"Mardi six août, quinze heures. Je rentre d'un reportage sur les berges de la Seine en plein Paris. Un reportage plein de risques dont certains ne reviennent pas. où j'ai plusieurs fois risqué ma vie. Entre les attaques des pots d'échappement et les
je décide de m'octroyer un peu de repos bien mérité. Confortablement installée sur mon balcon, sous le parasol qui me protège des mélanomes, des carcinomes spinocellulaires ou basocellulaire, des épidermoïdes (c'est les mêmes) et des kératinocytes, je sirote une bière tiède bien méritée dans une atmosphère poisseuse. Les inconvénients du climat tropical. Je m'interroge sur ma prochaine mission. Quelle sera-t-elle ? Jr souhaite seulement qu'on ne m'envoie pas sur le front des retours du quinze août. J'ai suffisamment frôlé la mort avec les gaz d'échappement. Je qu'on s son fraîche. Enfin un peu de calme après l'activité incessante des pelleteuses du chantier voisin. Une accalmie de courte durée soudain déchirée par le rugissement assourdissant d'un hélicoptère au profil menaçant qui se dirige vers moi.
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Le vrombissement du rotor, les pales qui brassent l'air chaud et surtout la porte ouverte laissant deviner des armes automatiques ... la panique me gagne. Par chance, l'engin change de direction et effectue un vol stationnaire au dessus du bâtiment voisin. Soulagement, Je ne suis donc pas la cible, personne ne m'a dénoncé comme déviante ou comme terroriste potentielle.
En revanche, sur la terrasse de l'immeuble, des "gilets jaunes" devisent, insouciants des risques encourus et me revient en mémoire la menace d'intervention de la troupe proférée par un ministre, au printemps dernier. L'assaut de cet hélicoptère est-il une manoeuvre à la Grouchy ou cette menace est-elle réellement mise à exécution ? Des snipers
A mlins que dans cet immeuble, occupé il y a peu encore, par la Cinq, on tourne une fiction guerrière ou un reportage bidonné sur les conditions de vie en Syrie. Quelques étages plus bas, indifférents au drame qui les menace, des passants baguenaudent. A dix minutes du centre de Paris.
Dernière hypothèse, la dernière blague du Dédé d'Issy, ce cyber farceur.
Je me rappelle en effet avoir reçu il y a peu, un tract de la mairie informant les habitants que des lâchers d'hommes en armes étaient prévus, le maire autorisant la police nationale à accéder à ce site "pour permettre aux policiers d'effectuer des exercices d'entraînement ...pour une durée de trois mois". Les "gilets jaunes" ne sont donc pas des cibles innocentes mais des auxiliaires zélés du service de propagande, des journalistes responsables pour qui on a organisé cette intervention pour qu'ils puissent contribuer à l'édification des foules et les ramener à la raison. Cette fois-ci, pas de bain de sang mais un cocktail entre gens raisonnables. Monsieur Thiers peut rentrer chez lui.
Il faut saluer le service communication des armées qui est au meilleur de sa forme. Après le défilé du 14 juillet, ce simulacre d'opération commando, on ne s'y prendrait pas autrement pour marquer les esprits et persuader les français que la docilité et la passivité sont leurs meilleures amies. Le mot d'ordre de la rentrée pourrait bien être "Restez chez vous, vous éviterez les mauvais coups".