Bien avant la décolonisation, les rohingyas, des musulmans, furent persécutés par les birmans, boudhistes. L'Unesco leur décerne d'ailleurs le titre peu enviable de peuple parmi les plus persécutés de la planète. Originaires du Bangladesh, ils ont quitté depuis trop longtemps leurs terres pour que ce pays englué dans la misère, la corruption, le nationalisme et des luttes avec ses propres tribus indigènes, veuille accueillir ces cousins éloignés. Or, dans les dix dernières années et plus encore depuis l'été 2016, la dictature birmane a laissé les moines d'une secte bouddhiste instrumentaliser la colère de la population envers ces étrangers. Les arguments ? le terrorisme et des différences cultuelles ou culturelles trop importantes. Comme partout... les religieux birmans ont logiquement décrété l'impossibilité qu'il y avait à cohabiter sur un même territoire. Ils décrétèrent les rohingyas apatrides. Cette situation renforça le sentiment de mépris et la xénophobie portée par la majorité des birmans à l'égard de la minorité religieuse.
Le capitalisme n'a pas de frontières et encore moins d'états d'âme. L'augmentation violences, les meurtres perpétrés par les "forces de l'ordre" et les milices bouddhistes contraignirent en avril 2016, de nombreux rohingyas à risquer leur vie et leurs économies en embarquant sur des rafiots peu sûrs. Avec un remarquable ensemble, les gouvernements de la région, thaïlandais, malais, australien, singapourien ou indonésien refuserent qu'ils accostent. Certains de ces pays, aident pourtant le djihadd islamiste au nom de l'oumma. Manque de chance, les rohingyas n'ont pas profité de leur attention fraternelle. Faux-culs, les australiens, oubliant leur passé de réprouvés et d'exilés, ont décidé de sous-traiter l'accueil des réfugiés au gouvernement cambodgien qui les enfermera dans des camps, sur des îles. Une activité lucrative qui devrait permettre aux dirigeants khmers de se remplir les poches. Des pirates malais et thaïlandais, qui pour certains avaient à peine eu le temps de retirer un uniforme de garde-côtes, capturerent quelques centaines de réfugiés. Tués ou emprisonnés dans des camps de misère au coeur de la jungle tropicale et de ses maladies, les malheureux candidats à l'exil n'avaient souvent plus aucun bien sur eux. Ils furent réduits en esclavage, prostitution ou travail épuisant, et certaines de leurs familles restées au village durent s'acquitter d'une rançon pour espérer leur libération.
Trop cool le bouddhisme. C'était l'été, les médias français en parlerent peu pas plus qu'ils ne rapporterent l'augmentation des crimes du gouvernement birman et de la haine des bouddhistes. Pour quelles raisons ? Craignaient-ils un manque d'audience, était-ce pour ne pas dégrader l'image du prix nobel de la paix qui s'arrêta sur le plateau de Pujadas, pour ne pas fragiliser la libérale Aung san suu kyi dont la popularité baisse chez les birmans ou ne pas abîmer l'image d'un bouddhisme tellement cool, qu'ils refusent de prendre en compte la violence des sectes de cette religion, de certains moines et leur soutien actif aux forces nationalistes d'extrême droite, en Birmanie comme en Thaïlande où elles ont favorisé le retour de la dictature militaire et déclenché des luttes religieuses meurtrières qui depuis une quinzaine d'années , embrasent le sud du royaume de Siam.
Malgré les violences subies, les rohingyas avaient gardé une attitude plutôt pacifique que les djihaddistes d'Al Qaida ou de l'Etat iislamique de retour d'Europe ou du Moyen-Orient espèrent radicaliser afin de mettre le feu en Asie du sud-est. La province de Rakhine, où vivent les rohingyas, est un territoire encore en friche mais la brutalité constante de la répression des pouvoirs officiels qui confère à la propagande islamiste un vernis libérateur mensonger pourrait changer cet état de fait. Ici comme ailleurs, le premier objectif de ces mouvements vise à détacher le territoire pour créer un califat propice à réaliser un business prpfitable, y compris par la destruction et le saccage. A l'heure actuelle, peu de rohingyas auraient rejoint leurs rangs mais entre la propagande et la contrainte, quelle attitude vont-ils adopter, surtout les plus jeunes ? Des observateurs remarquent que les files de réfugiés qui tentent de franchir la frontière bengalaise sont majoritairement composées de femmes et d'enfants, ce qui laisse supposer que des hommes auraient rejoint, plus ou moins volontairement, les rangs de l'ARSA (armée de libération pour le salut de l'Arakan) des dictateurs islamistes. Il est peu surprenant que leurs thèses prospèrent sur ce terreau de haine, d'humiliations et de crimes, et dont la seule éducation à leur disposition est celle des integristes religieux.
Les gouvernements des pays de la région, craignant de se trouver confrontés en retour à la révolte de la partie musulmane de leur population, pressent Aung San Suu Kyi d'intervenir. Ils redoutent l'influence des djihaddistes et la déstabilisation de leurs régimes qui n'ont d'à peine démocratique que le vote qui les a conduit au pouvoir. Les gouvernements de Thaïlande, d'Indonésie, de Philippines et même de Malaisie, base arrière aux séparatistes musulmans pour préparer leurs attentats dans la région, font pression sur les militaires birmans pour calmer le jeu. La Chine pourrait faire de même, elle qui a des projets industriels dans le pays, or les conflits ne font jamais bon ménage avec le business, surtout dans un pays qui veut pacifier sa minorité ouighoure. Pendant ce temps, la "dame de Rangoon" se tait. Est-ce pour ne pas s'aliéner les militaires qui occupent toujours des responsabilités déterminantes, pour ne pas compromettre le processus de sortie de la dictature, pour ne pas s'attirer l'hostilité d'une partie des votants qui l'ont porté au (fragile) pouvoir qu'elle exerce ??? En effet, une majorité de la population plongée dans la misère, est sensible aux propos xénophobes, est profondément hostile aux rohingyas. Or, des élections devraient se tenir prochainement et le pouvoir, elle aime ça, l'héroïne nourrie au bon grain d'Oxford, fille d'un heros de l'independance assassiné par la même faction militaire qui depuis, ruine le pays. Otage et prisonnière elle-même de cette dictature pendant de longues années, son silence et son attentisme laissent penser qu'elle ne veut rien faire qui risquerait de l'empêcher de toucher les dividendes de son investissement personnel et politique.