Réjouis-toi... tu n'as pas connu le grand frisson d'avril 2002 ? Ce dimanche, le train fantôme de l'éprouvante repasse ses plats et ses plis. Tu as assisté et peut-être même participé à l'édition 2017 du "Manoir de la peur", mais tu n'as ressenti qu'une profonde déception devant ce spectacle de grand-guignol, la faute à la piètre qualité des attractions et une lassitude provoquée par l'accoutumance. Le "Même pas peur" général contrastait avec l'avis des critiques patentés. L'enthousiasme de 2002 avait disparu et nombreux furent celles et ceux qui jurèrent, mais un peu tard, qu'on ne les y reprendrait plus. Devant cette déception, les organisateurs convinrent qu'il ne faudrait pas renouveler l'erreur en avril 2022, faute de quoi, la viabilité de cette manifestation pourrait être remise en cause, connaître l'infamie du dépôt de bilan et ou conduire à la liquidation des attractions voire à leur rachat par un exploitant plus dynamique. Pour pallier une participation en berne, selon l'expression en usage dans la confédération helvetique, la maison Bolloré proposa sa dernière attraction, "Z comme Zéro, F comme Facho" qui rencontra d'abord un succès grossissant avant que la file de spectateurs se réduise inexorablement. D'autres pistes furent explorées et l'on alla jusqu'à ressortir de vieux serpents de mer, façon Loch Ness, comme l'obligation faite aux habitants de se rendre au parc ou la limitation du nombre d'attractions de manière à raviver le suspense, on facilita les procédures du vote par procuration, il fut également envisagé d'obliger les employeurs à libérer le temps du vote pour ceux qui travaillent le dimanche(**) (merci Hollande et Macron), mais rien n'y fit et le "Rolling" quotidien d'une chaîne de télévision continua de constater que le trend restait tendanciellement baissier (*). Bien que la série de "crash tests" organisés par les organismes habituels aient amené à conclure que la possiblité d'un déraillement soit proche de zéro, il fut décidé de demander au secteur "communication " que le contenu des messages mette l'accent sur la peur, la mauvaise conscience et la culpabilité, des arguments usés mais toujours efficaces pour convaincre les indécis de participer à cette réjouissance nationale.

Adoptée à l'unanimité, la proposition fut aussitôt appliquée et la campagne promotionnelle qui suivit, permit à la marque leader d'enregistrer un nombre inespéré de contrats de confiance et d'assurances (sans risque), ceci bien que les avis des consommateurs soient globalement négatifs à son endroit. Le score du produit "vache à lait" (*) de la concurrence qui s'appuyait pourtant sur une communication agressive, stagnait, continuant d'apparaître pour ce qu'il était, c'est à dire sans fiabilité, dangereux pour les utilisateurs et extrêmement inflammable. Sans compter que sa fabrication étrangère ayant été récemment découverte, il ne pouvait plus revendiquer le label "Made in France", laissant craindre au contraire des interventions répétées et malvenues du service après-vente ennemi. Aucun de ces produits n'offrant ni la moindre garantie ni la moindre intérêt, on aurait pu espérer que l'aréopage d'experts - prescripteurs conseillent aux utilisateurs de n'en choisir aucun et d'organiser leur propre système participatif et indépendant. Il n'en fut évidemment et le nombre de messages intimant la participation au concours d'epouvantails à l'inanité pourtant démontrée, ne cessa d'augmenter. Magie de la propagande, force de la persuasion, à l'heure où vous lirez ces lignes, le produit leader bien que connu comme mauvais pour la santé devrait trôner pour cinq longues années supplémentaires en tête de gondole d'un rayon dans lequel hélas, la pénurie n'est pas à redouter. Quoiqu'il en soit, à force de crier au loup, un de ces animaux, dépourvu d'humanité pourrait exercer sa cruauté sans plus de formalités.
(*) publicitaires et communiquants sont à l'honneur
(**) pourquoi jouer "petit bras" ? Réclamer la libération d'une semaine (hors contingent des congés ), en arguant du délai impératif de réflexion.