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Billet de blog 23 avril 2022

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Chéri(e), fais-toi peur ou les délices du grand frisson

2002, 2017, 2022 ... quand le train des épouvantails s'arrêtera-t-il ?

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Réjouis-toi, toi qui n'a pas connu le grand frisson d'avril 2002, tu en as aujourd'hui l'opportunité, le train fantôme repassant ses plis et ses plats. Tu as connu et peut-être même participé à cette pâle resucée, à la répétition décevante du "Manoir de la peur" que fut l'édition 2017. Que la raison en soit due à la piètre qualité de manèges ou à la lassitude provoquée par l'accoutumance, le "Même pas peur" général contrastait avec les avis des critiques, l'enthousiasme de 2002 avait disparu et nombreux furent celles et ceux qui jurèrent, mais un peu tard, qu'on ne les y reprendrait plus. C'est pourquoi au cours de la réunion de programmation de la saison 2022, les organisateurs convinrent qu'il était primordial de ne pas renouveler l'erreur, faute de quoi une nouvelle baisse de fréquentation remettrait en cause son intérêt et son utilité pouvant conduite au dépôt de bilan et à la mise à la casse des attractions ou à leur rachat par un exploitant plus dynamique. Afin d'augmenter le nombre de visiteurs et de renflouer les caisses, la maison Bolloré proposa qu'on expérimente sa dernière attraction "Z comme Facho". Après un début encourageant, les files d'attente diminuèrent inexorablement. On explora un instant d'autres pistes, de vieux serpent de mer façon Loch Ness, comme l'obligation que chaque habitant aurait d'acheter un billet d'entrée ou la diminution du nombre d'attractions autorisées à se produire. Alors que le "Rolling" d'une chaîne de télévision notait un trend tendanciellement baissier (*) les organismes habituels procédèrent à une serie de "crash tests". Bien que la probabilité d'un déraillement y soit indiquée comme proche du zéro, le secteur "communication " proposa que l'accent soit mis sur la peur, la mauvaise conscience et la culpabilité, des arguments usés mais pourtant toujours efficaces.

Illustration 1
Affiche de campagne © AAJPN

Adoptée à l'unanimité, cette proposition fut aussitôt appliquée et grâce à la campagne publicitaire qui s'en suivit, la marque leader enregistra un nombre inespéré de contrats de confiance et d'assurances (sans risque) bien que les "avis consommateurs " soient globalement négatifs. A ce sujet, il  convient de préciser qu'en dépit d'une communication agressive, le produit "vache à lait" (*) de la concurrence continuait d'apparaître pour ce qu'il était, peu fiable, dangereux pour ses utilisateurs et extrêmement inflammable. Sans compter que sa fabrication étrangère laissait craindre des interventions répétées et malvenues de son service après-vente. Ceci étant, aucun des deux produits n'offrait la moindre garantie ni le moindre intérêt. On aurait pu espérer que gagnés par la raison, les prescripteurs conseillent aux utilisateurs de reporter ou mieux d'abandonnent leur participation à un concours d'epouvantails dont ils connaissent l'inanité, la force de l'intérêt personnel primant, il n'en fut rien. C'est pourquoi, magie de la propagande et force de la persuasion, le produit leader bien qu'étant connu pour être mauvais pour la santé devrait trôner cinq ans supplémentaires en tête de gondole d'un rayon dans lequel, hélas, la pénurie n'est pas d'actualité.    

(*) publicitaires et communiquants sont à l'honneur 

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