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Billet de blog 27 septembre 2019

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Balkany prix spécial du jury

L'expertise de l'Houdini de Levallois est unanimement reconnue dans le domaine du bonneteau fiscal, en revanche, ses talents dans la création audiovisuelle de rue n'ont encore jamais été récompensés. Une injustice qui mine sa santé et celle de sa compagne, la douce Isabelle.

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L'air abattu du Le louche de Levallois ne trompe pas. Le manque flagrant de reconnaissance de la part de l'industrie du cinéma et son absence de la liste des lauréats du dernier festival du cinéma l'ont profondément peiné. L'ostracisme que la profession nourrit à son égard est d'autant plus injuste que c'est un précurseur dans le domaine qu'il promeut depuis 1991, sans compter sa peine. Il ne rêve sans doute plus de figurer en haut de l'affiche (1) mais d'obtenir au moins une reconnaissance bien méritée. Cette année encore, il est reparti les mains vides du festival de Cannes dont il n'avait d'ailleurs même pas été invité à monter les marches. De quoi nourrir toutes les rancoeurs et expliquer qu'Isabelle, sa muse des mauvais jours ait eu besoin d'une assistance médicale. Retour sur sa carrière. Balkany occupe une place incontournable dans l'expérimentation et la réalisation de vidéos dans les espaces publics et pourtant rien, nada, pas le moindre trophée, pas la moindre citation si ce n'est une à comparaitre devant la justice. Comme tous les précurseurs, le talent de l'Orwell du 92 n'est pas encore reconnu à sa juste valeur et une certaine critique parisienne le méprise alors que son talent et sa maîtrise ont fait naître d'innombrables vocations parmi les apprentis municipaux pour lesquels il représente une source d'inspiration inégalée dans la pratique du cinéma vérité et de la création audiovisuelle de rue.

D'autres auraient jeté depuis longtemps leurs caméras aux orties, mais l'Hoover des Hauts de Seine est opiniâtre et c'est avec une remarquable constance et une fidèle Isabelle, qu'il poursuivit le tournage de sa série culte "Souriez vous êtes filmé" pendant plusieurs saisons. Les milliers d'heures des épisodes tournés dans la ville de Levallois lui ont valu la reconnaissance d'habitants heureux d'y paraître, même si simples figurants ou silhouettes imprécises, ils ne font que passer sur l'écran. C'est peu mais suffisant pour postuler au fameux "quart d'heure de célébrité" auquel chacun, dit-on, aspirerait. Avec un peu de chance, les zeureux élus se verront proposer un bout d'essai voire un vrai rôle diffusé sur la chaîne de télévision en circuit fermé du commissariat local. Les plus chanceux recevront le précieux sésame prélude à la montée des marches du poste de police et à une séance de photo call façon Bertillon, suivie si tout se passe bien, par une séance d'autographes au bas d'un procès verbal tendu par des groupies en képi. La célébrité à portée des apprenties starlettes et des aspirants au rôle de jeune premier.

Dans les premiers temps, ces Lumière de la ville ont dû affronter d'irréductibles droits-de-l'hommistes, ennemis du progrès et de la technologie. Depuis, heureusement, l'opinion publique applaudit la vidéosurveillance accrue, tout comme elle acclame la fouille d'effets personnels et l'incursion dans son intimité, effectués pour des raisons sécuritaires ou marchandes. Quand on a rien à se reprocher ... L'expression est connue et sonne comme une menace aux oreilles des réticents du viol de l'intimité.

"Il n'y a pas loin du Front de Seine à la prison de la Santé",  ce jugement sévère est porté par une militante socialo-communiste de mon invention et qu'on peut compléter de la sorte : " A Levallois ça pue la trique et ce n'est pas prêt de sentir la rose". Aujourd'hui, lâché par ses faux-amis, le grand Timonier de Levallois traverse des heures difficiles que les chaines télévisées manquant de pudeur, retransmettent sans pitié. Ultime déchéance, son avocat grognon va jusqu'à la sermonner, sans doute par jalousie. B.B.B. (Big Brother Balkany) est humilié et le Dépité des Hauts de Seine, devant tant d'incompréhension et d'impolitesses répétées a décidé de faire retraite dans le secret d'une cellule. Frère Patrick recevra-t-il enfin les félicitations du jury, en l'espèce une période de quelques mois d'isolement à l'issue de laquelle, gardien de l'immoralité,  il devrait recevoir les "clefs d'or".  Espérons que cette réclusion pas volontaire lui donne la force d'endurer la cruauté et l'ingratitude de ses contemporains avant que de repartir vers un avenir moins sombre.  

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