Face au mépris, mépris et demi

Saint Denis, samedi 29 avril 21h au stade de Rance la finale de la coupe de France de football doit commencer dans quelques minutes. Seul problème, les tribunes sont presque vides. Est-ce la conséquence d'un nouveau virus à confinement ? Sans doute pas puisque de l'extérieur parvient le désormais incontournable concerto pour casseroles et slogans qui accompagne chaque sortie d'un irresponsable du pouvoir. (Bonne) surprise,  bien qu'en possession d'un billet, les supporters ont estimé que l’enjeu démocratique était plus important et qu'il méritait de passer outre un plaisir fugace ( oui, je sais ... )
Au centre de la pelouse, sur l'écran géant la mine désemparée d'un président de la république pixellisé qui tente vainement d'échanger quelques paroles, un sourire avec des joueurs qui refusent de lui serrer la main. Certains lui tournent même le dos. Les chaînes de télévision diffusent ces images consternantes (malheur, les JO ...) avec des commentaires moqueurs ou outrés. Le meilleur ami de Poutine et de Xi Ji Ping s'est une nouvelle fois ridiculisé. Le dernier reportage à montrer un membre du gouvernement à son avantage fut la cérémonie des Molière mais il est déjà presqu’oublié. Il faut dire que les deux interpellantes étaient particulièrement maladroites et que la tricheuse de la culture possédait un avantage sur elles, celui de connaître le texte de leur intervention avant qu’il soit prononcé.    
Le lendemain la scène se répète sur la place d’un bourg où ce personnage tente de se refaire la cerise en organisant et en instrumentalisant une rencontre présentée comme informelle. Seuls présents quelques officiels et des figurants recrutés parmi les représentants des forces dites de l'ordre déguisées en militants de son parti. Piètres comédiens, ils ont du mal à donner le change. Quelques citoyens en colère n’ont pas respecté le mot d'ordre de boycott. On les reconnaît à leur visage fermé et leur silence méprisant. L’ordre du jour du prochain conseil des ministres appellera l'obligation faite aux allocataires du RSA de participer à ces opérations de communication. Les préfets devront pondre des arrêtés permettant la mobilisation des enfants des écoles. Un régime autoritaire ne s'embarrasse pas de fioritures démocratiques.     
Le désarroi règne dans les rédactions et les ministères. Le, comme ils disent, narratif, un chef courageux ne craignant pas d' "aller au contact" pour entamer un dialogue (de dix secondes) censé apaiser les colères (!) de citoyens tombe de lui-même, la supercherie ne fonctionne pas. Ne guérit pas les écrouelles (ni ne remplit les écuelles) qui veut. Le pouvoir ne pouvant plus profiter de l'avantage que lui fournit sa science des techniques de communication et les outils à sa disposition montre un roi est nu. Celui-ci, son couronnement est remis en cause par la majorité de ses sujets. Huit heures pétantes, le réveil sonne. La prochaine fois, éviter les excès de boisson qui donnent des nuits agitées et des désillusions cruelles au petit matin.