Il n’y a pas un jour où on ne parle pas d’eau. Il y a deux semaines, des inondations ont fait plusieurs victimes dans le département du Var. La sécheresse s’installe dans le Nord (de la France et de l’Europe). Le scandale de la fraude et de la contamination des eaux en bouteilles atteint le plus niveau de l’Etat. Les alertes à la pollution de l’eau par les PFAS et les pesticides se multiplient. L’eau est devenue un sujet de préoccupation majeur pour la population.
Pourtant les décisions et les mesures prises par les pouvoirs publics sont insuffisantes pour répondre aux défis écologiques et sanitaires. Certes au cours des trente dernières années, la gestion de l’eau a reçu des moyens importants pour préserver ou restaurer les cours d’eau, les zones et la biodiversité des milieux aquatiques. Mais ce processus d’écologisation fait désormais face à des régressions délibérées, actées au sommet de l’Etat (lire L’eau, une affaire d’Etat, enquête sur le renoncement écologique de Sylvain Barone).
Ces dernières années ont aussi vu l’émergence de mouvements sociaux et environnementaux importants qui ont marqué les esprits. Luttes contre les mégabassines et les retenues collinaires, contre les industries des eaux en bouteille qui sur-pompent dans les nappes, contre la production de neige artificielle, contre les grands projets inutiles qui endommagent les nappes ou les zones humides. Luttes contre les barrages illégaux construits par les agriculteurs productivistes et la multitude de projets de micro-barrages. Luttes contre les barrages hydro-électriques détruisant le cours naturel de l’eau. Projets culturels et juridiques pour reconnaître aux fleuves des droits. Luttes contre la pollution des rivières par les rejets des méthaniseurs, par les rejets industriels et les pesticides. Recours juridiques contre la pollution aux PFAS. Combats contre l’osmose inverse en Ile-de-France, contre la consommation en eau excessive des centrales nucléaires ou des usines de haute technologie. Batailles pour avoir une eau potable au robinet aux Antilles et à la Réunion et disposer d’un raccordement au réseau à Mayotte et en Guyane. Mobilisations contre la gestion de Veolia et Suez, pour la gestion publique de l’eau, pour la gratuité des premiers mètres cubes et la tarification progressive. Mobilisations pour rouvrir les bains publics, installer des fontaines et des toilettes publiques, raccorder les camps de réfugiés et les bidonvilles à l’eau potable et à l’assainissement. Actions pour collecter et utiliser l’eau de pluie, et plus généralement, restaurer le cycle de l’eau…

Restitution graphique de Clément Navarro
La question de l’eau retient l’attention d’organisations plus généralistes. Greenpeace France dévoile comment les lobbies agricoles manipulent la gestion de l’eau, avec la complicité de l’État, pour maintenir des pratiques d’irrigation intensive nuisibles à l’environnement dans « démocratie à sec » (lire ici). Le collectif « nos services publics » dans son rapport annuel sur l’état des services publics dans notre pays consacre un gros chapitre (56 pages) à l’eau (lire ici).
Les mouvements sociaux et environnementaux autour de l’eau sont divers dans leurs sujet comme dans leurs modes d’action et couvrent tout le cycle de l’eau. Mais il devient clair pour tous que nous avons affaire à une seule et même eau. Et donc il y a besoin de davantage de cohérence, de coordination, de visibilité des mouvements de l’eau : c’est l’objectif de ce forum.
Pour cela, il s’agit de faire connaissance, d’échanger les expériences, bonnes et mauvaises, de porter des messages et des campagnes communes.
Des résultats concrets sont attendus: des fiches pratiques et d’autres outils; de grandes propositions communes; une feuille de route pour un an. Pour être utiles, nous devons nous inscrire dans la durée et mieux nous organiser pour faire prévaloir l’intérêt général.

Moment fort, le dimanche après-midi avec l’intervention de Bernard Schmitt du collectif Eau 88, aux côtés de Clément Navarro, facilitateur graphique, et de François Guéroué du collectif stop embouteillage. Rendez-vous est pris le week-end des 22 et 23 novembre à Nancy pour le procès de Nestlé.