"Libérez nos camarades trottinettes", ce slogan, chuinté par des centaines de roues a résonné dans les rues de la capitale ce samedi de novembre. Il faut dire que le soleil généreux et le temps clément invitaient à se livrer à la pratique de cette activité. Déboulant sur les trottoirs, frôlant les passants ou slalomant entre les véhicules, des dizaines de cavaliers intrépides, seuls ou en bande, chevauchaient de pauvres machines qui ployaient sous leur poids. Heureusement, l'exploitation de la machine par l'homme a ses limites et le soir même, les trottinettes dresserent une liste de doléances transmises aux loueurs d'engins pour qu'ils tiennent enfin compte des souffrances de leurs employées. Maltraitance, cadences infernales, traumatismes physiques (lésions du repose pied ou déformations des roues) et dangers liés à la circulation revinrent le plus souvent. Le C.E.S.M (Comité d'Ethique et de Soutien Moral) des E.G.U. (Engins de Glisse Urbaines ) a exigé de rencontrer le syndicat d'employeurs pour sécuriser les droits des exploités du loisir. Parmi les revendications, ilest fait état de la signature d'une convention collective et de formations en direction des utilisateurs avant chaque location. Un seul utilisateur, le conducteur, au lieu des deux ou trois sous le poids desquels ploient de pauvres engins essoufflés et vieillis avant l'âge et le temps detravail quotidien ne devra pas dépasser sept heures.
Agrandissement : Illustration 1
D'autre part, l'utilisation des engins par des adultes qui ont passé l'âge des culottes courtes est à l'origine d'un sentiment de malaise chez les trottinettes et nombreuses sont celles qui doivent se reconstruire avec des séances d'auto-psy pour éviter des dépressions qui les conduiraient à la casse. Le Comité a demandé leur prise en charge par les employeurs. Sous couvert d'anonymat, l'une d'entre elles nous a confié sa crainte d'être reconnue par des connaissances et elle précise que desireuse de changer de branche, elle suit même un stage "patin à roulettes". Faute d'une amélioration radicale, le mouvement pourrait se radicaliser et s'étendre à d'autres branches, les valises à roulettes, par exemple qui souffrent, elles, de torsion de poignée et demandent à être équipées de casques pour eviter des surdités précoces provoquéesparlepassage sur des voies rugueuses. Même les placides patins à roulettes et les branchés skate-boards, pourraient venir grossir la foule des mécontents donnant naissance à une convergence des luttes qui se passerait alors comme sur des roulettes