L'automne est la saison préférée des Nobel, celle où les prix se ramassent à la pelle. Cette année, après avoir récompensé deux français récipiendaires, l’académie norvégienne ne pouvait pas faire moins pour des raisons de savante géopolitique, que de décerner le suivant au représentant d'un pays extérieur à l'OTAN. Le jury déclara donc le président Poutine premier prix Nobel de la transition énergétique afin d'éviter de froisser son puissant voisin. Certes, celui-ci ambitionnait de recevoir plutôt le Nobel de la paix qu'il rata de peu malgré le fidèle soutien apporté par ses obligé(e)s dont nombreux (ses) sont français(es). Quoiqu'il en soit, cette nouvelle distinction qu'on jurerait avoir été créée sur mesure, fit naître sur son visage impavide un demi-sourire qui fit pousser un soupir de soulagement chez les estoniens.
Depuis toujours, le président russe ambitionne de réduire l'empreinte carbone sur la planète. Les faits ... il débute son parcours exemplaire dans l'ombre de son mentor Youri Andropov et s'inspire de ses décisions quand il accède au pouvoir. L'ancien président de l'URSS et directeur du KGB it abattre en 1983 un boeing de la Korean (aucun survivant du vol 007 mais n'est pas James Bond qui veut), en mars 2014 Vladimir Vladimirovitch fait exploser un autre Boeing (jusqu'où va le mimétisme) sans aucun malaise, hormis celles qui se trouvaient à bord afin de réduire le gaspillage inutile de kérosène. Pour explicite qu'il ait été, ce message entraîna aucun changement chez les occidentaux, surproduction et surconsommation restant leurs deux mamelles. Or, si on ne connaît pas de défaut à Poutine, force est de reconnaître qu'il peut s'emporter rapidement quand ses recommandations sont ignorées. De ce moment date le début de son aversion pour cet occident décadent qui non content de faire la leçon aux autres peuples, en organisant des COP ne s'appliquent pas à eux-mêmes, les résolutions sur lesquelles ils s'engagent. On comprend que dans son énervement, il s'attaque aux symboles les plus représentatifs du changement climatique. Mal remis de ses émotions, peu après, il passe ses nerfs sur ses vassaux en annexant la Crimée. C'est au cours d'une visite à Minsk, qu'il prit conscience de la pollution qui malmène la santé de ses frères et ses soeurs du Donbass. N'écoutant que son altruisme, Le Grand Ecologiste prit la barre pour accoster le 24 février 2022 en Ukraine pour établir un cordon sanitaire protecteur qui arrête les particules nocives, surtout pour les roturiers. On l'aura compris, Vladimir Vladimirovitch soucieux du bien-être des peuples, y compris quand ils vivent dans des pays aux moeurs interlopes, n'hésite pas à prendre des décisions drastiques. Cette fois, il prive son pays de rentrées de devises en fermant les robinets des gazoducs et en se livrant à quelques menus travaux de bricolage sur des tuyaux. Il use également de toute son influence pour convaincre ses amis de l’OPEP de réduire leur production. Il semble que les européens aient enfin compris le message et que leurs gouvernants les mettent à la diète énergétique. Désormais, le soir à la veillée, papa pique et maman coud devant des télévisions éteintes. Après les masques en tissu du printemps 2020, on fabrique des vestes polaires et des cols roulés du plus modeste foyer jusqu'au palais de l'Elysée. Ils serviront de cadeaux d'anniversaire ou de présent à noël.

Là encore, le président Poutine fait honte aux occidentaux avachis dans le douillet ( ce qui ne lui rapporte d'ailleurs pas des tatamis), s'affichant torse nu au coeur de l hiver dans une baignoire naturelle qu'il a lui-même creusée dans la glace, ne sacrifiant ainsi aucun brin de polyamide ou de laine de Mérinos sur l'autel d'un confort qui amollit.
Les plans de sobriété se suivent mais seule fausse note dans cette prise de conscience planétaire, le maintien des jeux olympiques de Paris, une aberration environnementale qui contribuera à creuser les finances du pays, à restreindre les libertés individuelles tout en favorisant la spéculation immobilière. Vladimir sera probablement obligé de menacer le freluquet de Brégançon de faire tomber la foudre sur sa tête de gaulois pour le ramener à la raison. Mais là encore, Poutine veille à ne pas alourdir son bilan carbone. Plutôt que d'envoyer des tanks et des navires de guerre à la consommation énergétique gloutonne, plutôt que de jeter des balles et des grenades un peu n'importe où, de détruire des immeubles qu'il faudra ensuite reconstruire, le président écologiste préfère recourir au nucléaire. Une seule frappe suffit et les déchets sont réduits au minimum.