Jusqu'à aujourd'hui, nul ne sut rien de la crise de régime dans laquelle la France a failli basculer dans les premiers jours de septembre 2022. Fatigué de vouloir s'imposer à des gaulois tapageurs, irrascibles et autrefois réputés pour leur indépendance, Froggy 1er postula à l'emploi de souverain britannique qui venait d'être libre. Il lui suffisait de traverser la Manche pour accéder à la demande de son épouse qui rêvait d'occuper la fonction de Princesse qu'on sort de temps en temps (from time to time) et des pièces jaunes (yellow coins). Il faut reconnaître que la vue d'une foule émue et en gilet noir, massée le long du parcours du royal corbillard peut faire vaciller la confiance que certains dirigeants ont en eux. Notamment, ceux qui reçoivent des gifles et des quolibets. Les smicards payés 10,85 € de l'heure s'inclinent devant les 460 millions d'euros (1) de viande froide trimballée dans un carrosse chamarré encadré par des gardes déguisés en étiquettes de gin Beefeater sans qu'on entende aucune injure ni qu'on tire les oreilles au successeur putatif pendant son bain de foule. Heureux pays dont la réputation de flegme et de fair-play ne sont pas usurpées et il n'y a pas besoin de se protéger de ses sujets avec les barrières à Vauban (2).
Arrivé dans une gare triste et sale, il chercha quel sens donner à sa vie, alors que sa fonction présidence de l'Europe venait de s'achever. Emmanuel 1er se devait de nourrir de plus hautes ambitions que des promenades entre les quatre coins d'un hexagone devenu trop petit. Le Commonwealth ... Même terni, ce vestige d'un empire colonial au lustre passé, présentait mieux sur une carte de visite que les confettis ultramarins français qui subissent régulièrement typhons et tornades. Sans compter que lady Bribri trouvait plutôt sexy, le sceptre et la couronne qui accompagnaient la fonction.
C'est pourquoi, à la seconde où Elizabeth II tira sa révérence pour rejoindre le paradis des têtes couronnées d'où elle pourrait jouir du point de vue sur les images du monde, E. Macron posa sa candidature. Hélas, oubliant la discrétion indispensable, le roturier en fit un peu trop dans la flagornerie. Too much, les drapeaux en berne sur les monuments publics, les "pensées au peuple britannique " et la tartine de "la tristesse du peuple français" pour "celle qui marqua à jamais son pays et son siècle", "une Reine de courage et de vaillance", " une reine de cœur". Jusqu'à l'accident, fatal, l'impayable "pour nous, elle était La Reine."
Avant de s'embarquer depuis l'aéroport international du Touquet que le maire du crû rebaptisa pour l'occasion Elizabeth II, Ridicule 1er alla payer ses respects à l'ambassadrice du Royaume-Uni à Paris. Trop sûr de lui, comme à son habitude, il commit gaffe sur gaffe et faillit déclencher une nouvelle guerre des roses, offrant à la maîtresse des lieux un bouquet de roses blanches, ce jambon(4) quand chacun sait qu'au pays des rosbifs, le blanc de la maison d'York se doit d'être mélangé au rouge des Lancastre. Dans la capitale de son futur royaume, il fit pire encore en voulant la jouer cool, qu'on peut traduire par "relax", troquant les souliers vernis contre une paire de baskets. De toutes les poitrines du royaume jaillirent un « shocking" d'une force jamais encore entendue. Las but not least, il remit au fiston un album de photos de famille en guise de présent. Qu'on pût offrir un album Panini au successeur officiel de la reine, tout grand dadais qu'il soit, fut ressenti par les habitants du royaume comme une marque de mépris. Le futur Charles III ne manqua pas de se venger, obligeant l'effronté d'emprunter l'autocar en compagnie de ses collègues quand le président des USA eut le droit d'utiliser sa propre limousine. Amies lectrices, amis lecteurs, à l'heure où vous lisez ces lignes, vous connaissez le nom du nouvel occupant du trône du Royaume-Uni mais pour ma part, je redoute que nous ayons encore à supporter pour de trop longs mois celui dont ces traitres d'englishes n'ont pas voulu s'encombrer.
(*) la grammaire et la conjugaison anglaises voudront bien excuser ce titre qui leur tord le bras.
(1) les lecteurs pourront convertir en années "Smic"
(2) merde à Vauban et A. barrière
(3) il se voyait probablement descendre de Jean sans peur et de Jean sans terre.