d'un lourdaud sur facebook. Il faudrait donc eviter de traîner sur les réseaux sociaux, de peur d'y faire de mauvaises rencontres. Rien semble-t-il de très différent que les « mademoiselle, ton 06 » et autres vannes qu'on peut entendre, lancées par des poètes de l'amour discourtois du XX1° siècle. L'agresseur insiste, se met en colère, de lourdaud devient pénible puis hargneux, chagriné sans doute que ses compliments pourtant bien tournés lui soient retournés sans la délicatesse et la modestie qui conviennent aux jeunes filles bien élevées et qui doivent garder les zyeux baissés (comment elle ose, la putain d'sa race ?). Mila qui n'a pas pris le temps de lire les manuels de savoir-vivre, remet vertement à sa place, l'agresseur planqué derrière un écran et elle en profite pour conchier sa religion. Bref, une querelle d'ados. Pas tout à fait puisque la religion en question est l'islam et que Mila revendique son homosexualité. Femme et lesbienne, il est vrai que ça fait beaucoup. Fleurissent alors injures, menaces et condamnations dont certaines en rappellent d'autres adressées à Charlie Hebdo, "ne pas insulter la religion". Le président du collectif contre l'islamophobie en France * n'est pas la dernier à participer à la curée (n'est-ce pas un imam ?). Quant à l'admirable Belloubet, elle en profite pour dispenser à la mécréante un cours sur la laïcité **, façon LAREM, crachant une saloperie qu'elle tentera d'atténuer un peu plus tard (la technique du ballon d'essai). Fini de rire, la violence des attaques lancées contre la jeune Mila fait craindre pour son intégrité physique et d'ailleurs, elle doit être déscolarisée. Mila, Il ne s'agit pas d'"être Mila", mais d'être à tes côtés pour combattre une violence dont tu es la cible.
Vendredi matin 31 janvier, connecté à internet, pas trace du moindre soutien à l 'adolescente sur le moteur de recherche de Mediapart, pas même un article consacré à la furie moyenâgeuse de quelques crétins planqués derrière leur écran. Rien sur la peste religieuse ( à moins que le coronavirus soit un agent déclencheur), rien sinon un billet de blog. Heureusement, Marine Turchi alerte les lecteurs du quotidien participatif en ligne avec des notes prises à partir de l'écoute studieuse de 96 émissions. Elle en tire quatre pages dénonçant les "propos sexistes et .... des stéréotypes racistes ou homophobes" tenus ou adoptés par des critiques (mâles) du « Masque et la plume ». L'honneur du journalisme est heureusement sauvé.
* association reconnue d'intérêt général, particularité qui permet à ses donateurs de bénéficier de crédit d'împôt,
* Wikipedia rapporte les propos de l'ethnologue Jeanne Favret-Saada « Chacun sait toutefois que le CCIF a imposé cette désignation (“Islamophobie”) à l'administration et aux médias pour désigner ces actes délictueux, mais que sa visée politique d'ensemble est d'y faire entrer toute critique de l'islam. ». Qu'en pense le blogueur P. Boniface dont le même article dans Wikipedia note la présence et celle d'A Gresh (le monde diplomatique) à un gala du CCIF , en juin 2015 ?