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Billet de blog 13 septembre 2022

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Balmoral, how the Lady die

La découverte du cadavre d’une vieille dame bouleverse la population qui attend que le coupable soit arrêté. En attendant, des milliers de fleurs sont déposées devant la résidence de la victime. Le récit est de Stéphane en Berne, correspondant suisse, les N.D.T. du traducteur.

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A la seconde où Elizabeth the second tira sa révérence avec la discrétion qui caractérisa son règne, elle rejoignit le paradis des têtes couronnées pour jouir d'un point de vue sur les images du monde. Les causes de la mort restent encore indéterminées et Scotland yard hésite entre un crime crapuleux et un drame ordinaire de la vieillesse. Pour résoudre l'énigme plus rapidement, les enquêteurs qui n'abandonnent aucune piste et font appel au civisme de la population sous la forme d'une « Alerte pour enlèvement à notre affection », dans l'espoir que des propositions inenvisagées jusque là, émergent de ce brain trust géant. La plupart des réponses incriminent logiquement le fils aîné, s'appuyant sur deux éléments. Tout d'abord, les résultats de l'autopsy qui inclineraient à privilégier la piste d'un drame familial banal. Une admiratrice d'Agatha Christie relève fort justement les questions de succession qui exacerbent depuis longtemps les jalousies entre les dix petits héritiers de la couronne. A qui profite le crime, sinon au prince Charles ? Qui a intérêt à ce que meure la vieille bique sénile qui se cramponne depuis trop longtemps à son fauteuil, refusant obstinément de lui céder la place ? Qui, sa mère trépassée  occupera enfin la place au centre de la photo sur le balcon de Buckingham ? Une admiratrice d'Agathe Christie explique ce pesticide (N.D.T. la reine était une peste au sale caractère) par les ressentiments refoulés pendant une enfance à la dure, passée entre un père autoritaire et une mère occupée des affaires du monde dont le comportement oscillait entre l’absence et l’indifférence. De quoi nourrir une amertume implacable. Certains participants rappelaient qu'Elizabeth préférait flatter les naseaux des canassons plutôt que de chercher des poux dans la tête du prince qui n'avait eu que la galle. D'autres faisaient observer que la reine prenait davantage plaisir à promener les toutous à sa mémère qu’à sortir son fifils bien qu'il soit à la même mémère. Certains allèrent jusqu'à évoquer une « mère tape-dur » qui réservait ses confiseries aux animaux de compagnie quand son grand fils n’avait droit qu’à une tasse de thé, au lit et des histoires où tu seras un roi mon fils, propres à pisser encore au lit à l'adolescence. De quoi plaider les circonstances atténuantes devant un jury. Dans une lettre anonyme, ses propres enfants l'accusèrent d’avoir trafiqué le système de freinage de la voiture qui emportait leur mère et son amant sous les ponts de Paris. Tradition familiale oblige, les deux frères se livrent depuis à une lutte fratricide implacable qui a conduit le cadet à s'exiler dans le grand nord d'une lointaine province à l'accent ridicule. 


Les sherlock en haillons (N.D.T. austérité en cour ) envisagent un cambriolage qui aurait mal tourné. Des voleurs se seraient introduits nuitamment dans  la salle des coffres pour faire main basse sur les joyaux de la couronne. La Reine (N.D.T. les majuscules sont de Macron 1er roi des français), réveillée par le bruit, les aurait surpris. Les malfrats auraient assassiné la reine (NDT les minuscules sont de l'auteur) craignant d’être reconnus malgré les foulards et les casques qui leur garantissaient un relatif anonymat. Reste à savoir comment les malfaiteurs ont pu pénétrer dans un sanctuaire aussi bien protégé ? Des uniformes en étiquettes de gin Beefeater, retrouvés au fond d'une poubelle laissent penser qu'ils étaient camouflés en gardes pour déambuler sans craindre d'être arrêtés. Nul n'a oublié les revendications de taxation de la fortune royale, récemment menées par les black blocks au nom de la réappropriation collective. Ils justifient leurs activités coupables par le nombre d'années nécessaires à un smicard britannique (11,17€ de l'heure) pour posséder les quatre cent soixante millions d'euros d’Elizabeth (Note De la Calculette : à vous de jouer). A l'appui de cette thèse, des vidéos montrent comment  quitter les lieux sans être inquiétés. Un indice, black c'est noir (NDT source dictionnaire anglophobe Johnny Hallyday). Noir comme la nuit protectrice, black comme le dress code à respecter au décès d’un souverain. Contactée   par un membre du groupe, la B.B.C. diffusa sur le champ l'effroyable nouvelle. Il suffisait alors d'attendre que la foule en deuil se masse devant le château pour s’aventurer en toute sécurité hors du souterrain, les habits noirs garantissant un camouflage impeccable, de jour comme de nuit. Très finement,  les limiers supposèrent que les malfrats ne devaient pas être anglais. Profiter de la détresse de tout un peuple pour s'enfuir après avoir volé sa souveraine n'avait rien de fair-play. S’agit-il de migrants islamistes ou d’agents venant d'un pays de l'autre côté du brexit, il est trop tôt pour le dire. 
Last and least, si au lieu de ces Robin des bois modernes, il s'averait que les auteurs du crime soient le couple princier exilé au Canada, cela signifierait la fin de la dynastie.  Ce qui explique que nul n'ait jamais eu connaissance de cette hypothèse et c'est mieux ainsi.

Reste la possibilité d'un suicide. Après soixante dix ans consacrés à ses sujets, Lilibeth pouvait avoir envie de partir, discrètement, sur la pointe des pieds, après avoir retiré ses souliers, ainsi qu'elle l'avait fait un soir de dîner officiel, ce qui avait valu à la royale punkette  l'admiration éternelle de Jack from Nancy (N.D.T. Nancy est une ville française, à ne pas confondre avec Monique). D'ailleurs, c'est le même Jack qui aurait recueilli ses dernières confidences au cours d'un virtual tea (N.D.T. le thé virtuel est sorte de 5 à 7 entre consommateurs consentants ; cette cérémonie est apparue au cours d'une épidémie récente). La lassitude de la reine était palpable. Il faut dire que soixante dix ans à amener ses carrosses au contrôle technique, à faire la poussière et à retirer chaque matin les toiles d'araignée des bonnets des gardes, à résoudre des problèmes de baignoires qui fuient dans les salles de bain des palais, à calculer à quelle heure le cortège funèbre parti de Buckingham pour l'abbaye de Westminster croisera la Bentley de Paul Mac Cartney partie à la même heure de Liverpool. Soixante dix ans à prendre dans ses bras des cabots prétentieux, cadeaux de roturiers indifférents à son allergie aux poils de chiens, à se retenir de donner aux sales bêtes des coups de pompe en toute circonstance (N.D.T. formule d’E. Elgar ),  surtout quand elles s'oubliaient sur les royales pompes. Soixante dix ans à dépenser un pognon de dingue pour chauffer les passoires énergétiques de Balmoral, Windsor et Sandringham (N.D.Architecte DPE H ), réservations sur abrireine.com, c'est long et ça écorne grave les quatre cent soixante millions d'euros tout juste suffisants pour passer une retraite peinard, en tenant compte de l'inflation et de l'augmentation incontrôlée du prix de l'électricité. A ce sujet, l'Asie nous montre le chemin ; son nouveau collègue du Siam, plus prévoyant, vient de fusionner son trésor personnel avec les coffres de son royaume, disposant ainsi à sa guise d'une trentaine de milliards de dollars pour passer l'hiver à faire la fête à l’abri des tempêtes populaires et des ouragans de mécontentements.    

Le(s) coupable(s) courent toujours mais ce drame aura eu le mérite d'inspirer un auteur da Royal National Theater, un nommé Gex Pire venu recueillir le dernier soupir de son poste de télévision. Il eut l'idée d'ajouter un épisode à la saga à succès, « La vie d’château» qu'il appellerait «Charles III ». Pour le réaliser, le metteur en scène allemand Thomas Ostermeier avec Lars Edinger dans le rôle titre et Thomas Jolly pour camper un Lancastre plus vrai que nature. En s'y prenant à temps, son oeuvre pourrait être diffusée au prochain Midem d'Avignon et avec un peu de chance les droits pour le cinéma seraient achetés par l’I.G.S. 0 (NDT l'auteur veut probablement parler des incorruptibles nets flics). 

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