Quelques mauvaises fées se penchent sur le berceau de la légitime colère populaire des exaspérés par la morgue du (des) pouvoir(s) et qui ont du mal à joindre les deux bouts. Le poupon se portant bien, de méchantes sorcières sont venues faire des tours de rond-point à leurs ambitions personnelles et partisanes. Les marâtres identitaire, racisme et aventurisme titillent les foules sur fond bleu marine et chauffent les esprits en vue d'une récupération électorale ou d'une mise à leur pas de la gueuse. Leurs avatars Tapie, Le Pen, Philippot ou Bompard par exemple, font admirer leurs egos sur les plateaux et asséner leur argumentaire idéologique, avec succès. Pour embrouiller et asseoir une légitimité supposée, le "peuple" est convoqué. Comment se fait-il que certains parmi les "gilets jaunes" apportent quelque crédit à des matamores dont les sympathies les portent du côté de Poutine, Trump ou Chavez, du côté d'un autoritarisme ou d'un libéralisme implacables. Après une courte période d'euphorie, les populations connaissent à chaque fois d'amères désillusions, une nouvelle caste remplaçant la précédente et s'avérant souvent pire et comme toujours, les plus pauvres et les plus précaires sont le plus durement touchés. En attendant, ceux qui tablent sur des actes de violence, toujours contre-productifs, pour faire tomber ce gouvernement ont remporté une première victoire, le durcissement des lois répressives existantes pourtant déjà bien punitives. Autant de dispositions qui ne manqueront pas d'être appréciées d'un régime plus autoritaire arrivant au pouvoir. Sans compter que ce gouvernement semble miser sur un pourrissement de la situation en agitant des chiffons rouges devant le nez des jaunes qui pourraient bien se livrer à des scènes de violence contre-productives et qui pourraient exaspérer la population. Une situation qui pourrait déboucher sur une demande de fermeté dans l'espoir d'un retour au calme. En mai 2014, cette situation a ramené la dictature militaire thaïlandaise au pouvoir au grand soulagement des habitants. Quatre ans plus tard, cette dictature pèse et une majorité dans le pays espère en être délivrée aux prochaines élections.
Le mouvement des gilets jaunes" pourrait utilement sortir des cahiers de doléance ou des propositions de changement institutionnel (référendum d'initiative citoyenne, sixième république) pour établir un véritable projet alternatif, se structurer sans se rigidifier et mettre en place des services d'ordre tenir à distance les récupérateurs et empêcher l'intervention des provocateurs qui feront perdre à cette colère populaire le soutien instinctif qui lui est témoigné jusque là. Pourquoi pas imaginer sortir de la culture de la confrontation qui, comme dans le sport ou dans la compétition électorale passe par un camp qui gagne et qui devient tout puissant, face à un camp qui perd et qui se trouve démuni. Une situation qui amène haine et rancoeurs en se privant d'éventuelles forces de propositions. D'autres modes d'organisation et de décisions existent et sinon, inventons-les pour éviter que l'amertume enkyste la société. Une condition pour que ce mouvement de révolte populaire réveille la belle endormie sans se transformer en un monstre qui dévore ses enfants.