Octobre 2011, pendant les longues semaines d’inondations dantesques que Bangkok a connu, le gouverneur de la province, tendance boudhiste-démocrate organisa une séance de prière, la statue de la patronne de la ville dans les bras, dans le fleuve Chao Phraya pour que la mère-eau divinité épargne la capitale de la Thaïlande (1), et plus particulièrement le palais du roi et le quartier des affaires. Comme on s'en doute, cela ne mit pas fin aux inondations ou du moins pas sur le champ mais au moins, le gouverneur était-il apparu comme un responsable ayant exploré toutes les solutions possibles pour alléger les souffrances de la population. Un vrai chef, presqu'un Jupiter.
Pour calmer et berner les fidèles, les religions recourent toujours aux mêmes rites des tribus de l'Egypte antique aux peuples amérindiens en passant par ce ratichon interrogé par la télévision au coeur de la canicule de 1976 qui confessait le plus sérieusement attendre de ses prières qu'elles sifflent la fin de la sècheresse. Le saint homme faisait-il autrement que les sorciers de tribus sauvages que ses collègues missionnaires moquaient et condamnaient en les traitant de païens et d'hérétiques. La chaleur tropicale aurait été moins écrasante qu'ils auraient probablement allumé des bûchers.
A Dubaï, l'émir, sans doute un techno convaincu, injecte des particules à l'intérieur de nuages pour provoquer des pluies artificielles. Si l'efficacité de la méthode était avérée, on imagine les conséquences climatiques possibles pouvant découler de l'accaparement des précieuses gouttes et les conflits avec les territoires voisins pour cause de sécheresse accrue ou d'inondations cataclysmiques. Retour en Thaïlande où, pour expliquer le caractère inhabituel des inondations, il se disait chez les inondés que la source de leurs maux pourrait se trouver dans la volonté d'un émir du Moyen-Orient qui aurait modifié le tracé du bassin hydrographique pour passer de deux à trois récoltes de riz annuelles, ce qui aurait provoqué ou amplifié la situation de réfugiés climatiques qu'ils ont endurée pendant de longues semaines. Je ne suis pas certain que cette supposition ait jamais été confirmée, en revanche, quelques mois plus tard, elle figura parmi les raisons d’un soulèvement d'ampleur qui amena la chute du gouvernement et l'instauration d'une dictature militaire toujours au pouvoir.
Chez nous aussi, on a des responsables politiques qui « assurent ». Mélenchon tempête, menaçant ses opposants d'un raz-de-marée électoral qu'il pourrait déclencher grâce à un réservoir de voix. Le pen qui n'a rien d'une foudre de guerre, sèche lamentablement sans faire jaillir aucun éclair de génie. Jacob tente sans succès de réparer des fuites électorales et le PS qui a depuis longtemps jeté le socialisme avec l'eau du bain, tremble encore de la douche froide des dernières présidentielles. Macron, le dieu du tonnerre, de la foudre, du ciel et de la lumière, profite après quelques hésitations d'un anticyclone européen pour s'enfuir en Ukraine. Ne voulant pas priver le pays de Sa personne, il prend tout de même la précaution de rester éloigné des lieux sur lesquels s’abat un déluge de bombes. Quant à nous, prions que la baisse du niveau des eaux n’ait pas de conséquences sur la sécurité des centrales nucléaires ni qu'aucune catastrophe se produise, rien n'étant véritablement prêt pour y faire face, les « responsables » ayant jugé préférable de ne pas procéder à des répétitions grandeur nature, sans doute pour ne pas instiller le doute sur la fiabilité du nucléaire dans les esprits et affoler les habitants situés dans un périmètre radioactif. Fukushima mon amour …
Plus embêtant encore, qu'une pénurie d'électricité vienne à perturber le ronron des climatiseurs ou nous priver de glaçons. Si les taulards redoutent la fournaise des cellules qui rendra leurs conditions de vie encore plus insupportables bien qu'ils soient à l'ombre. En revanche, ces conditions climatiques enchantent les constructeurs et les utilisateurs de camping-cars, les vendeurs de barbecue, les industriels de la merguez, les installateurs de climatisation et les fabricants de piscines individuelles qui prient météo France de vivre un été sans nuage. Quoiqu'avec des carnets de commande pleins et une activité au maximum et la pénurie de main d'œuvre, ils pourraient être contraints d'améliorer (un peu) les salaires et les conditions de travail des . Une nouvelle illustration des désagréments que le réchauffement climatique provoque.
Rendez-vous à l'automne pour un bilan "fruits et légumes". Au nom de l'habituel "nos pesticides ou la famine", les semeurs de glyphosates devraient réaffirmer le droit à l'empoisonnement pour tous, alors que l'utilisation des pesticides affecte la majorité de la population mondiale sans pour autant faire disparaître la malnutrition.
Jean-Claude Lenervé